Une enquête du Wall Street Journal met en lumière la stratégie de Binance pour se protéger des régulateurs américains. Cependant, depuis l’effondrement de FTX, Binance n’a plus vraiment de concurrent mais l’étau autour de l’entreprise semble se resserrer
Les enquêtes à l’encontre de Binance se multiplie
Selon un article publié par le Wall Street Journal (WSJ), Binance et son homologue américain Binance.US, qui sont en théorie deux entités distinctes, auraient fini par devenir plus étroitement liés et auraient mélangé leurs employés, leurs équipes techniques et leurs finances.
Des documents internes notamment et des messages entre employés montrent que Binance et Binance.US utilisent la même entreprise spécialisée dans l’achat et la vente de crypto-monnaies.
La semaine dernière, les sénateurs Elizabeth Warren (D-Massachusetts), Chris Van Hollen (D-Maryland) et Roger Marshall (R-Kansas) ont exigé que Binance et son partenaire américain Binance fournissent des détails sur leurs opérations commerciales.
Dans une lettre adressée à CZ et au PDG de Binance.US, Brian Schroeder, les sénateurs ont déclaré que la bourse et ses entités liées avaient “délibérément” éludé la réglementation, facilité le transfert d’actifs à des criminels cherchant à échapper aux sanctions, et caché des informations financières importantes à ses clients et au public.
Binance US et Binance.com beaucoup trop proches
Pour se protéger contre la réglementation américaine, Binance a construit une plate-forme sous-jacente appelée Binance.US de façon à ce qu’elle puisse utiliser la technologie et la marque de Binance tout en prétendant être indépendant de Binance.com.
De cette façon, Binance est protégé de l’action des régulateurs américains et les utilisateurs locaux sont en outre répertoriés sur Binance.US au lieu de Binance.com.
Cette décision est intervenue après que les autorités américaines ait annoncé une répression imminente contre les entreprises de crypto offshore non réglementées.
Mais malheureusement, les liens entre Binance et son entité aux États-Unis sont beaucoup plus forts que les apparences semblent le montrer. Les entreprises semblent mélanger employés et finances, et partagent même une entité affiliée qui achète et vend des crypto-monnaies, selon le Wall Street Journal.
De plus, les développeurs chinois de Binance continuent d’être responsables du code logiciel du portefeuille numérique Binance.US, permettant de facto l’accès depuis le pays asiatique.
Binance a voulu embaucher Gensler
L’article a également révélé que le personnel de Binance avait approché Gary Gensler, alors président de la Commodity Futures Trading Commission et actuel président de la Securities and Exchange Commission des États-Unis, en 2018, dans l’espoir qu’il rejoigne la plateforme en tant que conseiller.
Chez Binance et ailleurs, beaucoup pensaient que Gensler retrouverait rapidement un siège chez les régulateurs si le camp démocrate remportait l’élection présidentielle de 2020.
Un employé de Binance a déclaré à ses collègues à l’époque que Gensler “pourrait revenir au rôle de régulateur si les démocrates remportent les élections de 2020”.
Et ils ont vu juste.
Gensler a rejoint l’équipe de transition après que Joe Biden ait vaincu Donald Trump. En avril 2021, il a été nommé président de la SEC et a ensuite été confirmé à ce poste par le Sénat. Il y est nommé pour un mandat de cinq ans.
Cela aurait évité des problèmes de conformités
Malheureusement pour Binance, Gensler a donc décliné un rôle de conseiller sur la réglementation des cryptomonnaies que la société souhaitait lui confier.
Si la plateforme est souvent décrite comme ne respectant délibérément pas les demandes des régulateurs, il semble également qu’elle travaillait déjà sur la conformité future. C’est notamment pour cette raison qu’elle a tenté de se rapprocher de Gensler.
Mais l’enquête du WSJ nous permet de comprendre que l’aide de Gensler aurait été une aide importante pour l’échange le plus largement utilisé dans le monde aujourd’hui.
Parce que maintenant, l’échange se retrouve dans une impasse en raison de la connexion trop étroite entre Binance.com et la filiale américaine de Binance.