La Cour des comptes a estimé que les prêts garantis par l’État ont permis d’éviter un resserrement du crédit pour les entreprises et d’éviter des faillites massives sans trop coûter à l’État. Cependant, avec la hausse des taux d’intérêt, il faut veiller à ce que les engagements pris par les grandes entreprises soient respectés.
Bilan positif pour les prêts garantis par l’État
Alors que le coût de la dette devrait augmenter pour certaines entreprises à mesure que les conditions économiques se détériorent, tous les regards sont tournés vers les prêts garantis par l’État (PGE).
L’heure est au bilan des prêts garantis par l’État (PGE) qui sont suspendus depuis le 30 juin. Le retour est globalement positif, selon la Cour des comptes.
Dans un rapport publié lundi, l’agence reconnaît que le dispositif a été mis en place rapidement en mars 2020 pour accompagner les entreprises à répondre à la crise sanitaire, du fait des banques et des demandes en ligne de certificats de garantie de Bpifrance. Cela dans le but d’éviter un resserrement du crédit aux entreprises.
Les prêts ont été distribués par des banques au cœur de la crise sanitaire et garantis de 70 % à 90 % par l’État pour soutenir les entreprises en difficulté. Selon la Cour des comptes, au 31 décembre 2021, 137 milliards d’euros de PGE avaient été accordés, dont 70 % sont intervenus lors du premier confinement entre mars 2020 et juin 2020.
Pour l’instant, les chiffres restent rassurants, même si les taux de perte augmentent. Il a augmenté à 4,6% contre 3,1% en janvier 2022, “en raison de quelques changements méthodologiques et compte tenu de la dégradation de l’environnement macroéconomique”, selon la Banque de France.
Sur près de 700 000 entreprises ayant souscrit au PGE pour un montant total de plus de 148 milliards d’euros, le taux de défaut devrait atteindre seulement 3 %, selon les données de la Banque de France, bien en deçà des 7 % estimés lors du lancement en mars 2020.
Dans un rapport publié lundi, la Cour des comptes a confirmé les estimations plutôt positives selon lesquelles le dispositif “a permis d’accompagner les banques dans l’octroi de crédit et d’éviter la faillite à grande échelle des entreprises dans une crise sans précédent”.
Parmi les secteurs qui ont le plus sollicité ce dispositif pendant la crise : des entreprises relevant de l’hôtellerie-restauration (plus de 50%), des entreprises de services (40 %) et des commerces (35%). « Le choix d’un dispositif simple, dont la distribution a été déléguée aux banques, s’est avéré pertinent pour assurer un déploiement rapide des prêts et restaurer la confiance des acteurs économiques », estime la Cour des comptes.
Attention à la suite…
Cependant, si ces statistiques et ces bilans sont raisonnablement rassurants, ils ne doivent pas occulter les réelles difficultés de certaines entreprises. Par exemple, dans l’hôtellerie et la restauration, où de nombreuses entreprises souscrivent au PGE, un quart des entreprises ont déclaré fin juin ne pas pouvoir honorer les remboursements dans un contexte d’inflation qui freine les dépenses de consommation.
La situation dans l’industrie du tourisme est également tendue, “de nombreuses entreprises touchées par la pandémie demandent le PGE autorisé le plus élevé, qui est (l’équivalent) de 25% du chiffre d’affaires. C’est vraiment compliqué de le rembourser en quatre ans”, a déclaré à l’AFP Yvon Peltanche, représentant de l’association professionnelle Entreprises du voyage.
Dans le contexte de grande incertitude au niveau économique actuel, la Cour des comptes a également insisté sur le fait que “les outils d’accompagnement à la sortie de crise” ne peuvent être ignorés. Les difficultés – “relativement limitées” aujourd’hui – risqueraient d’augmenter.
« La Cour a jugé que les entreprises les plus à risque devraient utiliser plus de 9 % de leur chiffre d’affaires mensuel pour rembourser les dettes du PGE et de l’Urssaf, tandis que les entrepreneurs individuels (3 % du PGE en montant mais 19 % des bénéficiaires) semblent particulièrement vulnérables », prédit la Cour des comptes.