Une initiative du champion suédois du paiement fractionné vise à stimuler l’embauche d’employés touchés par les récentes réductions d’effectifs. Mais la publication de centaines de noms et de fonctions sur le réseau Linkedin a suscité la controverse.
Klarna la fintech qui battait tous les records
Cette méthode est plutôt inhabituelle. Cela peut même sembler choquant. Mardi, le patron de Klarna, Sebastian Siemiatkowski, a publié sur le réseau social LinkedIn la liste des employés récemment licenciés par la fintech suédoise, leader mondial du paiement fractionné.
Dans un fichier accessible à tous, il y a environ 570 noms, titres, lieux de résidence et liens vers leurs comptes LinkedIn. Le tableau détaille également leurs préférences concernant les conditions de travail : à distance, en personne ou hybride.
Les employés, qui étaient initialement basés à New York, Stockholm, Berlin ou Londres, feront partie des 700 employés de la fintech suédoise qui quittent l’entreprise dans un contexte de détérioration de l’économie après l’annonce de 10 % de licenciements la semaine dernière.
Klarna est le succès le plus étonnant de la fintech européenne. Fondée en Suède en 2005, la société était évaluée à 5,5 milliards de dollars en 2019. Début 2022, après le gros investissement de SoftBank, la valorisation atteignait 45,6 milliards de dollars, bien plus que la plupart des grandes banques européennes. Tout semblait possible et Klarna a annoncé avec confiance qu’elle visait une valorisation de 60 milliards de dollars, éventuellement via une introduction en bourse.
Cependant, Klarna vient d’annoncer le licenciement de 10 % de ses 6 500 employés. La société cherche à lever des capitaux, mais la valorisation a été abaissée à 30 milliards de dollars (bien que Klarna ait contesté la valorisation), a rapporté Bloomberg, citant des personnes proches du dossier.
L’initiative, lancée à l’origine par un responsable marketing de Klarna puis relayée par Sebastian Siemiatkowski, vise à accroître la visibilité des salariés et à attirer des employeurs potentiels. Développeurs, commerciaux, spécialistes marketing : la nature des fonctions est variée.
“Je veux que tout le monde comprenne que ce document est une mine d’or […]. Je suis sûr que ces personnes ne seront pas disponibles avant longtemps”, a écrit le cofondateur de Klarna, rappelant la profonde tristesse” de devoir se séparer de l’équipe.
Tout le secteur est concerné pas les difficultés
Ses deux principaux rivaux ne font pas mieux non plus. Les actions d’American Affirm, qui ont beaucoup de mal en bourse, ont presque diminué de moitié au cours des trois derniers mois. Afterpay Australia, de son côté, vient d’être racheté par Square.
Selon les experts, la détérioration devrait se poursuivre. En effet, un manque de confiance des clients dans une économie volatile expliquerait en partie les difficultés rencontrées, malgré une augmentation importante des demandes d’acomptes pendant la pandémie.
Un rapport récent de Sfgate a révélé qu’environ 73 % de ses clients sont considérés comme de la génération Z (ceux nés entre 1997 et 2012), et environ 43 % d’entre eux ont déclaré avoir manqué au moins un paiement. Environ 30% des clients de BNPL ont du mal à rembourser ce qu’ils doivent, et les conditions d’inflation actuelles n’aident pas, selon un rapport de Fox Business.
À noter que le ralentissement économique affecte d’autres entreprises technologiques, dont Meta, Apple et Snapchat, qui revoient à la baisse leurs prévisions. Netflix a licencié plus de 150 employés. Le service concurrent de BNPL, Affirm, a connu une baisse similaire, avec des actions en baisse de 75% cette année.
Klarna ne va pas s’effondrer mais, à sa façon, Klarna annonce peut-être la fin des entrepreneurs de la tech qui depuis des années, à la faveur de la Bourse et des fonds d’investissement, alors que l’argent ne valait rien, se retrouvaient milliardaires sans avoir jamais en réalité gagné un dollar.