Alors que l’euro numérique est toujours à l’étude, la BCE a fait appel à Amazon pour développer un prototype d’interface utilisateur avec quatre autres acteurs. L’apparition du géant de l’internet sur la liste des partenaires a relancé le débat sur la dépendance économique de l’Europe vis-à-vis des Etats-Unis.
5 entreprises pour développer le projet d’euro numérique
Il y a quelques mois, la Banque centrale européenne lançait un appel à partenaires institutionnels pour contribuer à la conception d’une preuve de concept pour sa monnaie numérique. Une cinquantaine d’entreprises financières et technologiques ont manifesté leur intérêt pour participer à ce projet. Finalement, la Banque centrale européenne en a choisi cinq pour l’accompagner dans cette aventure.
“Le but de cet exercice de prototypage est de tester dans quelle mesure la technologie derrière l’euro numérique est intégrée au prototype développé par l’entreprise. […] Il n’est pas prévu de réutiliser le prototype dans les phases ultérieures du projet d’euro numérique”, a déclaré le a déclaré la BCE.
En effet, chaque partenaire sera chargé de développer l’interface correspondant aux scénarios d’utilisation de l’euro numérique.Le projet devrait démarrer ce mois-ci et se terminer en décembre.
Parmi les entreprises sélectionnées, nous avons trouvé CaixaBank, une société de services financiers. Elle développera une solution de paiement P2P en ligne basée sur l’euro numérique. Plus précisément, elle travaillera sur le déploiement d’une application mobile qui doit recréer le parcours utilisateur du consommateur. Cela inclut les transferts vers leurs propres comptes et/ou vers des tiers.
La société française Worldline sera responsable du projet de paiement hors ligne P2P. Quant à la société italienne Nexi, elle effectuera les paiements en point de vente à l’initiative du bénéficiaire. Enfin, EPI sera responsable des paiements en magasin initiés par les donateurs.
La Banque centrale européenne a lancé le projet de numérisation de l’euro en 2021. Depuis lors, l’agence est en phase de recherche, préparant le terrain pour la création d’un prototype fonctionnel. Une étude de faisabilité en cours se poursuivra jusqu’en 2023. À ce moment-là, la banque évaluera les protocoles élaborés par ses employés et rapportera ses observations.
Pour ce qui est de la construction du système de paiement électronique prévu par le projet sera garantie par la multinationale américaine Amazon.
Une partie de la communauté semble méfiante à l’idée de voir le géant de l’internet sur cette liste. En fait, cela a déclenché des débats sur la souveraineté européenne et la dépendance technologique vis-à-vis des acteurs américains.
La souveraineté économique européenne remise en question ?
Dans son article, Cryptoast est allé rencontrer Nicolas Cantu, fondateur et PDG de 4NK qui raconte les inquiétudes de la communauté crypto pour qui la vie privée et la pleine possession de son argent sont des enjeux fondamentaux.
« Dans une ère numérique, la gouvernance en amont et en aval est d’abord numérique. Faute de chiffrement par les utilisateurs, l’exploitation des métadonnées est à la source de la supériorité des GAMAM sur les réseaux électroniques. Ici, il s’agit d’opérer la partie e-paiement qui serait retenu pour Amazon. C’est-à-dire tout le flux d’informations et sa priorisation, et en conditionne techniquement l’accès via les API d’Amazon. »
Si l’on regarde dans le passé, cette décision de dépendance vis à vis des États Unis a déjà été prise à diverses reprises. « C’est un risque majeur pour la sécurité des personnes, mais aussi, après Visa, Mastercard, et SWIFT, l’Europe se rend totalement dépendante des États-Unis. À la fois dans la connaissance de sa propre économie et en exposant les populations aux régulations des prix par les frais et conditions juridiques des infrastructures selon les règles des États-Unis. »
Concernant SWIFT, bien qu’il s’agisse bien d’une entreprise européenne, ses opérations dépendent en partie de tiers étrangers. D’autre part, le protocole SWIFT II permet au gouvernement américain d’accéder à ces données bancaires.
Nicolas Cantu a également noté que de nombreuses crypto-monnaies ont des dépendances similaires, faisant référence à des nœuds de validation hébergés par le géant du Web2. Selon lui, seul le Bitcoin (BTC) concurrence le système actuel en raison de la légèreté de ses nœuds complets, qui permettent de conserver une indépendance complète.