Le groupe de réassurance Scor assume depuis plusieurs années une politique de dividendes très généreuse. Cette stratégie paraît de plus en plus compromise sur le long terme par ses piètres performances économiques. Une situation critique que la crise sanitaire est loin d’avoir arrangée.
Scor a annoncé fin février le versement pour l’année 2021 d’un dividende de 1,80€ par action, ce qui représente un dividende total de 336 millions d’euros. Une somme colossale au regard du résultat du groupe, qui ne s’élève qu’à 234 millions d’euros. Et que Scor ne peut se permettre de financer que grâce au gel du versement de dividende en 2020 pour cause de crise sanitaire.
La crise sanitaire actuelle a en effet montré toute la fragilité du modèle économique de Scor. Les versements des dividendes en 2018 et 2019 n’ont été rendus possibles que par des emprunts coûteux pour le réassureur. Cette logique, intenable sur le long-terme, s’explique avant tout par la volonté de la direction de Scor de faire patienter ses investisseurs sur fond de rendements pas aussi positifs qu’annoncés.
Résultats décevants
Par ailleurs, Scor possède l’un des ratios de dette financière sur fonds propres IFRS les plus élevés du secteur, avec une moyenne de 42% entre 2017 et 2019, contre des taux qui se situent entre 12% et 25% chez la plupart de ses concurrents. Cette prise de risque devrait se traduire par des résultats supérieurs, mais à y regarder de plus près, on constate que des réassureurs comme Munich Re et Hannover Re ont délivré des ROE de 6,4% et de 12,1% entre 2017 et 2019, contre 5,6% (3,8% en 2020) pour Scor.
C’est en raison de ces résultats décevants que Scor insiste tant sur la distribution de dividendes attractifs. Mais se pose la question de la durabilité d’une telle stratégie. Combien de temps Scor pourra-t-il emprunter pour financer le versement de ses dividendes, sans mettre en péril sa propre pérennité ?