Ces dernières années, les crypto-monnaies sont entrées plus largement dans le débat politique. Si la majorité des candidats à la présidentielle de 2022 ne se sont pas beaucoup prononcés sur le sujet, un nouveau thème a fait son apparition.
Un thème de campagne qui gagne en importance
Au moment de voter, chaque voix semble précieuse. Pour certains électeurs, cependant, les mesures envisagées pour l’industrie de la cryptographie pourraient faire pencher la balance.
Selon une étude menée par KPMG, 8% des Français ont investi dans des actifs numériques, alors que seulement 6,7% détiennent des actions. Un nombre encore plus surprenant s’est démarqué : pour 18 % des répondants, la position du candidat à la présidentielle sur les crypto-monnaies peut influencer leur vote. Pour 4% d’entre eux, c’est même un point décisif.
Les enjeux liés à l’industrie numérique ont pris de l’importance entre les élections présidentielles françaises de 2017 et de 2022. La pandémie de Covid-19 et la guerre en Ukraine y ont contribué. Toutefois, le sujet peine à émerger depuis le début de la campagne.
La souveraineté française dans le domaine numérique, l’éducation aux outils numériques et l’accès à ces outils font partie de la plupart des plans. Seuls les candidats du Nouveau parti anticapitaliste, Philippe Poutou et Nathalie Arthaud de Lutte ouvrière, ne se sont pas prononcés sur le sujet.
Les propositions des principaux candidats
Marine Le Pen : de l’interdiction à la régulation
Marine Le Pen, candidate à la présidentielle pour la troisième fois en 2022, a parlé très tôt des crypto-monnaies. En 2016, elle a même appelé à l’interdiction du bitcoin, arguant que c’était dangereux. Près de six ans plus tard, la candidate du Rassemblement national semble avoir nuancé ses propos. Le Rassemblement National espère intégrer les crypto-monnaies dans les cadres financiers et juridiques existants, éventuellement avec une certaine flexibilité dans des domaines spécifiques.
Emmanuel Macron : réguler et développer le secteur
Le président sortant Emmanuel Macron s’est exprimé à plusieurs reprises sur les crypto-monnaies. Son gouvernement a également introduit une législation pour le secteur. Le Parti républicain s’est positionné au niveau mondial en mars pour accroître la surveillance des crypto actifs.
En 2018, le président Macron a expliqué lors du Forum économique de Davos qu’il pensait que les crypto-monnaies étaient sous-réglementées. En novembre 2018, un amendement à l’imposition des plus-values de crypto-monnaies obligeait les détenteurs à déclarer tout compte détenu à l’étranger et prélevait des impôts élevés sur les plus-values. En mai 2019, la loi PACTE a créé le statut de fournisseur de services d’actifs numériques (PSAN) et un visa facultatif pour la collecte de fonds en crypto-monnaies (ICO).
Mais en ce qui concerne la blockchain, le gouvernement ne rejette pas complètement tout. Lors de la campagne présidentielle de 2022, le candidat Macron a surpris son monde lorsqu’il a annoncé vouloir créer un “ métaverse européen”. S’il est réélu, le président Macron semble désirer continuer dans la même direction durant son mandat et se concentrer sur le développement des technologies liées aux blockchains.
Pour Mélenchon, c’est une arnaque
Le candidat de la France Insoumise est peu intervenu sur les crypto-monnaies, et il semble se méfier du Bitcoin considérant qu’il s’agit d’une arnaque. En février dernier, les médias rapportaient que Jean-Luc Mélenchon, comme Éric Zemmour, prévoyait de visiter l’entreprise Ledger. Mais à notre connaissance, cette visite n’a pas eu lieu.
Valérie Pécresse veut faire de la France un des leaders du secteur
Valérie Pécresse a communiqué sur le domaine ces dernières semaines alors que la campagne se termine. Elle affirme que la blockchain et les technologies associées sont révolutionnaires et s’inquiète que la France soit dépassée sur la scène internationale.
Elle estime que l’écosystème est un moyen de rémunérer plus équitablement les créateurs de contenus et facilite “l’émergence d’un Internet des Entrepreneurs qui partagent mieux la valeur pour récompenser les créateurs”.
Valérie Pécresse a pointé la souveraineté de la France sur les monnaies numériques et souhaite développer le secteur des cryptomonnaies pour s’assurer une place au niveau international.
Zemmour très favorables aux cryptos
Eric Zemmour fait partie des candidats qui parlent ouvertement des crypto-monnaies. En février dernier, le candidat de Reconquête a visité Ledger, une entreprise française qui fabrique des portefeuilles physiques. Eric Zemmour veut réduire les impôts des détenteurs de crypto-monnaies qui “réinvestissent leurs gains dans l’économie réelle”. Il a également mentionné des problèmes administratifs qui pourraient ralentir les entreprises et les investisseurs.
Le Parti de la Reconquête souhaite vivement encourager le développement du secteur. À l’image de son directeur, Eric Zemmour voit dans ces nouvelles technologies une question de souveraineté qui, selon lui, fera rayonner la France.