Le Credit Suisse a fait les frais de la nervosité du marché obligataire. La banque suisse va dévoiler un plan de restructuration qui devrait durer plusieurs mois lors de la publication de ses prochains résultats trimestriels.
Le titre chute de plus de 50% depuis janvier
La pression sur le Credit Suisse s’est encore intensifiée lundi alors que les investisseurs s’inquiètent de sa santé financière.
L’action de la deuxième banque suisse a plongé de plus de 10% à l’ouverture de la Bourse de Zurich à un plus bas historique (3,51 CHF) avant de se redresser dans la journée. Le Credit Suisse a perdu 55% de sa valeur depuis janvier. La banque est valorisée à seulement 10,4 milliards de francs (contre 30 milliards de francs en mars 2021).
Cette méfiance à l’égard des marchés financiers est le résultat d’années de revers. En 2019, la banque a été secouée par un incroyable scandale d’espionnage impliquant d’anciens cadres, qui a entraîné le départ de son directeur général franco-ivoirien, Tidjane Thiam, en février 2020. Depuis, trois dirigeants lui ont succédé. En 2021, ces enjeux sont montés d’un cran.
L’institution est connue pour être une banque qui prend beaucoup de risques.
Le titre a terminé la journée en baisse d’un peu moins de 1% à 3,94 francs. Le quotidien britannique Daily Telegraph a déclaré dans son édition de dimanche que la Banque d’Angleterre contacterait les autorités suisses pour superviser la banque, tandis que les dirigeants de la banque ont tenté de rassurer les clients et les investisseurs au cours du week-end, selon le Financial Times.
Le cours de son action s’est effondré jour après jours pendant près de trois semaines alors que des rumeurs circulaient à l’approche du bilan sur la stratégie. Le nouveau directeur général Ulrich Körner, considéré comme un spécialiste de la restructuration, s’est vu confier la lourde tâche de mener début août une revue stratégique pour redresser la banque, dont il fera le point le 27 octobre.
Les actions de la célèbre banque suisse ne sont jamais revenues aux sommets atteints entre avril et mai 2007. À son plus haut niveau historique, il s’échangeait à 77 $. Celui-ci ne vaut plus que 3,81 $. Cela représente une chute vertigineuse de 95 % depuis 2007. Le titre a également perdu 50% de sa valeur depuis début 2022.
Mais la semaine dernière, les swaps sur défaillance de crédit ont bondi. Les investisseurs utilisent ces dérivés pour se protéger du risque de défaut de paiement et leur augmentation signifie que les investisseurs doivent fournir davantage de garanties pour les obligations liées au Credit Suisse.
Une nouvelle faillite majeure ?
« Est-ce possible ? » s’est interrogée Ipek Ozkardeskaya, analyste à Swissquote, dans une note de marché. « Oui, c’est possible, mais hautement improbable », a-t-elle tranché.
Cette semaine boursière pourrait être décisive pour l’avenir de l’économie mondiale. Un défaut d’une grande institution financière (Credit Suisse et autres noms en circulation) peut nécessiter l’intervention de la banque centrale, comme ce fut le cas en 2009.
La Banque d’Angleterre est intervenue la semaine dernière pour éviter un effondrement des fonds de pension britanniques.
Sur les réseaux sociaux, les discussions autour du “moment Lehman Brothers”, évoquant la banque américaine qui a fait faillite en 2008 et marqué le début de la crise financière, se sont propagées comme une traînée de poudre, même si de nombreux observateurs du monde financier ont écarté ce risque.
Le Credit Suisse est l’une des banques trop grandes pour faire faillite qui, depuis l’effondrement de Lehman Brothers, a dû mettre de côté plus d’argent pour pouvoir traverser la crise sans affecter le reste du secteur bancaire.
Les analystes envisagent donc trois scénarios : Soit la banque connaît un “miracle” grâce à son nouveau directeur général qui renforce la banque “comme promis” pour survivre et prospérer “jusqu’au prochain scandale”, soit elle devient la cible d'”une belle acquisition” d’une autre banque », ou elle est « renfloué par le gouvernement suisse ».