Le renflouement du Credit Suisse et la clarification des autorités financières ont apaisé les tensions, mais le secteur n’est peut-être pas encore totalement tiré d’affaires.
Le secteur bancaire rassuré
L’opération vise à éviter la faillite du Credit Suisse, qui a lutté pendant des années et a été affaibli la semaine dernière par un krach boursier et des retraits de clients qui n’y croyaient plus.
La banque est considérée comme systémique – c’est-à-dire trop grande pour faire faillite – et son effondrement aurait d’énormes conséquences pour l’industrie financière mondiale.
Après avoir ouvert en baisse, la plupart des valeurs bancaires européennes ont clôturé en hausse le lundi 20 mars, effaçant l’essentiel des pertes de la séance précédente : le CAC 40 parisien a repris 1,27 %, tandis que les banques européennes et autres.
A Zurich, UBS, qui avait chuté de 16% en début de transaction, a clôturé en hausse de 1,3%. Wall Street a clôturé dans le vert, le phare Dow gagnant 1,2%.
Lors de la séance suivante, mardi 21 mars, le CAC 40 repartait à la hausse à mi-séance avec un gain de +1,64%.Pour autant, le retour au calme est sans doute temporaire.
Des choix qui posent problèmes
Il est trop tôt pour décréter l’arrêt du mouvement yo-yo observé depuis une semaine. Car si la menace d’effondrement du Credit Suisse – l’une des 30 banques d’importance “systémique” mondiale – est temporairement écartée, les doutes qu’elle a répandus sur la solidité financière mondiale ne se dissiperont pas de sitôt.
D’autant que les modalités du sauvetage du Credit Suisse ont suscité de vives critiques et confusion sur les risques liés au dossier.
Ce qui pose problème, c’est le choix des autorités suisses, afin de faciliter le rachat du groupe par UBS, au détriment des porteurs d’obligations dites AT1 (“additional tier”), baptisées “CoCos”, disponibles sous condition en actions pour renforcer le bilan en cas de difficulté.
La remise en cause par Berne de sa primauté se traduirait par une perte sèche de 16 milliards de francs suisses pour les créanciers du Credit Suisse, sans que les actionnaires de la banque perdent la totalité de leur investissement.
Cela a fait craindre dans d’autres pays que les grands investisseurs soient contraints d’afficher des pertes sur leurs comptes.
Une belle opération mais risquée
Si la Suisse pense avoir évité le pire en poussant UBS à racheter Credit Suisse, les marchés ne sont pas tout à fait rassurés sur le système bancaire, loin s’en faut.
Certes, “le faible prix payé (3 milliards de francs suisses) et l’important filet de sécurité fourni à UBS (avec la garantie du gouvernement) sont positifs, tandis que la stratégie d’UBS reste inchangée”, considère Jefferies.
“Toutefois, UBS s’expose à un risque d’exécution important, à un risque de litige, les rachats d’actions sont temporairement suspendus (on ne sait pas combien de temps), les besoins en capitaux d’UBS seront probablement revus à la hausse, et l’attention de la direction sera captée par cette opération pendant de nombreux trimestres, voire des années”, poursuit la banque.
Pour de nombreux observateurs, UBS a obtenu des conditions très favorables.
Outre le prix à la casse, la deuxième banque suisse a notamment reçu une garantie de 9 milliards de francs de la part du gouvernement fédéral suisse.
Mais l’acquisition représente certains risques pour UBS. C’est un point souligné par l’analyse de S&P Global Ratings.
“Nous estimons que l’intégration de Credit Suisse dans UBS comporte un risque d’exécution important, compte tenu de la taille et du profil de crédit plus faible de Credit Suisse et, en particulier, de la complexité de la liquidation d’une grande partie des activités de banque d’investissement de Credit Suisse”, souligne l’agence de notation.