Les différentes façons d’épargner son argent

Qu'est-ce que c'est l'épargne ? - ©Tierra Mallorca via Unsplash, Creative Commons

Étymologiquement, le mot épargne vient de l’ancien français « esparnier », qui signifie traiter avec indulgence. De manière générale, l’épargne se définit comme l’action d’épargner ou encore d’être économe dans la dépense ou aussi mettre de l’argent de côté pour atteindre un objectif particulier. Un ménage ou une entreprise peut de ce fait confier à la banque une partie de leurs revenus non dépensés pour bénéficier d’un certain rendement en vue d’une consommation ultérieure. L’épargne peut prendre trois formes bien distinctes : l’épargne classique, l’épargne collective et l’épargne solidaire.

L’épargne classique, sur des produits bancaires

Cette forme d’épargne consiste à placer l’argent à épargner soit sous forme de liquidités soit sous forme d’investissement.

L’épargne liquide ou thésaurisation concerne le placement d’une certaine somme d’argent liquide à la banque de façon à ce qu’il soit disponible à tout moment. Ce type d’épargne classique sert à prévenir les coups durs, c’est pour cela qu’on le nomme encaisses de précaution ou de thésaurisation. Parmi les produits d’épargne bien connus en France, on peut citer le fameux livret A, le livret de développement durable et solidaire ou LDDS, le livret jeune et le livret d’épargne populaire ou LEP.

Dans la sélection, on distingue aussi l’épargne placée comme un investissement. L’épargne sous forme d’investissement concerne les plans d’épargne, contrats d’assurance-vie, valeurs mobilières, les plans d’épargne en actions ou investissements immobiliers, etc.

Quelle que soit la forme de l’épargne choisie par le déposant, les fonds déposés en banque sont assortis d’un revenu. Autrement dit, l’épargne est assignée d’un intérêt variable en fonction du type de placement choisi. Cependant, il y en a qui subissent de prélèvements fiscaux et sociaux et d’autres non.

L’épargne collective, ou salariale, mise en place par l’employeur

L’épargne collective est une forme d’épargne mise en place par un employeur. Il peut s’agir d’un dispositif d’épargne salariale et/ou d’épargne retraite. À ce titre, d’une part, il appartient au salarié de déposer une somme ne dépassant pas 25% de son salaire brut à la banque.

D’autre part l’employeur peut également de son côté verser une somme limitée à 300% du versement avec un plafond annuel de 16% de la sécurité sociale s’il s’agit du PERCO. L’épargne collective permet en fait de se constituer un capital sur le long terme.

Les dispositifs d’épargne salariale les plus prisés par les Français sont le PEE ou plan d’épargne entreprise et le plan d’épargne interentreprises ou PEI. Le PEE est le plan d’épargne collectif le plus souple puisqu’en plus d’être facultatif, il n’est pas sélectif en termes de taille d’entreprise. Par contre, le PEI consiste en la création d’un PEE commun par plusieurs entreprises.

À part ces deux types de plans d’épargne, on distingue également le plan d’épargne de retraite collectif ou PERCO. Constitué au sein de l’entreprise employeur, le PERCO vient compléter le PEE et il est exclusivement dédié à la retraite.

L’épargne solidaire, pour soutenir des projets sociaux

L’épargne solidaire est une forme d’épargne destinée aux épargnants souhaitant voir leur argent fructifier grâce au financement de projets liés au développement du pays dont la création d’emploi ou le logement des personnes en difficulté ou encore à la promotion des activités écologiques.

Pour ce faire, il faut ouvrir un compte auprès d’un établissement bancaire ou auprès d’une compagnie d’assurance. La souscription ouvre droit à la détention d’un livret d’épargne solidaire ou d’un OPCVM solidaire ou encore d’un produit d’investissement solidaire comme le SICAV ou le FCP. L’autre option consiste à placer le capital à économiser sur un plan d’épargne d’entreprise, surtout si l’entreprise mise ses activités sur des responsabilités environnementales et sociales dans le cadre de son développement.

Mobiliser son épargne selon son revenu mensuel

L’envie et le souhait d’épargner proviennent essentiellement de l’augmentation des revenus à un moment donné, quel que soit son niveau de vie, son pouvoir d’achat et le montant du revenu en question. Pour être efficace, l’épargne doit être accompagnée d’une volonté de déposer des fonds de façon périodique, sans pour autant se priver évidemment. Avant de se lancer dans l’épargne, il est nécessaire de définir le montant de l’argent à mettre de côté ainsi que de la périodicité du dépôt.

Plus explicitement, l’épargne peut être mobilisée de façon simple et efficace de la manière suivante :

  • le déposant doit tout d’abord définir les objectifs du placement ;
  • il doit ensuite déterminer ses capacités d’épargne notamment les sommes disponibles, les dates de versements par période ;
  • ouvrir un compte d’épargne et choisir le produit le plus adéquat à ses objectifs : livret A, LEP, LDDS, PEE, etc. ;
  • assurer le suivi du livret quant à sa gestion ; etc.

Pour ouvrir un compte d’épargne, l’épargnant a le choix entre un livret règlementé ou un livret règlementé. À titre d’information, les livrets règlementés sont constitués du livret A, du LEP et du LDDS. Les livrets non règlementés comprennent le livret jeune, le CEL, le PEL, le PEE, le PEI, le PERCO, l’assurance vie, etc.

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Bien choisir son épargne – ©Tumisu, CC0 Creative Commons

Quels sont les déterminants de l’épargne ?

Les économistes classiques et néoclassiques européens comme Jean-Baptiste Say et Stanley Jevons, le niveau d’épargne est déterminé par celui du taux d’intérêt réel, c’est-à-dire le taux d’intérêt prélevé de toutes les charges sociales et d’impôts. Les premiers constats montrent que c’est le taux d’intérêt qui amène surtout les ménages à épargner une partie de leur revenu.Le revenu d’une épargne incite les gens à ne pas dépenser l’ensemble de leurs revenus pour permettre l’accroissement de leur consommation plus tard.

Ce concept est contredit par les économistes keynésiens dont le père fondateur est John Maynard Keynes dans un ouvrage publié en 1936. Pour cet économiste et ses partisans, l’épargne n’est pas incitée par l’intérêt produit par le placement, elle ne relève pas au choix entre consommation et non-consommation. Elle correspond au revenu disponible, autrement dit la marge du revenu qui peut ne pas être dépensée. Les keynésiens estiment que l’épargne augmente en fonction de la rémunération.

D’autre part, des études économiques ont montré que l’incitation à l’épargne provient d’un besoin de sécurisation financière pendant la retraite. Les épargnants concernent surtout les plus actifs sur le plan professionnel, les gens pensent à épargner durant la jeunesse pour pouvoir maintenir leur pouvoir d’achat une fois admis à la retraite. C’est ce que l’économiste américain Franco Modigliani appelle théorie du cycle de vie dans ses articles de 1954.

Que constitue l’épargne pour l’économie ?

Selon le célèbre économiste Adam Smith, l’épargne constitue un levier de développement indéniable pour l’économie d’un pays puisque les fonds collectés servent à fournir des capitaux aux entreprises. De cette façon, les entreprises seront à même d’accroître leur investissement pour pouvoir gagner en croissance.
Ce point de vue a été nié par Keynes puisque selon lui l’épargne fait dégrader les activités. Dans son ouvrage publié en 1936, il assimile l’acte d’épargne d’un individu à la « décision de ne pas dîner aujourd’hui » sans garantie que ce dernier commande « un dîner ou une paire de chaussures une semaine ou une année plus tard ». Cette épargne a ainsi « un effet déprimant sur l’industrie intéressée à la préparation du dîner d’aujourd’hui, sans stimuler aucune des industries qui travaillent en vue d’un acte futur de consommation ».

Une étude menée par France Stratégie, publiée en 2017 a montré que l’épargne des ménages soit abondante, mais qu’elle « ne semble pas favoriser particulièrement » les secteurs porteurs d’une croissance durable. Les économistes de France Stratégie invalident également le fait que détenir des actions cotées émises en France permet de financer des investissements dans le pays « les entreprises cotées investissent principalement à l’étranger ».

Comment les Français utilisent-ils leur épargne ?

L’encouragement des Français à épargner est souvent argumenté comme étant le financement des activités spéculatives des établissements bancaires.

Toutefois, une étude sur la destination de l’épargne des Français a été menée par l’institut de sondage One Way. L’interprétation des résultats montre les ressentis des personnes interrogées comme quoi la plupart remarquent que la gestion de leur épargne n’est pas tellement transparente comme elles l’auraient pensé au début. Les résultats du sondage a montré que 69% des sondés pensent que l’épargne des Français est destinée à financer les activités spéculatives des banques. Les 80% des personnes interrogées estiment que l’épargne est utilisée pour financer le fonctionnement, l’investissement et le développement des banques.

Il faut aussi noter que la collecte de fonds nette enregistrée, sur les livrets d’épargne règlementés les plus populaires en France, s’est élevée à 4.460 milliards d’euros en 2015. La même année, l’Observatoire de l’épargne réglementée annonce que les intérêts produits par ce type d’épargne s’élevaient à 403 milliards d’euros.

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