Le 18 octobre dernier, le quotidien américain Wall Street Journal a révélé que des crypto-monnaies auraient été utilisées pour financer la récente attaque terroriste menée par le Hamas contre Israël. Afin de dénoncer cette supposée utilisation malveillante des monnaies virtuelles, plus d’une centaine d’élus américains ont exprimé leur inquiétude quant à l’impact potentiel de ces devises sur la sécurité nationale et celle de ses alliés. Selon les chiffres publiés par le journal, près de 82 millions de dollars en crypto-monnaies auraient été collectés pour financer l’attaque.
La réaction de Chainalysis, entreprise spécialisée dans l’analyse de la blockchain
Face à ces accusations, Chainalysis, une société se spécialisant dans l’analyse des transactions sur la blockchain, a rapidement publié un rapport pointant les erreurs d’analyse et les exagérations contenues dans l’article du Wall Street Journal.
La firme a notamment révélé que le montant total évoqué incluait des fonds qui ne sont pas explicitement liés au financement du terrorisme, et que seul 0,55 % de cette somme proviendrait d’un compte lié à des activités terroristes.
De plus, Chainalysis souligne que les monnaies fiduciaires (c’est-à-dire les devises classiques) sont bien plus présentes dans le financement du terrorisme que les crypto-monnaies, étant donné qu’elles sont moins traçables.
Les véritables sources de financement du terrorisme
Il est important de rappeler que, comme tout régime politique, le Hamas bénéficie de soutiens et d’alliés internationaux. Par exemple, les dirigeants qataris apportent actuellement 30 millions de dollars par mois en aides directes pour subvenir aux besoins énergétiques et payer les salaires dans la bande de Gaza.
L’Iran – ennemi juré d’Israël – entretient des liens étroits avec le Hamas et constitue même son principal donateur, contribuant ainsi à hauteur de 100 millions de dollars chaque année au financement du groupe terroriste palestinien via sa force paramilitaire, le Corps des Gardiens de la Révolution islamique.
La réallocation des ressources locales
Outre les fonds étrangers, il ne faut pas négliger le poids des économies locales, souvent marquées par une forte précarité, dans le budget annuel du Hamas, estimé à près d’un milliard de dollars. La répartition des ressources dans ce contexte de crise économique et sociale peut être instrumentalisée par des organisations terroristes pour renforcer leurs positions sur le terrain et financer leurs opérations.
Une mise en perspective nécessaire
- Le poids relatif des crypto-monnaies dans le financement du terrorisme : Malgré les accusations véhiculées par certains médias, l’utilisation des crypto-monnaies pour financer des activités terroristes semble rester marginale en comparaison avec celle des devises traditionnelles. Il est donc important de ne pas s’alarmer outre mesure et de nuancer ces affirmations alarmistes.
- Les réseaux internationaux d’aide à des groupes tels que le Hamas : Comme mentionné précédemment, les soutiens étrangers – notamment ceux du Qatar et de l’Iran – sont une source importante de financement pour des organisations comme le Hamas. Ces flux financiers doivent donc être surveillés de près par les autorités internationales afin de limiter leur portée sur la conduite d’activités terroristes.
- La place des situations économiques locales dans la structuration du terrorisme : Enfin, il convient de souligner que les crises économiques et sociales présentes au sein de certaines zones sous contrôle terroriste peuvent alimenter le budget de ces organisations, qui en profitent pour renforcer leurs positions et asseoir leur pouvoir.
Bien que les rumeurs autour de l’utilisation des crypto-monnaies pour financer le terrorisme puissent sembler inquiétantes, il est essentiel de garder un regard critique sur ces informations et de privilégier une approche globale tenant compte des différentes sources de financement auxquelles ont recours des groupes tels que le Hamas. Ainsi, il sera possible d’appréhender cette problématique complexe de manière plus juste et de mieux cibler les efforts pour lutter contre le financement du terrorisme.