Les taxes locales dans les 200 plus grandes villes de France ont augmenté de près de 5 % entre 2021 et 2022, selon les données de l’Observatoire de la fiscalité foncière de l’Union nationale des propriétaires. Une partie de l’augmentation est due à l’inflation, mais il y a aussi des choix politiques locaux.
Des hausses vertigineuses dans certaines villes
L’Union nationale des propriétaires immobilier (UNPI) a publié mercredi les dernières données de son Observatoire de la fiscalité foncière. En 2022, la hausse entre la croissance de la valeur locative et le taux d’imposition applicable localement est vertigineuse, avec des taxes foncières qui s’envolent de 10%, 15% voire plus de 20% dans certaines villes.
La taxe foncière nationale a augmenté en moyenne de 4,7 %, du moins parmi les 200 plus grandes villes étudiées, une augmentation qui a parfois été vertigineuse dans d’autres villes de rang intermédiaire.
La palme revient à Poissy dans les Yvelines, dont les propriétaires ont enregistré une hausse de 23,9 %. Encore plus que Mantes-la-Jolie dans le même département (+22,2%). Par ailleurs, 9 des 20 villes ayant les plus fortes hausses de taxe foncière se situent en Ile de France.
Bagnolet se classe 4e (+18,6%), Pantin 8e (+13,4%), devant Bagneux (+13,3%) ou encore Montreuil-sous-Bois 13e (+10,8%) et Courbevoie 14e (+10%). Nanterre et Rueil-Malmaison dans les Hauts-de-Seine ont augmenté de plus de 9 %.
Martigues (+19%) dans les Bouches-du-Rhône n’est pas loin. La ville devance Marseille (+16%) et Tours (+16%). Dans l’ensemble, 14 des 200 villes étudiées ont vu leur taxe foncière augmenter de 10 % ou plus.
Saint-Etienne (+7,8%) et Toulon (+5,9%) connaissent également de fortes hausses. A Paris (+3%), la hausse peut donc sembler relative, comme à Toulouse (+4,1%), Lyon (+3,4%), Le Havre (+3,4%), Rouen (+3,4%), Dunkerque (+4,1%) ou Lille (+4%).
Une partie de cette augmentation est directement liée à l’inflation et au vote parlementaire de l’année dernière. Sur la base de l’évolution des prix, la hausse annuelle du loyer légal applicable a été fixée par les élus à +3,4% cette année (et le taux d’inflation observé en 2021 est la moitié de cette valeur), la plus forte hausse depuis 1989. C’est bien au-dessus de l’appréciation de 0,2 % en 2021 et de 1,2 % en 2020.
Une autre partie de l’augmentation est basée sur des choix politiques locaux. En conséquence, les taux de la taxe foncière sur le bâti et le non-bâti en France ont augmenté en moyenne de 1,9 %, selon les estimations faites par FSL en septembre.
La taxe va continuer sa hausse en 2023
Ces augmentations sont stupéfiantes, mais dans certaines villes, les taxes foncières ont un plus grand impact. A Angers, elle équivaut à près de 3 mois et demi de loyer comme à Grenoble ou au Havre.
Au contraire, dans de nombreuses villes de la capitale et de la région parisienne, elle représente moins d’un mois de loyer.
Il y a donc une vraie différence, mais une seule constante : outre les taux appliqués par les villes et les départements, l’augmentation de la valeur des loyers liée à l’inflation explique l’explosion de cet impôt.
Mais l’évolution des impôts locaux ne doit pas s’arrêter là. Le président de l’UNPI, Christophe Demerson, a expliqué au Parisien qu’il s’attend à une “croissance terrible” l’année prochaine. “En 2023, on est loin de l’échéance électorale : ce sera donc encore une bonne année pour une hausse massive des taxes foncières par les communes”, a-t-il jugé, alors que l’inflation ne ralentit pas.
Frôlant 0% en 2021, la revalorisation de la base cadastrale est à 3,4% en 2022 et pourrait atteindre 7% en 2023 si le législateur ne fait rien pour réduire la facture et limiter cette hausse comme nous en avons parlé dans un article précédent.
Pour rappel, la taxe foncière est calculée en fonction de la valeur cadastrale du bien. L’administration fiscale part de la valeur locative théorique du bien (qui est liée à la valeur et au niveau de confort du bien) puis applique plusieurs taux d’imposition votés par la collectivité.
Il existe également des exonérations ou des réductions du montant pour cause d’handicap ou de l’âge du contribuable, par exemple en fonction des revenus du contribuable.
Ainsi, l’augmentation de la taxe foncière s’applique à travers deux leviers : l’augmentation du taux d’imposition appliqué par la collectivité et l’augmentation de la valeur cadastrale.