Depuis janvier, plus de 200 épargnants se sont plaints de lourdes pertes après avoir investi dans des entreprises qui utilisent des Ocabsa (obligations convertibles en actions et bons de souscription en actions). La police boursière a appelé à une plus grande vigilance.
Des entreprises en mauvaise santé financière
Aux États-Unis, Ocabsa a un surnom peu flatteur. Nous parlons d’obligations toxiques ou parfois de “dette en spirale de la mort”. La police boursière américaine a réussi à freiner l’utilisation de ces produits de financement.
En France, l’AMF (Autorité des marchés financiers) rêve de faire de même. Pour la troisième fois en deux ans, la police boursière a publiquement alerté sur les dangers que représentent ces véhicules de financement alternatifs.
Derrière l’acronyme sauvage Ocabsa se cachent des obligations et des bons de souscription d’actions convertibles en actions. Les entreprises qui ont eu recours à ces financements alternatifs ont sous-performé. Plus de 80% des entreprises ayant eu recours à ce financement alternatif ont vu leur cours de bourse chuter en moyenne de 72%.
Les entreprises en mauvaise santé financière qui sont sur le point de déposer le bilan et ont besoin d’argent rapidement font appel à ce système de financement. Aucune banque n’est disposée à leur prêter de l’argent, et aucun actionnaire n’est disposé à remettre la main à la poche. Alors, en dernier recours, elles se tournent vers ce type de financement.
69 entreprises étudiées par l’AMF
Les indicateurs étudiés par l’AMF portent sur les chiffres de 69 entreprises. Les actions de 57 des 69 sociétés utilisant ce mode de financement (83 % de l’échantillon) ont baissé, avec une baisse moyenne de 72 %.
Vingt d’entre elles, soit 29 % de l’échantillon, ont vu leur cours de bourse chuter de plus de 90 %. Seules 12 entreprises, soit 17% de l’échantillon, ont vu leurs parts augmenter.
En valeur, 32 sociétés de l’échantillon sont cotées au 31 décembre 2021 pour moins de 1 € (soit 46% de l’échantillon). Après la mise en place du premier financement par dilution (pas de date précisée), 26 d’entre elles sont passées en dessous de 1 euro.
L’étude a également montré que les entreprises dont le cours de l’action a le plus baissé ont effectué en moyenne plus de transactions et ont utilisé plus d’instruments financiers différents que les entreprises dont le cours de l’action a le plus augmenté.
De plus, les émetteurs dont le cours des actions a le plus baissé ont augmenté les transactions en capital, telles que les regroupements d’actions et les réductions de la valeur nominale.
Les particuliers en première ligne
Ces véhicules financiers, souvent sous couvert de financement de la dernière chance, doivent être abordés avec prudence, surtout chez les investisseurs inexpérimentés. Certains y ont laissé des plumes et ont déposé des plaintes publiques auprès de la police boursière.
« L’Autorité des marchés financiers a constaté ces dernières années une recrudescence des signalements et des réclamations émanant de particuliers : plus de 250 en 2021, soit une hausse de 232% par rapport à 2020, et déjà plus de 200 en 2022, ayant perdu une partie significative de leur investissement dans des sociétés cotées ayant recours » à ces formes de financement, a alerté le régulateur en fin de semaine dernière.
L’AMF a rappelé aux émetteurs “leurs responsabilités dans le choix et la mise en place de ces instruments” et leur obligation d’informer “clairement” les investisseurs du “caractère dilutif potentiellement élevé” de ces instruments.
Le régulateur a également appelé les actionnaires à être vigilants sur les résolutions adoptées lors des assemblées générales conférant des pouvoirs au conseil d’administration de la société, notamment en matière de suppression du droit préférentiel de souscription (DPS).