Deux banques françaises, BNP Paribas et Crédit Agricole, ont annoncé un arrêt complet des activités en Russie, au-delà même des sanctions internationales. Toutefois, le champ de ces décisions reste limité, ne couvrant que les activités de banque d’investissement et de financement. Dans le cas de la Société Générale, celle-ci reste prudente, mais les enjeux ne sont pas les mêmes : elle possède Rosbank, une grande banque de détail en Russie, qui compte près de 12 000 salariés.
Une exposition différente
Dans un différend sur la présence de grandes entreprises françaises en Russie, BNP Paribas et Crédit Agricole ont choisi de suspendre leurs activités en Russie près d’un mois après avoir envahi l’Ukraine. Dans un communiqué publié lundi, BNP Paribas, première banque de la zone euro, a indiqué qu’elle « a décidé de suspendre tout nouveau financement et, dans un second temps, tout nouveau projet en Russie (…). C’est pourquoi BNP Paribas a informé ses clients que sa filiale BNP Paribas ZAO ne pourra plus traiter leurs transactions à partir de fin mars.
Les décisions ne devraient pas affecter directement la performance des deux banques. Dès le début du conflit, BNP Paribas et Crédit Agricole ont révélé qu’ils étaient peu présents ou exposés sur les marchés russe et ukrainien. BNP Paribas a progressivement réduit sa présence en Russie au cours des dernières années, mettant fin à son activité de banque de détail en 2012 et à son activité de crédit à la consommation en 2020, son activité est donc déjà limitée. “BNP Paribas est déjà en Russie la moins active des banques étrangères”, a déclaré BNP Paribas.
En revanche, leur concurrent Société Générale est plus actif en Russie. Sa filiale Rosbank est un poids lourd du marché bancaire russe avec 12 000 employés et 2 millions de clients. Société Générale n’a pas encore communiqué sur un éventuel gel de ses activités en Russie, mais la suspension des services de BNP Paribas et du Crédit Agricole a ajouté à la pression sur le groupe.
Pas les mêmes enjeux pour la Société Générale
Le groupe français est entré au capital de Rosbank en 2006 et en a pris le contrôle en 2008. Depuis seize ans, elle doit faire face à de multiples crises liées au contexte géopolitique qui peuvent semer le doute tant en interne que chez les investisseurs concernant la pertinence de cette existence.
L’invasion russe de l’Ukraine place Société Générale devant un dilemme : faut-il rester ou quitter le pays ? Le groupe, qui emploie 12 000 personnes en Russie via sa filiale Rosbank, doit encore se prononcer sur la question. Mais, selon les mots de son patron, Frédéric Oudéa, il s’agit d’”une situation géopolitique particulière” qui rappelle à quel point elle a été mouvementée dans l’histoire de la Russie.
“Pendant des années, le pays a été connu pour être peu fiable sur le plan des affaires, a révélé un banquier. Pendant longtemps, la direction de la Société Générale pensait qu’elle pouvait gérer le risque politique. Malheureusement, elle a été dépassée par la réalité.”
Société Générale, seule banque tricolore à détenir par l’intermédiaire de Rosbank, une institution en Russie, fait face à “une crise géopolitique extraordinaire”, comme l’a confié mardi 8 mars son directeur général Frédéric Oudéa aux syndicats du groupe.
La banque française a choisi d’y rester malgré les multinationales annonçant quotidiennement depuis l’invasion de l’Ukraine qu’elles quitteraient Moscou ou suspendraient leurs opérations. “C’est un peu plus facile de fermer temporairement une dizaine de magasins et d’arrêter de vendre des sacs de luxe que pour Société Générale, qui compte des milliers de salariés, d’arrêter l’activité”, a plaidé le directeur général, devant le personnel élu.