Les appartements neufs à vendre dans les grandes villes se font de plus en plus rares. Malheureusement pour les acheteurs et les investisseurs, cette pénurie s’accompagne également d’une possible augmentation des prix.
Une chute de 12% par rapport à 2021
Pris au piège de la population refusant toute construction et l’explosion des coûts de construction, l’heure est “vraiment grave” pour les professionnels du logement. Les ventes de maisons neuves ont continué de baisser.
Après une baisse de 12% en 2021 par rapport à 2019, le premier trimestre 2022 est en baisse de 20% par rapport au premier trimestre 2021. Pour aggraver les choses, le nombre de maisons à vendre à de plus chuté de 30,5 % par rapport à la même époque l’année dernière. Résultat : le parc de logements disponibles n’est « que » de 7,7 mois, soit le niveau le plus bas depuis 2012.
Les promoteurs immobiliers ne cachent pas leurs inquiétudes face à une chute des ventes de logements neufs : elles ont chuté de 20,2 % au premier trimestre par rapport à la même période en 2021. Quant aux réservations, elles ont également diminué (29 628 unités contre 37 139 unités il y a un an). Ce n’est pas un manque de demande, c’est une offre commerciale non renouvelable, toujours un tiers en dessous des niveaux de 2018 ou 2019.
« Le moteur cale, faute d’essence !, résume Pascal Boulanger, président de la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI). Nous n’avons jamais si peu vendu depuis 2012, le volume des projets n’a jamais été aussi faible et les clients institutionnels, investisseurs, bailleurs sociaux, ont réduit leurs achats, faute de projets. Le nombre de logements vendus en bloc est, lui, en baisse de 31 %, tandis que celui des ventes à l’unité, aux propriétaires occupants, baisse de 8,3 % », précise-t-il.
Le début d’une tendance ?
Malheureusement, cette tendance n’est pas anecdotique. Elle illustre la situation délicate dans laquelle se trouvent de nombreux acheteurs et investisseurs qui aiment ce type de logement.
La délivrance des permis de construire, cruciaux pour la construction de logements neufs, ralentit en effet depuis environ deux ans. Surtout dans certaines grandes villes. Cependant, cela veut dire que moins il y a de permis, moins il y aura de logements neufs disponibles à la vente plus tard.
En conséquence, les promoteurs n’ont vendu que 17 300 appartements neufs au premier trimestre 2022, soit approximativement 7 500 unités de moins qu’à la même période en 2021. Par rapport au début de 2019, la baisse peut même être chiffrée à 10 800 unités, même contre 17 000 unités en 2018. “Depuis 2012, les niveaux d’inscription n’ont jamais été aussi bas en raison des faibles volumes de licences et de l’incertitude concernant les coûts de construction”, a déclaré le FPI.
Pas question pour autant d’accabler les maires qui délivrent les permis de construire. “Nous ne voulons pas les stigmatiser. Les maires doivent répondre à leurs concitoyens pour des raisons éthiques”, a déclaré le président du FPI. Ces derniers, en revanche, veulent les inciter à construire davantage.
En effet, après l’invasion russe de l’Ukraine, le coût des matériaux sur les chantiers de construction a soudainement grimpé en flèche. Une catastrophe qui a encore incité les promoteurs à retarder le lancement de nouveaux projets, a expliqué Pascal Boulanger.
Inflation et hausse des prix des matériaux – carrelage, métal, bois, PVC, verre, isolant, plâtre, peinture, colle, adhésifs… – accentuation des tensions sur les prix internationaux de l’énergie, entraînant de fait une hausse des coûts de construction de 15% à 20 %, entraînant une augmentation du prix final de 7% à 10% pour l’acheteur.
Un autre obstacle à la construction est que l’accès au crédit est de plus en plus limité, avec des taux d’intérêt et des coûts d’assurance en hausse. La solvabilité des acheteurs est déjà mise à mal par des mètres carrés neufs de plus en plus chers : le prix moyen en région est de 4 524 €, en hausse de 5,8 % par rapport à 2021, et de 5 573 € en Ile-de-France (en hausse de 3,4 %).