Le nouveau ministre britannique des Finances, Nadhim Zahawi, veut “adopter une approche flexible et cohérente de la régulation financière” après le Brexit. Cette vision se reflète dans les vastes réformes des services financiers présentées au Parlement mercredi.
Londres veut encore s’éloigner de l’UE
Boris Johnson s’en va, mais l’envie généralisée au Royaume-Uni de s’éloigner de l’Europe reste. La première intervention publique du nouveau ministre des Finances Nadhim Zahawi devrait encore souligner ce sentiment.
Le successeur de Rishi Sunak informera les dirigeants de la ville sur les principaux éléments de la loi sur les services financiers post-Brexit mardi soir à l’occasion du traditionnel discours à “Mansion House”.
Ce rendez-vous annuel rompt avec la tradition vestimentaire du smoking et du nœud papillon et devrait inaugurer une nouvelle ère pour la ville. Selon des extraits du discours diffusés en amont, le Royaume-Uni envisage bien de “supprimer des centaines de textes législatifs hérités de l’Union européenne (UE) et de les remplacer par une approche souple et cohérente de la régulation financière”.
Les annonces ont alimenté les craintes d’un bras de fer avec la Banque d’Angleterre (BoE), tandis que les dépêches faisaient état d’un projet de loi qui réduirait les pouvoirs du régulateur.
Des responsables de la Banque d’Angleterre, en particulier son gouverneur Andrew Bailey, ont récemment rappelé leur accent mis sur l’indépendance institutionnelle, certains candidats conservateurs reprochant au remplaçant de Boris Johnson d’être trop timide dans la lutte contre l’inflation.
Près de 60 personnes, principalement dans le milieu universitaire, ont également fait part de leurs inquiétudes en mai quant au fait que des règles financières plus flexibles après le Brexit pourraient conduire à une course vers le bas, notant l’assouplissement des règles de blanchiment d’argent pour attirer les super-riches du monde entier.
Londres a lancé une réforme de la réglementation des assurances avec des plans pour assouplir les exigences en capital des entreprises du secteur afin de libérer “des dizaines de milliards de livres” pour des investissements “verts” et dans les infrastructures.
L’inflation au Royaume Uni atteint des sommets
Avec des bonnes nouvelles qui se font rares ces derniers temps, le discours du ministre sera soumis à un examen plus approfondi. Alors que le PIB britannique a rebondi de 0,5 % en mai, l’inflation a continué de peser sur l’économie britannique.
Danni Hewson, analyste chez AJ Bell, a déclaré : “Le taux de croissance en surprendra plus d’un, mais les Britanniques vivent simplement leur vie, en particulier en se préparant pour l’été : “Ils ont encore l’argent pour un voyage ou deux”.
Mais attention à l’impact de l’inflation, la plus élevée du pays depuis 40 ans (+9,1% en mai), qui a exacerbé la crise du coût de la vie et mis l’ensemble de l’économie britannique sous pression. La hausse des prix oblige les ménages à réduire leurs dépenses inutiles et a « porté un coup dur » dans tous les secteurs de l’économie.
Les économistes s’attendaient à une stagnation de l’économie en mai et ont averti que le PIB pourrait à nouveau chuter en juin, d’autant plus que le jubilé de la reine Elizabeth II a permis un jour férié supplémentaire.
Preuve supplémentaire que les ménages se serrent encore la ceinture, le rythme auquel les ventes au détail au Royaume-Uni ont chuté en juin rappelle les heures sombres de la pandémie, a averti mardi la fédération des commerçants BRC.
Le nouveau ministre des Finances Nadhim Zahawi est également candidat pour remplacer Boris Johnson. Respecté par les Britanniques après le succès de la campagne de vaccination anti-coronavirus qu’il a supervisée, il est né à Bagdad en juin 1967 de parents kurdes. Arrive en Angleterre à l’âge de neuf ans. Il a fondé YouGov, une société d’études de marché, en 2000, avant de quitter la politique une décennie plus tard.