À mesure que l’inflation augmente, les loyers augmentent de plus en plus. Certaines associations ont réclamé un gel de l’indice de référence des loyers pour protéger les locataires. Une mesure qui favorise le pouvoir d’achat, avec l’avantage d’être bon marché pour l’Etat.
Une augmentation des loyers de 5%
L’inflation affectant déjà le pays depuis des semaines, le sujet d’un éventuel gel des loyers fait désormais partie du débat public. Certaines associations de consommateurs appellent le gouvernement à prendre de l’avance sur le prochain indice de référence des loyers (IRL), attendu en juillet prochain.
“Avec une hausse importante des prix, y compris pour les produits de première nécessité, les locataires ne pourront plus faire face à la prochaine hausse de loyer“, prévient la CLCV, l’association nationale de protection des consommateurs et usagers.
Selon les informations des Echos du mercredi 18 mai, le gouvernement n’a pas arrêté les discussions. “Le ministre de l’Economie Bruno Le Maire est très préoccupé par ce dossier”, a assuré David Rodrigues, avocat au sein de l’association Consommation logement cadre de vie (CLCV).
Une inflation qui repart à la hausse sans intervention pourrait mécaniquement faire grimper les loyers, l’indice de référence (IRL), appliqué annuellement, est basé sur les prix à la consommation, mais il est appliqué avec un certain retard.
L’IRL du premier trimestre 2022, publié le 15 avril, a augmenté de 2,48%, et l’IRL du deuxième trimestre, qui sera publié le 12 juillet, est plus certain d’atteindre 5%, si la tendance actuelle d’augmentation des prix est confirmée.
Le loyer mensuel moyen est de 600 euros, une augmentation de 5 % signifie un surcoût de 30 euros par mois, soit 360 euros par an, ceci auquel s’ajoute l’augmentation des autres charges, notamment énergétiques : “Jusqu’à présent, les factures impayées n’ont pas augmenté, car les locataires mettent le loyer dans leurs charges, quitte à se priver d’autre chose, mais pour combien de temps ?”, a demandé le président du CNL, Eddie Jacquemart.
Les frais de logement représentent à eux seuls 32 % des dépenses dites « pré-engagement » ou obligatoires des ménages locataires de logements privés et publics, contre 27 % seulement en 2001. Parmi les 20 % de ménages les plus riches, ce chiffre atteint 40 % des locataires en logement privé et 36 % des locataires en logement HLM.
Un effet contraire pour les bailleurs
D’autres se sont opposés à une telle décision. Comme l’Union Nationale des Propriétaires Immobiliers (UNPI). Son directeur général Pierre Hautus estime qu’un gel de l’IRL laissera les petits propriétaires privés dans l’incertitude, qui utilisent le loyer pour compléter leur retraite ou leurs revenus.
“Les taxes foncières explosent et les obligations de rénovation énergétique de certains biens arrivent au 1er janvier. Si cela se cumule avec des loyers bloqués, les bailleurs ne pourront pas investir”, a-t-il prévenu. En effet, les frais continuent d’augmenter. Une telle mesure “serait très compliquée pour nous”, estime Anne-Sophie Grave, présidente du comité exécutif de CDC Habitat.
Dans ce cas, la CNL peut recommander à l’Etat d’indemniser le bailleur social pour la perte de revenus. Anne-Sophie Grave a imploré “une approche intermédiaire entre le gel et l’application complète de l’IRL”.
Selon elle, les propriétaires sont souvent “concentrés sur la politique de loyers qu’ils recherchent” et savent trouver un juste milieu “à la fois équilibré et prenant en compte la capacité du locataire à supporter les augmentations de loyer”.
Sur BFMTV, la CLCV a fait valoir qu’il faut en tout état de cause envisager une nouvelle approche de la révision des loyers : “soit en créant un nouvel indice plus stable et moins affecté par les variations de l’inflation, soit en déterminant le seuil maximum des augmentations”. La première ministre Elisabeth Borne pourrait traiter l’affaire rapidement.