Les entreprises du CAC 40 ont été particulièrement généreuses pour fidéliser leurs actionnaires l’an dernier en leur réattribuant des sommes record, selon les calculs de la lettre financière Vernimmen.net, qui compile les chiffres 2022. Hors rachats d’actions, qui ont un impact positif sur les cours, les dividendes versés se sont élevés à 56,5 milliards d’euros, contre 45,6 milliards en 2021 et 28,6 milliards en 2020 pendant la pandémie.
Le plus haut niveau de dividende jamais enregistré
Le chiffre fera sans doute débat sur la prime aux salariés annoncée par Emmanuel Macron lors de sa campagne électorale et confirmée par le ministre de l’Economie Bruno Le Maire la semaine dernière.
Les 40 entreprises du principal indice boursier français, le CAC 40, distribueront un montant record de 80,1 milliards d’euros aux actionnaires sous forme de dividendes ou de rachats d’actions en 2022, rapporte la lettre financière Vernimmen.net.
“Selon notre compilation, les entreprises du CAC 40 ont restitué 80,1 milliards d’euros aux actionnaires en 2022, dont 23,7 milliards d’euros de rachats d’actions, le niveau le plus élevé depuis que nous menons cette étude” (2003), souligne la lettre d’information professionnelle.
A noter que les dividendes versés pendant la pandémie ont atteint 56,5 milliards d’euros, contre 45,6 milliards d’euros en 2021 et 28,6 milliards d’euros en 2020.
La résilience de l’économie française
Ce haut niveau de dividendes et de rachat d’action peut s’expliquer en partie par la résilience de l’économie française malgré un contexte économique et géostratégique complexe”, observent les auteurs de la Lettre Vernimmen, Pascal Quiry et Yann Le Fur. Ils pointent notamment le taux de chômage le plus bas depuis 2008, à 7,3 %.
Vernimmen.net souligne que “malgré le contexte économique et géostratégique complexe, ces chiffres sont excellents et ne peuvent qu’être alignés avec d’autres chiffres tout aussi bons enregistrés en 2022”, notamment le chômage à son plus bas niveau, des créations d’entreprises à leur plus haut historique ou des levées de fonds à un niveau inédit par les start-up.
Selon la même source, les trois premiers groupes ayant redistribué des actions aux actionnaires représentaient 31% du total : TotalEnergies (13,3 milliards d’euros de rachats d’actions ou de dividendes), LVMH (7,1 milliards) et Sanofi (4,7 milliards).
Le seuil de 50 % est franchi en ajoutant quatre autres groupes du trio de tête, BNP Paribas, Stellantis, AXA et Crédit Agricole.
Le casse tête des dividendes
Si la loi sur les dividendes des salariés est mise en place, ce sera une bonne nouvelle pour les actionnaires de ces groupes et une bonne nouvelle pour leurs salariés, car comme le souligne Bruno Le Maire. Ainsi, il est normal d’impliquer les salariés si les dividendes versés augmentent.
Reste que ce nouveau partage de valeur entre capital et travail au profit d’un second profitera bien plus aux salariés des géants du CAC 40 qu’aux salariés des PME et TPE dont les gouvernements sont obligés de participer au paiement de leurs factures d’électricité.
Car si l’idée de dividendes salariés est généreuse, elle ne s’applique qu’aux entreprises qui en versent aux actionnaires. Il y a aussi le problème que depuis la création de l’impôt forfaitaire, les patrons des petites et moyennes entreprises se versent des dividendes pour pouvoir se rémunérer.
Le casse-tête du dividende salarié ou du « profit pour tous », pour reprendre la formule de Bruno Le Maire, ne fait que commencer.
Mais l’annonce intervient dans un contexte d’inflation et de réformes des retraites. A tel point que ces dividendes records et ces rachats d’actions suscitent des débats à gauche.
“Si on laissait les bénéfices servir à financer les retraites au lieu de reculer l’âge de la retraite”, a écrit Raphaël Pradeau, membre d’Attac, sur Twitter.