La Banque de France a abaissé la note de crédit de certaines entreprises présentant des retards de paiement abusifs pour la première fois en 2022. Pour cette première, l’institution a choisi la prévention, elle devrait être encore plus sévère d’ici 2023, triplant le nombre d’entreprises contrôlées.
10% des entreprises contrôlées ont été sanctionnées
La Banque de France a abaissé en 2022 la note de crédit de certaines entreprises présentant des retards de paiement indus en 2021, selon une annonce faite ce lundi.
Cependant, la banque centrale a limité la portée de la nouvelle mesure pour la première année, indiquant que 2022 serait “l’année de la sensibilisation des entreprises”.
A ce titre, l’organisme ciblait les entreprises “filiales d’entreprises intermédiaires (ETI) ou de grandes entreprises en bonne santé financière”, soit 1.680 entités.
“A la fin de la campagne de cotation 2022, la cote de près de 10% d’entre elles a été dégradée d’un cran par rapport à une situation sans délais de règlement excessifs”, ce qui a entraîné un déclassement d’environ 150 sociétés.
Les grands groupes, dont les paiements avec des retards au-delà de la limite légale de 60 jours sont restés en 2021 très supérieurs à ceux des PME, ont été épargnés s’ils avaient fait diminuer ces retards, a expliqué à l’AFP Emilie Quema, directrice des entreprises à la Banque de France.
Aussi, “à partir du moment où l’entreprise peut justifier pourquoi elle a un délai élevé, on ne dégrade pas sa note”, a également indiqué la responsable.
Pas de précision sur les délais de paiement en 2022
Le 11 janvier, devant la commission des finances du Sénat, le gouverneur de la Banque de France a annoncé que le nombre d’entreprises soumises aux contrôles triplerait d’ici 2023. “Il est clairement inacceptable que certaines grandes entreprises étendent les délais de paiement aux PME et TPE”.
“Selon nos estimations, 16 milliards d’euros de trésorerie seraient détournés par ces grandes entreprises”, a déclaré François Villeroy de Galhau lors de l’événement.
La Banque de France n’a pas communiqué de chiffres sur les délais de paiement pour 2022. La DGCCRF (Lutte contre la fraude) a annoncé en août dernier que le nombre d’amendes administratives infligées pour non-respect des délais de paiement avait augmenté au premier semestre 2022, mais le montant cumulé avait diminué.
Par rapport à 2021, la Banque de France note une réduction des délais de paiement. “Les grandes entreprises devront poursuivre la tendance amorcée en 2021 pour compenser l’augmentation particulièrement forte des délais fournisseurs constatée en 2020 en raison des chocs liés à la crise sanitaire du Covid-19”, selon un communiqué publié lundi. En 2021, le délai moyen pour les grands groupes était de 70,7 jours, contre 47,9 jours pour les PME.
Le secteur de la distribution pointé du doigt
Au plus fort de la pandémie, Bercy avait créé une cellule de crise spéciale dédiée à ce problème urgent afin d’éviter les effets d’entraînement dans les secteurs les plus touchés par la pandémie.
Emmenée par des médiateurs commerciaux et du crédit, cette cellule a tapé du poing sur la table en rappelant les règles de bonne conduite en matière de délais de paiement qui sont de 60 jours à compter de la date d’émission de la facture dans le secteur privé.
Pour enrayer certains excès, les enquêteurs de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) ont infligé en 2021 des amendes de 29,7 millions d’euros pour non-respect des délais de paiement.
En comparaison, les services de Bercy avaient infligé une amende totale de 9,4 millions d’euros lors de la pandémie de 2020 pour la même raison.
L’industrie de la distribution fait clairement partie des mauvais élèves. Sur les 227 décisions de sanctions actives en 2021, près de 10 % concernaient des pratiques commerciales abusives de la part de grands détaillants.
Le ministère de l’Economie a accusé le consortium d’approvisionnement Incaa entre Intermarché et Casino (financé à 4 millions d’euros) pour avoir “exiger des budgets supplémentaires de ses fournisseurs sans justification ni compensation”. Carrefour (1,75 million d’euros d’amende) et Intermarché (2 millions d’euros d’amende) ont également été cités parmi les groupes fautifs