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Cabinet analyste - ©Sean Pollock, Unsplash, Creative Commons

Affaire Kepler-Chevreux : Pour les fonds vadeurs, Casino toujours le coupable idéal

L’annonce par Kepler Chevreux du retrait des dossiers Casino et Metro de l’une de ses analystes, victime de tentatives d’intimidation, n’a pas manqué d’être immédiatement instrumentalisée par les fonds de vente à découvert à la manœuvre sur le cours de Casino.

Le message adressé le mercredi 19 août par le courtier Kepler Chevreux, indiquant le retrait de l’une de ses analystes financières des dossiers Metro et Casino, a suscité un très vif intérêt dans la communauté financière. Le cabinet d’analyse financière a précisé avoir pris cette décision après que celle-ci ait reçu une lettre anonyme à son domicile à Francfort. Cette situation inédite, a été clairement condamnée par Casino et par Daniel Kretinsky, actionnaire du distributeur stéphanois et de Métro. De son côté, l’AMF a affirmé avoir signalé cette affaire au procureur de la République, en vue de l’ouverture d’une enquête par la Justice française.

Une réaction immédiate des fonds activistes

L’événement n’a quant à lui pas manqué d’être repris et instrumentalisé par les acteurs à la manœuvre sur le dossier Casino. Les fonds activistes qui misent gros sur le démantèlement du groupe de distribution, et maintiennent depuis plusieurs années la pression sur son cours de bourse, ne se sont pas fait attendre pour relancer la controverse sur ce dossier financier archi-sensible. Faisant craindre, par là même, un nouvel épisode de la guerre de tranchées qui se joue entre le distributeur stéphanois et les fonds anglo-saxons.

Certain acteurs actifs sur le dossier Casino à l’instar du fonds short-seller Muddy Waters, qui parie à la baisse sur le cours du distributeur, ainsi que son ex-conseil en France, l’avocate Sophie Vermeille, ont dénoncé de prétendues tentatives d’intimidations de la part du groupe dirigé par Jean-Charles Naouri, érigé pour l’occasion en coupable idéal.

Muddy Waters a ainsi réagi via son compte Twitter, pour dénoncer la gouvernance du groupe Casino et ses méthodes. Un refrain également repris par la presse anglo-saconne, qui se fait sur ce dossier l’alliée de ces acteurs financiers anglo-saxons.

Casino, coupable idéal

Il est vrai que la relation entre les acteurs financiers anglo-saxons et le groupe de grande distribution n’a pas toujours été au beau fixe. Par le passé, Casino avait notamment critiqué de la part de certains analystes une prétendue complaisance à l’égard des fonds activistes, qui cherchent à démanteler le distributeur en prétendant agir au nom de la transparence. Mais si les analystes financiers ont dans l’ensemble accueilli de manière contrastée les résultats du 1er semestre 2020 de Casino présentés fin juillet, la situation actuelle est pourtant loin de renouer avec les sommets de tension de l’été 2018.

La chute brutale du cours du distributeur le 30 juillet dernier paraît en effet s’expliquer moins par les analyses des courtiers que par un retour à l’offensive des mêmes fonds short sellers qui avaient parié par le passé sur le démantèlement du groupe pour remporter leur mise. C’est ce que tendrait notamment à indiquer la surréaction des marchés à ces résultats pourtant positifs, comparables à ceux de ses concurrents, ainsi que l’augmentation des positions de Tybourne Capital Management, de Citadel Europ LLP et de Systematica Investments quelques jours avant le dévoilement des résultats. Ceux-ci étaient pourtant attendus comme positifs dans un contexte global de hausse des ventes de la grande distribution pendant la crise sanitaire.

Au second plan de l’affaire, le distributeur Metro en pleine tourmente boursière

Également suivi jusque-là par l’analyste de Kepler Chevreux, le distributeur allemand Metro apparaît passer au second plan du commentaire médiatique autour de l’affaire. Sa situation boursière très fragilisée par la crise sanitaire, le rend pourtant d’autant plus vulnérables aux analyses négatives de la part des courtiers. A l’inverse de Casino, qui a vu ses ventes augmenter durant le deuxième trimestre et n’a vu ses résultats plombés que par la hausse de ses charges exceptionnelles, Metro a en effet subi de plein fouet l’impact de la crise sanitaire. Car le distributeur ne s’adresse quant à lui qu’à une clientèle de professionnels de la restauration et de l’hôtellerie, qui ont été pour beaucoup contraints de cesser leur activité en raison des mesures de lutte contre la pandémie de Coronavirus.

Le distributeur allemand dont l’exercice 2019-2020 sera clôt en septembre prochain, anticipe ainsi une baisse de son Ebitda de 200 à 250 millions d’euros par rapport à l’exercice précédent. Sur son 3e trimestre, courant de mars à juin, Metro a ainsi vu ses ventes se replier de 17,5% à périmètre comparable, à hauteur de 5,6 milliards d’euros. Ces résultats durant la période du confinement ont eu des répercussions notables sur le cours de l’entreprise, cotée à la Bourse de Francfort, passant de près de 15 euros au début de l’année civile à 8,4 euros aujourd’hui.

Si Metro affirme voir au quatrième trimestre une reprise de ses ventes, saluées par ailleurs en Bourse, celles-ci sont encore loin de signifier un retour à la normale pour le distributeur. De quoi nourrir les critiques et les estimations pessimistes des courtiers à l’égard de ses résultats, notamment du fait des craintes pesant sur une deuxième vague qui pénaliserait encore pour quelques mois les secteurs du tourisme et de la restauration.

La réaction des fonds activistes, qui ont profité de cet épisode pour pointer du doigt le groupe Casino, ont donc de quoi raviver les craintes d’une nouvelle offensive médiatique et financière. Et ce alors que les rumeurs d’une OPA d’un concurrent à l’égard du distributeur stéphanois, qui s’étaient déjà faites entendre l’an dernier, bruissent à nouveau de plus belle.

Après avoir suivi des études pour rejoindre le monde de la finance, j'ai finalement tout abandonné pour monter mon entreprise. J'ai vendu mon entreprise en 2016. Désormais je prends beaucoup de plaisir à accompagner les nouveaux entrants sur les marchés financiers tout en rédigeant quotidiennement sur surf-finance.com.

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