La collecte nette du Livret A et du Livret de développement Durable et Solidaire atteint 5,28 milliards d’euros en août 2022. Record du mois d’août depuis 2009.
Le taux à 2% responsable de cette collecte exceptionnelle
Inflation ou pas, les Français continuent d’épargner. La collecte nette du Livret A et du Livret de développement durable et solidaire (LDDS) tous réseaux confondus a atteint 5,28 milliards d’euros en août, selon les données publiées mercredi par la Caisse des Dépôts.
Il s’agit du taux de collecte le plus élevé en août depuis 2009, qui fait référence et correspond à une année de généralisation du Livret A dans tous les guichets. C’est près de trois fois la collecte nette d’août 2021 (1,9 milliard d’euros).
“Comme toujours, l’effet taux d’intérêt se fait sentir. On le voit souvent un mois avant la hausse réelle, et deux à trois mois après”, note Philippe Creville, directeur du Cercle d’épargne. L’augmentation, annoncée en juillet, a entraîné des niveaux d’épargne sans précédent pour le mois depuis 2009, 2,64 milliards d’euros sur les seuls comptes du Livret A.
Le contexte actuel d’incertitude a également exacerbé le comportement de fourmi des Français. Sur les huit premiers mois de l’année, les encaissements du Livret A et du LDDS s’élèvent à +27,46 milliards d’euros. En août 2022, l’encours total de ces deux produits s’élevait à 497,1 milliards d’euros.
A l’heure où les portefeuilles français sont durement touchés par l’inflation, le livret A reste un placement liquide garanti et des plus importants. “On parle de pénurie, on s’inquiète de manquer d’électricité, et évidemment cela crée de l’anxiété en faveur de l’épargne de précaution. Le livret A est le premier bénéficiaire”, poursuit Philippe Crevel.
Avec ce niveau de rendement, le placement préféré des Français a retrouvé son attrait par rapport aux autres produits d’épargne, notamment ceux à capital garanti. L’écart est désormais marqué par le fonds d’assurance-vie en euros, qui se situe en moyenne à près de 1 %. Le livret bancaire classique reste peu attrayant. Par ailleurs, les turbulences boursières ont sans doute incité les épargnants qui ont investi en actions ces derniers mois à être plus prudents. Cependant, les taux du livret A sont toujours bien en deçà de l’inflation (5,9 % en août, soit plus d’un an).
Les français face à l’inflation se prépare pour l’hiver
Après être passé de 0,5 % à 1 % en février, le taux a de nouveau doublé à 2 %, conséquence directe de la poussée de l’inflation qui sous-tend le calcul. Philippe Crevel, conservateur du Cercle de l’épargne, précise : « Le doublement des prix, très médiatisé, a sans doute entraîné une forte croissance de la collecte sur fond d’inquiétude.
Les Français, déjà confrontés à une inflation proche de 6 %, se préparent à un hiver rigoureux. En alimentant des comptes d’épargne réglementés, ils préparent un coussin de sécurité pour les mois à venir.
Si les hausses des taux du Livret A et du LDDS peuvent inciter les Français à y placer leur épargne, il est important de noter que leurs rendements sont toujours négatifs compte tenu de l’inflation qui atteint 5,9 % en un an en août d’après l’INSEE (une légère baisse après les 6,1 % sur un an de juillet). Cependant, le taux de 2 % du Livret A est plus favorable que de nombreux fonds en euros d’assurance-vie (les moins risqués).
En d’autres termes, l’énorme excédent d’épargne observé pendant la crise sanitaire n’a pas été érodé. Au lieu de cela, il croît certainement à un rythme plus lent qu’en 2020, mais il continue de croître. “Cela prouve que malgré l’inflation, les ménages ont encore des réserves, et l’inflation renforce même ces réserves”, souligne Philippe Crevel.
“Mais tous les épargnants ne se comportent pas de la même façon”, explique un expert en épargne. Selon la Cour des comptes, l’encours moyen du Livret A pour une personne physique est de 5 858 €. Or, les épargnants de plus de 65 ans détiennent 21 % des livrets (soit leur poids dans la population française) mais détiennent 34 % des encours sur livrets.
On estime que le taux du Livret A passera sans doute de 2,5 % à 3 % au 1er février, compte tenu de l’inflation.