Les principales institutions économiques ont revu à la baisse leurs prévisions concernant la croissance économique mondiale de l’année prochaine à cause de la guerre en Ukraine, la flambée de l’inflation et la crise énergétique.
Pas de récession mondiale, la France à l’extrême limite
Alors que le Fonds monétaire international vient de revoir à la baisse ses perspectives de croissance mondiale pour 2023 à 2,7%, l’économiste en chef de l’agence, Pierre-Olivier Gourinchas, ne s’attend pas à une dépression de l’économie mondiale. Il estime que la politique budgétaire de l’Europe ne répond pas aux critères du Fonds monétaire international. Il estime que le système bancaire international est plus solide qu’il ne l’était en 2008.
Le FMI a de nouveau abaissé ses prévisions de croissance à 2,7 % en 2023, soit 0,2 point de pourcentage de moins que lors de la dernière révision de juillet. « En bref, le pire est à venir et beaucoup de gens auront le sentiment d’être en récession en 2023. »
Le dernier rapport du Fonds monétaire international exprime l’inquiétude de l’institution concernant l’année à venir. Le président américain Joe Biden lui-même s’est exprimé mardi soir 11 octobre sur une éventuelle “récession très légère” de la première économie mondiale.
En Europe, la France devrait éviter de justesse la récession avec des prévisions de croissance à +0,7 %, soit 0,2 point de pourcentage au-dessus de la moyenne de la zone euro, contrairement à l’Allemagne et l’Italie.
Le FMI est donc un peu plus optimiste que la Banque de France, qui table sur +0,5%, tandis que le gouvernement maintient sa prévision de +1%.
Depuis le mois d’avril, les perspectives économiques mondiales se sont “considérablement détériorées et le ralentissement s’est intensifié”, selon des documents publiés mardi à l’ouverture des réunions du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale à Washington.
L’économie mondiale, qui se remet progressivement de l’impact de la pandémie et continue de faire face à des problèmes logistiques dans de nombreux domaines, est confrontée à une série de chocs inhabituels.
L’inflation au centre de l’attention
Les pressions inflationnistes sont “plus fortes que prévu”, en particulier dans les pays en développement. Cette inflation a déclenché un resserrement rapide des politiques monétaires, accompagné d’une forte hausse des taux d’intérêt parallèlement à la forte appréciation du dollar.
En augmentant leurs taux directeurs, les banques centrales espèrent réduire la demande et, en fin de compte, réduire progressivement les hausses de prix. L’inflation mondiale, qui s’est établie en moyenne à 8,8 % cette année, a culminé à 9,5 % au troisième trimestre et devrait diminuer à partir de la fin de 2022.
Le FMI craint également que les banques centrales n’ajustent à tort leurs réponses. “Trop resserrer les politiques monétaires, mais aussi ne pas suffisamment le faire, pourrait renforcer l’ancrage de l’inflation. L’histoire nous le rappelle, cela ne pourra que rendre la lutte contre l’inflation encore plus chère”, avertit l’économiste en chef au Fonds monétaire international, Pierre-Olivier Gourinchas.
Les prévisions soumises aux aléas géopolitiques
La Banque de France a indiqué que cette prévision est entourée de très grandes incertitudes liées à l’évolution de la guerre en Ukraine et à la quantité et le prix des approvisionnements en gaz, à la durée des mesures gouvernementales de protection des ménages et des entreprises en France.
De leurs côtés, les analystes de Rexecode voient 0% de croissance en France en un an d’ici 2023.
“Le ralentissement de l’activité économique mondiale, voire sa contraction en Chine et aux Etats-Unis au premier semestre, a relâché un peu la pression sur les approvisionnements et sur les prix de matières premières. Mais, alors qu’une mécanique inflationniste portée par les salaires est installée aux Etats-Unis et se dessine en Europe, la remontée des taux va se poursuivre. L’économie européenne pâtira plus encore des contraintes d’offre (énergie, main d’œuvre), au point d’entrer en récession courant 2023”, explique le cabinet dans une note.