La Banque nationale suisse (BNS) fait la une des journaux ces derniers jours, enregistrant une perte record de 142,2 milliards de francs au cours des premiers mois de 2022. Bien sûr, la banque nationale ne fonctionne pas exactement comme les autres banques, il n’y a pas de risque de faillite même dans de telles circonstances. Cependant, la situation inquiète les observateurs de l’impact sur le budget du pays.
142 milliards de perte en quelques mois !
Dans un souci de transparence, la BNS publie chaque trimestre des détails sur l’évolution de ses réserves de change. Il s’agit de ses avoirs en devises étrangères, or physique, actions et obligations, et leur valeur en francs suisses à l’instant T.
La Banque nationale suisse (BNS) a enregistré une perte de 142,4 milliards de francs suisses au cours des neuf premiers mois de l’année, selon un communiqué publié lundi matin. En 115 ans d’histoire, c’est la plus importante perte jamais enregistrée pour la banque.
La plupart des pertes sont dues aux positions en devises (141 milliards), auxquelles il faut ajouter les pertes de valeur des positions en or (1,1 milliard) et en francs (24,1 millions). La BNS a déclaré que la perte de prix sur les titres portant intérêt et les instruments de taux d’intérêt était de 70,9 milliards de francs suisses, la perte de prix sur les titres de participation ou les instruments était de 54,2 milliards de francs suisses et les pertes de change étaient de 24,4 milliards de francs suisses. Par contre, la BNS a reçu 5,1 milliards de dollars et 3,4 milliards de dollars en revenus d’intérêts et de dividendes.
«Le résultat de la Banque nationale dépend principalement de l’évolution sur les marchés de l’or, des changes et des capitaux. Il n’est donc pas exclu qu’il soit affecté par des variations extrêmes et il n’est que difficilement possible de tirer des déductions pour le résultat de l’exercice en cours à partir des présents chiffres», précise le communiqué.
La banque a ajouté qu’elle avait également perdu 24,1 millions de francs suisses sur les taux d’intérêt négatifs qu’elle appliquait aux actifs que les banques devaient lui confier avant un ajustement majeur de sa politique monétaire le 22 septembre.
Le franc suisse est l’une des meilleures valeurs refuges comme l’or, le yen japonais ou les obligations allemandes. Pour décourager les investisseurs de fuir leur devise pendant les périodes d’incertitude des marchés, la BNS a imposé des taux d’intérêt négatifs entre 2015 et septembre 2022, augmentant le coût des dépôts.
Les résultats fluctuent énormément
Ces résultats inquiètent au regarde la situation du Crédit Suisse. Une conséquence possible pourrait être une réduction de la dotation de la BNS à la Confédération suisse ainsi qu’aux cantons du pays, voire l’impossibilité d’effectuer les paiements pour l’exercice 2022, ce qui est extrêmement rare.
Mais le vice-président de la BNS, Martin Schlegel, a une nouvelle fois tenté de rassurer son monde, expliquant que la banque pouvait poursuivre sa mission même en fonds propres négatifs. Avant de terminer de manière succincte : « Néanmoins, des fonds propres adéquats contribuent à la crédibilité de la banque centrale. »
« Ces pertes peuvent sembler importantes, mais la BNS n’est pas une entreprise normale. Le problème est l’environnement stagflationniste où les actions perdent, les obligations perdent, l’or perd et le franc suisse se renforce. Normalement, les obligations et l’or gagnent lorsque les actions perdent. Mais cela ne s’est pas produit en 2022.» a expliqué Alessandro Bee, économiste auprès de l’Union des Banques Suisses (UBS).
Cependant, ses résultats peuvent varier d’une année à l’autre. En 2018, la banque avait perdu 14,9 milliards de francs en raison de la baisse du marché en fin d’année. La BNS a ensuite enchaîné avec trois années de bénéfices. 48,9 milliards de francs en 2019, 20,9 milliards de francs en 2020 et 26,3 milliards de francs en 2021.