Lors d’une audience au Congrès américain, le PDG de JPMorgan, Jamie Dimon, a qualifié le Bitcoin et d’autres crypto-monnaies de schéma de Ponzi, alors que la célèbre banque américaine est l’une des plus actives dans l’espace blockchain.
Pas fan de Bitcoin, mais la blockchain est réelle
Depuis des années, Jamie Dimon, le patron de JPMorgan, la banque universelle basée à New York et leader mondial du trading de dollars, ne manque pas une occasion de railler les crypto-monnaies. On retiendra cette déclaration de septembre 2017, dans laquelle Dimon qualifie le Bitcoin de « fraude ». “Ce n’est tout simplement pas une chose réelle, elle finira par être fermée”, avait-il déclaré.
Quelques mois plus tard, Jamie Dimon a déclaré regretter ses propos et reconnaître le potentiel de la blockchain, et non des crypto-monnaies. Il admet que la technologie est réelle. Récemment, on lui a demandé d’intervenir au Congrès américain et il semblerait que ses positions n’aient pas changé. Il a déclaré sans ménagement : « Je suis un grand sceptique des jetons cryptographiques, vous les appelez des monnaies, comme Bitcoin […] Ce sont des schémas de Ponzi décentralisés ».
Depuis le crash de la crypto-monnaie en mai et l’effondrement de la blockchain Terra et de son stablecoin ust, de nombreux régulateurs internationaux ont commencé à étudier le cas des stablecoins, qui ont vacillé malgré leur promesse de stabilité.
Si l’Europe va dans ce sens avec sa proposition de règlement MiCa visant à réglementer les stablecoins, les États-Unis avancent également de leur côté. Les États-Unis continuent de travailler sur la législation sur les pièces stables et, selon le dernier projet de loi vu par Bloomberg, il serait illégal d’émettre ou de créer de nouvelles «pièces stables soutenues de manière endogène».
Ce n’est pas la première fois que le patron de JPMorgan fait des remarques critiques sur les crypto-monnaies, en particulier le bitcoin. En 2017, ce dernier avait précisément qualifié la reine des cryptomonnaies de “fraude” lors de la phase de “bull market” (marché haussier), avant de regretter ses propos des mois plus tard.
Des arguments qui ne fonctionnent pas
À l’appui de sa rhétorique, Jamie Dimon a ensuite évoqué la perte de capitalisation de l’écosystème, tout en créant des raccourcis avec des numéros non sourcés en termes de ransomware, de blanchiment d’argent et même de trafic sexuel.
Comme le rapporte Cryptoast, si on ne peut pas lui enlever le BTC qui a effectivement vu son prix chuter de 70% depuis novembre dernier, voici quelques exemples de finance traditionnelle qui affichent des pertes tout aussi impressionnantes dans l’environnement économique mondial :
- JPMorgan : -37% soit 190 milliards de dollars de pertes capitalisées depuis novembre 2021 ;
- Amazon : -40% depuis novembre 2021, perte de 756 milliards de dollars ;
- Meta : -63% depuis septembre 2021, perte de 647 milliards de dollars.
Les pertes capitalisées pour ces trois actions à elles seules équivalent à plus des trois quarts des 2000 milliards de dollars perdus pour l’ensemble de l’écosystème de crypto-monnaies.
Si l’on ne peut nier les ravages du marché baissier, cela rappelle à quel point les crypto-monnaies ne sont encore qu’une goutte d’eau dans la finance traditionnelle, et la crise actuelle est mondiale.
Ces affirmations semblent surprenantes quand on sait que JPMorgan est impliqué dans l’espace blockchain. Ce dernier a même lancé en 2019 son token spécifique, JPM Coin, au sein de sa filiale Onyx, dédiée aux paiements et à la garde des crypto-monnaies.
Pendant ce temps, les analystes bancaires restent relativement optimistes quant à l’environnement de la crypto-monnaie malgré l’hiver crypto. L’un d’eux, Takis Georgakopoulos, pense même avoir plusieurs pistes de croissance intéressantes à étudier, dont la tokenisation des actifs financiers, ou encore le métaverse et les jeux vidéo. Zones où la banque a l’intention d’investir.