Une autre hausse des taux est en vue. Jeudi, le Conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne a annoncé avoir décidé de soutenir “la hausse des trois taux directeurs de la Banque centrale européenne de 50 points de base”, soit 0,5 point de pourcentage. Lutter contre l’inflation persistante reste donc l’objectif principal.
Les taux s’établissent jusqu’à 3,75%
Malgré les turbulences du secteur bancaire, la Banque centrale européenne a annoncé jeudi qu’elle allait relever son taux directeur de 50 points de base. Cependant l’établissement n’a pas indiqué si elle augmentera les taux “substantiellement” dans les mois à venir.
Actuellement, les taux de la BCE se situent actuellement entre 3% et 3,75%.
La prochaine décision sur les taux directeurs reposera, entre autres, sur une “évaluation des perspectives d’inflation”, notamment d’inflation hors prix de l’énergie, selon un communiqué de presse de l’agence à l’issue de la réunion de son conseil des gouverneurs.
“Il n’est pas possible de déterminer à ce stade quel sera le chemin à suivre” sur les taux, a reconnu la présidente de la BCE Christine Lagarde, alors que la déroute aux Etats-Unis de la Silicon Valley Bank (SVB) et les inquiétudes autour de Credit Suisse secouent fortement les marchés depuis une semaine.
Le conseil des gouverneurs est également revenu sur les difficultés du Crédit Suisse, ce qui a inquiété le marché depuis des jours.
Le secteur bancaire européen est résilient
La BCE a déclaré qu’elle “suivrait de près les tensions actuelles sur les marchés”, ajoutant qu’elle était prête “à prendre les mesures nécessaires pour préserver la stabilité des prix de la zone euro et du système financier”.
Dans un communiqué de presse, la banque centrale a souligné que le secteur bancaire de la zone euro est résilient et dispose de solides positions de capital et de liquidité, ajoutant que la BCE peut s’appuyer sur « une panoplie complète d’instruments de politique monétaire lui permettant de soutenir, le cas échéant, la liquidité du système financier de la zone euro et de préserver la transmission harmonieuse de la politique monétaire ».
La présidente de la Banque centrale européenne, Christine Lagarde, a également assuré que le secteur bancaire “est en bien meilleure forme qu’il ne l’était en 2008” lors de la crise financière qui a déstabilisé l’économie mondiale.
Même si la BCE a averti qu’elle ne ferait pas de “compromis” entre “la stabilité des prix et la stabilité financière”, une hausse de 0,50 point de pourcentage de son taux directeur en est une “preuve”.
Les banques secouées aux USA aussi
L’effondrement de la Silicon Valley Bank et de deux autres banques régionales américaines depuis le 10 mars a ravivé le spectre de la crise financière de 2008 qui a secoué l’économie mondiale.
Le Credit Suisse a subi mercredi sa pire séance de l’histoire boursière après que les doutes sur sa stabilité ont semé la panique.
L’annonce que le géant suisse allait solliciter à la Banque nationale suisse afin d’emprunter jusqu’à 50 milliards de francs suisses (50,7 milliards d’euros) a permis à ses actions de reprendre 19% jeudi.
Christine Lagarde a assuré que le secteur bancaire est “beaucoup plus fort aujourd’hui qu’il ne l’était en 2008”, ajoutant que la BCE agirait “si cela c’est nécessaire”.
Confrontée à la flambée des prix suite à l’offensive russe en Ukraine, la BCE a entamé un cycle sans précédent de hausses de taux en juillet, mettant fin à près d’une décennie d’argent bon marché pour freiner la demande.
Des prévisions revues à la hausse
La BCE a également profité de cette publication pour réviser à la hausse ses prévisions pour les mois à venir.
L’inflation est “prévue en moyenne à 5,3% en 2023, 2,9% en 2024 et 2,1% en 2025”.
En décembre, l’agence avait préféré prévoir une croissance de 6,3% pour cette année.
De même, les perspectives économiques s’améliorent : la croissance devrait s’établir à 1% en moyenne en 2023, contre une prévision de décembre de 0,5%, “en raison de la baisse des prix de l’énergie et d’une meilleure résistance de l’économie à un environnement international difficile”, précise l’agence.
Celui-ci devrait ensuite accélérer, à 1,6% en 2024 et 2025, “soutenu par un marché du travail solide, une amélioration de la confiance et une reprise des revenus réels”.