Patrick Pouyanné a détaillé les activités du groupe TotalEnergies en France dans une interview accordée à une audition sur les superprofits. Selon le patron de TotalEnergies, une contribution européenne aurait plus de sens. Les remises accordées par le groupe aux aux pompes de distribution ont coûté 171 millions d’euros.
Total paiera ses impôts en France
TotalEnergies paiera l’impôt sur les bénéfices français cette année. Son PDG Patrick Pouyanné en a fait l’annonce mercredi lors d’une audition en amont de la mission flash sur les “Supers Profits”. Malgré des bénéfices records, l’entreprise n’a en effet payé aucun impôt sur les sociétés ces trois dernières années car, selon l’entreprise, l’activité française était sous-rentable, mais elle a versé environ 1 milliard d’euros de cotisations sociales et 600 millions à 1 milliard d’euros en cotisations sociales.
L’activité de TotalEnergies en France, qui se compose principalement de son réseau de stations-service, de centres de R&D et de raffineries, a été affectée par la situation sanitaire récemment, mais les choses se sont améliorées aujourd’hui, elle devrait donc être rentable cette année.
Le PDG a noté qu’en 2020, une année de Covid-19 et de chute des prix du pétrole, TotalEnergies a payé environ 6 milliards de dollars en “impôts sur les bénéfices et la production”. Ce nombre est passé à “16 milliards” un an plus tard et devrait grimper à “30 milliards de dollars” cette année.
La “grande majorité” de ces paiements sont effectués dans les pays producteurs de pétrole, et “la taxe varie avec le prix du pétrole”, a déclaré Patrick Pouyanné à propos des “pays producteurs de ressources naturelles qui perçoivent des rentes”.
« Nous faisons des bénéfices dans la plupart des pays où nous produisons du pétrole et du gaz, ces impôts sont déduits de la base d’imposition française », a-t-il encore souligné.
En France, en revanche, les activités de TotalEnergies ont été beaucoup moins rentables et ont même enregistré des pertes importantes, ce que nuance le PDG. Or, en plus de l’impôt sur les sociétés, l’entreprise “contribue annuellement au budget français de l’ordre de 1,6 à 1,9 milliard d’euros”, dont environ 1 milliard d’euros va aux cotisations sociales.
Une taxation européenne ?
Cette annonce intervient au milieu d’un certain nombre de mesures du Parlement pour tenter de taxer les excédents de bénéfices de certaines grandes entreprises qui profitent de la hausse des prix de l’énergie, comme celles ciblées par l’opposition (TotalEnergies et CMA CGM).
Alors que les élus du Nupes ont déposé jeudi leur proposition de Référendum d’Initiative Commune (RIP) visant à taxer davantage les “bénéfices excédentaires” de l’entreprise, Patrick Pouyanné a mis en garde contre les conséquences du “projet fiscal”.
“Notre pays souffre de la désindustrialisation […]. Tout ce que vous ferez au parlement sera entendu par tous les investisseurs”, a-t-il déclaré aux délégués, soulignant que “des signaux défavorables à l’investissement” pourraient limiter la force d’attractivité du pays.
L’audience de mandat se poursuivra jusqu’à la fin du mois. La veille, la directrice générale d’Engie, Catherine MacGregor, expliquait que son équipe s’attend à un résultat net récurrent d’environ 4 milliards d’euros en 2022, en forte hausse par rapport à un an plus tôt, une évolution qui s’explique pour un tiers par un «effet prix» sur le gaz. Son entreprise reste convaincue du rôle central de cette source d’énergie pour encore « très, très longtemps ».
Face à un sujet potentiellement explosif, le débat entre pour et contre les impôts se tourne en faveur des premiers. “Dans notre économie sociale de marché, les profits sont acceptables et ils sont bons. Mais de nos jours, il est inacceptable de gagner des revenus et des profits extrêmement élevés en profitant de la guerre”, a déclaré la présidente de la Commission européenne, Ursulla von der Leyen.
Bruxelles prévoit de limiter les revenus des producteurs d’électricité provenant du nucléaire et des énergies renouvelables (éolien, solaire, hydraulique). Ils réalisent des profits “extraordinaires” en vendant leurs produits à des prix bien supérieurs au coût de production qui, contrairement aux centrales électriques au gaz, n’augmente pas.