Mardi 28 mars, le Journal officiel a publié le nouveau taux plafond auquel les banques seront autorisées à prêter. Au 1er avril, ce taux passera à 4,24 % sur 20 ans ou plus. Le taux des crédits proposés par les banques aux emprunteurs pourrait atteindre 4% dès juillet, selon la société de courtage Vousfinancer.
Retour au niveau de 2015
Les taux d’usure continuent d’augmenter de manière inarrêtable. Le taux auquel les banques françaises étaient autorisées à prêter était de 3,05 % sur une durée de 20 ans encore à la fin de 2022. Au 1er avril, il passera à 4,24%, soit 1,19 point de pourcentage de hausse en seulement quatre mois.
Le taux d’usure est ainsi revenu aux niveaux de 2015. Il s’agit de la croissance la plus rapide depuis 1990. La dernière fois que nous avons observé des hausses similaires, c’était en 2000, même si elles étaient beaucoup plus faibles, le taux d’usure était à plus de 8 %.
Le taux d’usure pour la plupart des durées sera maintenant supérieur à 4 %. Le taux pour les prêts de dix à vingt ans s’établira à 4,09 %, pour les prêts à taux variable à 4,03 % et pour les prêts relais 4,31 %. Seuls les prêts d’une maturité inférieure à 10 ans ont un taux d’usure inférieur à ce seuil, à 3,72 %.3
La hausse n’est pas finie
Le taux d’intérêt reste le maximum que les banques ne peuvent pas dépasser lors de l’octroi de crédit. Actuellement, le taux d’emprunt moyen depuis le début de 2023 est de 3,18 %.
Mais la poursuite de la hausse du taux directeur de la BCE – le taux auquel les banques se prêtent de l’argent – devrait continuer à faire augmenter le coût des crédits immobiliers pour les particuliers.
La hausse du taux d’usure plus fréquente
La Banque de France a décidé de faire passer la fréquence des révisions des taux d’usure de trimestrielle à mensuelle. La décision a été prise afin de fournir une réponse plus rapide à la hausse des taux d’intérêt, qui a entraîné une augmentation des coûts de refinancement pour les banques sur le marché.
Une marge de manoeuvre pour les banques
Si la hausse des taux d’usure donne une marge de manœuvre aux banques et donc une bouffée d’air frais pour les emprunteurs, elle pourrait également entraîner une hausse des taux immobiliers.
Mais malgré cela, les banques sont logiquement plus prudentes quant à l’octroi de crédits immobiliers : le nombre de prêts a baissé de plus de 44% en glissement trimestriel et de plus de 27% en glissement annuel. Depuis 2021, la capacité d’emprunt des ménages a baissé de 20 %.
5% d’ici cet été ?
En conséquence, la responsable des relations presse de Vousfinancer, Sandrine Allonier, prévoit que les taux pour les clients de cet été seront de 4% ou plus. Parce qu’à ce moment-là, le taux d’usure augmentera encore et peut-être alors près de 5%.
Encore une occasion de lutter contre l’inflation
En janvier, lors de la révision mensuelle du taux d’usure, Julie Bachet de Vousfinancier expliquait que la révision mensuelle du taux d’attrition “a le potentiel d’entraîner une accélération de la hausse des taux de crédit, qui pourrait atteindre 4 % dans 20 ans dès l’été. Or, à 4 % de taux d’intérêt, emprunter, surtout avec 6 % d’inflation, c’est mieux que de ne pas pouvoir obtenir de crédit et d’abandonner son projet immobilier, comme c’est le cas des emprunteurs depuis l’été 2022 et un endettement limité”
Et les critères d’octroi des prêts ne changeront pas. Liés par les normes prudentielles du Haut Conseil supérieur de stabilité financière (HCSF) depuis plus d’un an, ils ne se relâcheront pas. L’endettement des ménages doit représenter moins de 35 % de leurs revenus et les durées de prêt sont (à quelques exceptions près) limitées à 25 ans.
Pour le HCSF, les normes “assurent aux ménages l’accès au crédit tout en les protégeant d’un éventuel risque de surendettement”.