Une enquête récente d’Elabe met en lumière l’inquiétude croissante des Français face au marché du logement, marquée par une anticipation de détérioration des coûts et de la qualité des habitations
La part du loyer devient vraiment importante dans le budget des ménages
Selon une enquête réalisée par Elabe pour Les Echos et l’Institut Montaigne auprès d’un échantillon représentatif de 1 000 personnes les 5 et 6 septembre, de plus en plus de Français se serrent la ceinture pour payer leur loyer ou leur crédit immobilier. Aujourd’hui, ils y consacrent environ 32% de leur salaire, une augmentation notable depuis 2016.
Curieusement, cette tendance ne se reflète pas de la même manière chez tout le monde. Les jeunes de moins de 35 ans, par exemple, y investissent presque 40% de leurs revenus, tandis que cette proportion diminue avec l’âge. Et que vous soyez propriétaire en train de rembourser un prêt ou locataire, attendez-vous à dédier près de 38% de vos gains à votre logement.
Ce chiffre varie également en fonction de votre métier, les employés et ouvriers consacrant une plus grande part de leurs revenus au logement comparativement aux cadres. Intrigant également, votre lieu de résidence ne semble pas influencer considérablement la part du salaire que vous consacrez au logement, que vous soyez en zone rurale ou en agglomération parisienne.
Pas parti pour s’arranger
Le coût du logement est considéré comme beaucoup trop élevé en France. Il s’agit de la principale préoccupation des Français interrogés. On constate par ailleurs que la part des revenus consacrée au logement est jugée de plus en plus pesante : aujourd’hui, 53 % des Français le pensent, contre 38 % en 2016.
- 75 % des Français estiment que la situation du logement se détériorera dans les années à venir en termes de coût
- 56 % pensent que la situation se dégradera quant au nombre de logements disponibles
- 50 % estiment que la qualité des logements disponibles se dégradera
Grippe sur le marché locatif et insuffisance de l’offre
Outre la hausse des coûts, les Français déplorent aussi la multiplication des locations touristiques, la pénurie globale de logements et la prépondérance des résidences secondaires. Ils considèrent aussi qu’il y a trop de normes écologiques imposées aux logements.
Multiplications des locations touristiques
Les plateformes de location touristique ont contribué à accentuer la tension sur le marché immobilier dans certaines régions et grandes villes, en réduisant le nombre de logements disponibles pour les résidents locaux. Ceci a eu pour conséquence d’augmenter les loyers et de rendre l’accès au logement encore plus difficile pour les Français.
Pénurie de logements et prédominance des résidences secondaires
Le manque de logements est également un problème majeur selon les personnes interrogées. Dans certaines zones du pays, on observe une proportion élevée de résidences secondaires, qui restent inoccupées la majeure partie de l’année, aggravant ainsi la pénurie de logements. Les Francçais appellent donc à une meilleure régulation de ce phénomène.
Des normes écologiques trop contraignantes ?
Enfin, les participants à l’enquête estiment par ailleurs que les normes écologiques imposées aux logements sont souvent trop contraignantes et peu adaptées aux réalités locales. Ils considèrent que ces normes peuvent engendrer des coûts supplémentaires non négligeables, tant pour les propriétaires que pour les locataires, et entraîner des difficultés dans la réalisation de travaux de rénovation ou de construction neuve.
Vers une dégradation de la situation du logement en France : quelles pistes d’amélioration ?
Face à cette perception plutôt pessimiste de l’évolution du marché immobilier en France, les sondés appellent à des mesures concrètes pour améliorer la situation. Parmi les pistes évoquées :
- des aides pour l’achat et la rénovation : de nombreux Français ont besoin d’un coup de pouce pour accéder à la propriété et effectuer des travaux de rénovation énergétique ;
- une régulation accrue des locations touristiques et des résidences secondaires : il s’agirait de mieux encadrer ces pratiques, notamment dans les zones où le marché du logement est particulièrement tendu ;
- un assouplissement des normes écologiques : les personnes interrogées souhaitent une simplification et une adaptation des normes aux réalités locales afin d’éviter les coûts démesurés ou inadaptés.
Ainsi, consciente des difficultés engendrées par le coût élevé du logement en France, cette enquête témoigne de l’inquiétude grandissante des Français face à une situation qui s’amenuise. Les attentes se tournent désormais vers des solutions adaptées pour redonner confiance et faciliter l’accès à un logement décent pour tous.