Les actionnaires du CAC 40 se partageront près de 58 milliards d’euros cette année. Près de 30 entreprises de l’indice augmentent leurs coupons.
Bénéfices records pour bon nombre d’actionnaires
Les actionnaires des entreprises de la Bourse de Paris seront rassurés par les dividendes, alors même que la guerre d’Ukraine a fait chuter le CAC 40 de 7% depuis le début de l’année. Selon la base de données Factset, l’échéance des notations s’apprête à leur allouer 57,9 milliards d’euros, ce qui serait un record historique (le précédent record remontait à 2019, où 49,2 milliards d’euros avaient été versés).
La manne financière provient du bénéfice record du groupe indiciel l’an dernier : bénéfice net récurrent cumulé de 139,2 milliards d’euros, selon Factset. Le taux de distribution est de 42 %, contre environ 50 % avant la pandémie. Cela suggère que si les entreprises publiques font à nouveau preuve de générosité envers leurs actionnaires, elles gardent des réserves, sans doute échaudées par la crise. Le rendement immédiat du CAC 40 est de 2,7 %. Ce n’est pas énorme, mais cette moyenne cache d’énormes différences entre les entreprises, selon leurs profils sectoriels et boursiers.
Les actionnaires sont satisfaits de ces résultats. Car le dividende, la part des bénéfices redistribuée aux actionnaires, dépassera son niveau record de 2019. Sauf pour les entreprises de réhabilitation comme Renault et Unibail-Rodamco, dont les performances sont encore fragiles.
Certes, ces résultats ont été exagérés par certains événements exceptionnels, comme le changement comptable chez Vivendi (25 milliards de dollars de bénéfice), et les effets post-crise d’un rebond de l’activité et d’une baisse des coûts par rapport à 2020.
Mais les résultats sont tout de même excellents puisque plus de la moitié des 40 entreprises ont affiché les meilleurs résultats de toute leur histoire. C’est particulièrement vrai pour les entreprises de l’économie traditionnelle : Total (14 milliards de dollars), Stellantis, Arcellor Mittal, LVMH pour plus de 12 milliards de dollars, tandis que les banques et les assurances vendent entre 5 et 10 milliards de dollars.
De plus, l’indice suit une tendance haussière à un an (+9%), trois ans (+22%) et cinq ans (+30%), ce qui réduit mécaniquement les rendements. En tout état de cause, les rendements avant impôt des actions restent supérieurs à ceux des placements sans risque (1 % pour le Livret A, 1,1 % pour les fonds en euros sur contrats d’assurance-vie en moyenne, avant prélèvements sociaux).
Des bénéfices, mais restons prudents
Les entreprises de l’indice n’ont jamais réalisé autant de bénéfices au cours d’un seul exercice financier. Même s’il est depuis tombé en dessous de 6 000 points en raison de l’incertitude géopolitique récente, le CAC 40 a clôturé le 5 janvier à un niveau record de 7 376. Nous sommes dans un scénario post-crise sanitaire d’ampleur historique, portée par un rebond de la consommation, avec une activité qui décolle dans tous les sens.
Luxe, technologie ou matières premières, tous les moteurs du CAC 40 profitent de cette conjoncture économique et accompagnent cette année particulière. Les banques font également leur retour, profitant d’un rebond des taux d’intérêt.
Dans le contexte de la guerre en Ukraine, il existe une incertitude quant à la poursuite de cette situation économique favorable actuelle. Cela soulève des questions sur l’impact de la flambée des prix de l’énergie sur les entreprises et sur la réaction des consommateurs.
Après une décennie difficile, il est peut-être temps d’investir dans des entreprises ayant ces solides antécédents. Mais en France, identifier et afficher ces profits pour en discuter est une chose difficile. Dans ce contexte, l’actionnariat salarié offre une opportunité de franchir les frontières du capital et du travail. Certains syndicats préfèrent des limites strictes.