Selon une publication publiée au Journal officiel dimanche, la Banque de France va augmenter le taux d’usure à 3,79 % à partir du 1er février, contre 3,57 % au 1er janvier. Ce nouveau taux d’usure sera réévalué mensuellement jusqu’au 1er juillet pour simplifier l’accès au crédit.
Augmentation de 22 points de base
Une bouffée d’air frais pour les familles qui peinent à obtenir un prêt hypothécaire. Comme nous vous l’indiquions dans notre article hier, à compter du 1er février et pour une période de 6 mois, le taux d’usure sera calculé mensuellement plutôt que trimestriellement.
Quant au premier taux d’intérêt usuraire “nouvelle formule”, selon l’avis publié par le ministère des Affaires économiques au Journal officiel du 29 janvier, le taux d’intérêt maximum pour les prêts de 20 ans et plus est fixé à 3,79%, soit 0,22 point de pourcentage de plus qu’il y a un mois. Pour rappel, à ce jour, le taux d’usure selon ces conditions de prêt est fixé à 3,57%.
Par rapport à fin 2022, la hausse a même atteint 0,74 point de pourcentage. Cette publication est la première de la méthode provisoire des révisions mensuelles du taux, qui a été adoptée le 20 janvier et doit être appliquée jusqu’au 1er juillet.
Rappelons que ces taux d’usure seront désormais calculés exceptionnellement mensuellement, et non plus trimestriellement, sur une période de six mois. Cet “ajustement technique” a été arraché après une longue bataille par les professionnels de l’immobilier, notamment des courtiers, avec la Banque de France, et avec le soutien de Bercy (après une longue période d’hésitation).
L’idée est de lisser davantage la hausse des taux de crédit dans le temps pendant les périodes de forte hausse des taux, et d’éviter un taux d’usure du marché du crédit “stop-and-go” chaque trimestre autour des revues trimestrielles. Cette mensualité temporaire couvre toutes les durées et tous les types de crédits, y compris les crédits à la consommation.
La Banque de France a indiqué que la mensualisation du calcul ne modifiait pas le mode de calcul du taux d’usure, qui est calculé mensuellement, mais sur une base trimestrielle glissante. Durant le trimestre précédent, les banques ont proposé un taux effectif moyen de 2,78 % sur les prêts hypothécaires de 20 ans ou plus au cours des trois derniers mois.
0,58% en mars 2020
Pour protéger les particuliers des mauvaises conditions d’emprunt, les taux d’usure plafonnent l’ensemble des coûts d’un prêt immobilier : le taux du crédit pratiqué par la banque, la commission éventuelle du courtier et l’assurance de l’emprunteur.
En d’autres termes, il s’agit du taux le plus élevé auquel les banques sont autorisées à prêter toutes durées confondues.
Selon l’Observatoire Crédit Logement/CSA, le taux moyen des crédits immobiliers (hors frais et assurances) dépassera 3% d’ici le quatrième trimestre 2023. Mais ce seuil peut être rapidement franchi en intégrant assurances et frais administratifs.
Julie Bachet, directrice générale du courtier Vousfinancier, a prévenu que les remboursements mensuels “sont une bonne nouvelle débloquer le marché” mais “pourraient entraîner une accélération de la hausse des taux de crédit, qui pourrait être cet été à 4% pour les durées de 20 ans”.
Le temps où les meilleurs profils pouvaient espérer un taux de 0,58% en mars 2020 pour leur crédit immobilier semble désormais bien loin. Mais l’impact des taux d’intérêt réels (c’est-à-dire déflatés par l’inflation) sur le crédit immobilier reste important.
Il reste à voir comment le marché hypothécaire réagira. L’immobilier a connu un très net ralentissement au quatrième trimestre, ce que les banques devraient confirmer lors de la publication des résultats trimestriels.