Une nouvelle enquête dénonce la présence d’entreprises très polluantes dans des fonds de développement durable déclarés. Désormais, les certaines sociétés de gestion dégradent fortement leurs fonds Article 9, censés être les plus favorables pour l’environnement, à la lumière des nouvelles parties de la réglementation européenne qui entreront en vigueur en janvier.
Les “fonds verts” sont investis dans les énergies fossiles ou l’aviation
Au royaume de la finance verte, le consommateur n’a pas à choisir : il peut soutenir la lutte contre le réchauffement climatique tout en maximisant le « retour sur investissement ».
C’est en tout cas la promesse de la multinationale américaine BlackRock que ses investissements « énergétiques durables » devraient privilégier le financement des sources d’énergie « propres » et « renouvelables », tout en excluant strictement les entreprises du charbon, du pétrole et du gaz qui sont largement responsables des émissions de gaz à effet de serre. (GES).
« En Europe, les investisseurs ont engagé 4 200 milliards d’euros pour un monde durable. » Sur un site dédié, composé d’une dizaine de médias européens (El Pais, Le Monde, Handelsblatt, etc.), le consortium a examiné les mérites des critères ESG dans 838 de ces portefeuilles, avec des actifs sous gestion totalisant 619 milliards d’euros.
Pour ces fonds « vert » classés sous l’article 9, le niveau le plus strict de la réglementation européenne SFDR (Sustainable Financial Disclosure), le constat est accablant : plus de la moitié des fonds sont investis dans des entreprises liées aux énergies fossiles ou à l’aviation.
La plupart des institutions financières qui promettent aux investisseurs de canaliser leur épargne vers le changement climatique continuent en fait de financer des entreprises polluantes. La labellisation et les normes n’ont pas changé : même les fonds “superverts” sont souvent fautifs.
Au sein de l’Europe, près de la moitié (46,3 %) des fonds étudiés par l’enquête est investie dans des actifs liés aux combustibles fossiles ou à l’aviation.
Des promesses qui ne sont pas tenues
L’écologie est devenue l’un des premiers arguments marketing des banques. Des propos loin de la réalité : la moitié des fonds d’investissement “super verts” européens financent encore au moins une entreprise dans les secteurs des énergies fossiles et de l’aviation, selon une enquête publiée par Le Monde mardi 29 novembre en collaboration avec divers médias européens, dont Investico et Follow the Money.
Plus largement, plusieurs grandes banques sont au centre de multiples controverses environnementales. BNP Paribas a ainsi été mis en demeure fin octobre de cesser de soutenir plusieurs associations environnementales européennes dans le développement des énergies fossiles. HSBC s’est vu interdire au Royaume-Uni d’utiliser des affiches vantant ses actions environnementales, considérées comme loin d’être concrètes.
Etre plus sélectif au moment d’investir
Idéalement, la recherche d’investissements “durables” nécessite une bonne compréhension de la réglementation et une recherche approfondie des investissements dans lesquels vous envisagez d’investir. Mais une classification préliminaire peut être effectuée en examinant la banque ou le gestionnaire d’actifs.
Outre les polémiques médiatisées, certaines ONG enquêtent sur la solvabilité environnementale des banques : l’ONG dédiée Reclaim Finance recense les engagements climatiques des institutions financières, et leur rapport Greenpeace (sur les banques dites « éthiques »)
Toutes les démarches ne sont pas équivalentes. Tous les grands gestionnaires d’actifs français sont critiquables pour les fonds classés “article 9” de la réglementation européenne, qui exclut strictement les entreprises les plus polluantes.
Mais d’autres semblent être plus sélectifs. Parmi les plus importantes sociétés européennes gérant des actifs d’au moins 1 milliard d’euros, on peut citer le français Montpensier Finance (trois investissements), le néerlandais Pareto Asset Management (un seul) ou l’irlandais Stewart Investors (quatre), qui exclut tout investissement « gris » tel que défini par notre enquête.