Pour Kristalina Georgieva, directrice générale du Fonds monétaire international, l’année qui vient de commencer sera “plus dure” que celle qui se termine. “Les États-Unis peuvent éviter une récession”, mais “la moitié de l’Union européenne sera en récession”, a-t-elle déclaré. Alors que l’épidémie de coronavirus augmente en Chine, les deux prochains mois seront “difficiles”.
Un ralentissement général de l’économie
“La nouvelle année va être plus difficile que celle que nous avons laissée derrière nous”, a déclaré dimanche à CBS Kristalina Georgieva, directrice générale du Fonds monétaire international (FMI).
Et pour cause, “les trois principales économies – les États-Unis, l’UE et la Chine – ralentissent toutes en même temps”, a-t-elle déclaré.
Le FMI a abaissé ses prévisions de croissance mondiale pour 2023 en octobre pour tenir compte des tensions liées à la guerre en Ukraine, à l’inflation et à la hausse des taux d’intérêt, soulignant que les conditions pourraient se détériorer considérablement.
Dans ses dernières prévisions d’octobre, le FMI tablait sur une croissance mondiale de 2,7 % cette année. C’est le niveau le plus bas depuis 2001, hors crise financière de 2008 et pandémie de Covid de 2020.
Le FMI avait déjà averti que plus d’un tiers de l’économie mondiale se contracterait, avec 25 % de chances d’une croissance du PIB mondial inférieure à 2 % en 2023, ce qui répondrait à la définition du FMI d’une récession.
En plus de cette attente d’une croissance faible, voire négative, pour la nouvelle année, un certain nombre de facteurs ont déjà ralenti l’économie en 2022.
A savoir, les tensions liées à la guerre en Ukraine, la hausse de l’inflation et des taux d’intérêt. Mais le FMI a souligné que la situation mondiale en 2023 pourrait être considérablement aggravée par la situation en Chine.
Les Etats-Unis pourrait mieux résister
Kristalina Georgieva, qui s’est rendue en Chine au nom du Fonds monétaire international fin décembre, a déclaré que “pour la première fois en 40 ans, la croissance de la Chine en 2022 pourrait être égale ou inférieure à la croissance mondiale”.
La Chine a abandonné sa politique “zéro COVID” et s’est mise à rouvrir son économie, même si les consommateurs chinois restent méfiants face à une augmentation des cas de coronavirus.
“J’étais en Chine la semaine dernière, dans une bulle dans une ville où il n’y (avait) pas de Covid”, a-t-elle dit. “Mais cela ne va pas durer une fois que les gens commenceront à voyager”.
Le président Xi Jinping a appelé samedi à davantage d’efforts et d’unité dans son discours du Nouvel An alors que la Chine entrait dans une “nouvelle phase”.
De leur côté, “les États-Unis peuvent éviter une récession”, selon la directrice générale, notant que parce que le marché du travail reste dynamique, “l’économie américaine pourrait remarquablement résister. Si cette résilience se poursuit, les États-Unis aideront le monde à traverser une période très difficile cette année », dit-elle.
Le plus dur pour l’Europe ?
En Europe, en revanche, les perspectives sont moins brillantes. Alvaro Santos Pereira, économiste à l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), a expliqué que l’inflation n’est pas due à une surchauffe de l’économie (comme c’est le cas outre-Atlantique) mais parce que « l’économie mondiale subit sa plus grave crise énergétique depuis les années 1970 », entraînant des hausses de prix.
Une crise de l’énergie qui touche tout le monde, mais plus encore l’Europe, où 40 % de la population dépendait du gaz russe avant la guerre.
Pour la France, l’OCDE table sur une croissance de 2,6% en 2022 et de 0,6% l’an prochain. Mais ces perspectives dépendent largement de l’évolution du conflit russo-ukrainien et du retour du gaz russe en Europe, qui ferait baisser l’inflation.
La déclaration pessimiste de la directrice du Fonds monétaire international est conforme aux prévisions des autres institutions économiques internationales. Banque mondiale, OCDE, ONU, OMC : Tous ont revu à la baisse leurs prévisions de croissance ces derniers mois.