Quelle différence entre emprunt bancaire et emprunt obligataire ?

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Quelle différence entre emprunt bancaire et emprunt obligataire ? ©Robin Higgins, CC0 Creative Commons

Lorsqu’une entreprise ou un État cherche à financer ses projets, deux types de financement s’offrent à eux : l’emprunt bancaire et l’emprunt obligataire. Bien que ces deux options soient similaires sur certains aspects, elles présentent plusieurs différences importantes.

Définition emprunt obligataire

Par définition, un emprunt obligataire est un outil financier initié par une personne morale (collectivité publique, PME, entreprise publique ou privée, État, etc.).

Ce prêt obtenu par l’émission d’obligation à l’intention de plusieurs investisseurs permettrait de rentabiliser un patrimoine ou alléger les dettes d’une entreprise en vue de la préserver financièrement. Il s’agit d’un titre de créance comparable à une reconnaissance de dette.

L’émetteur fixe le montant correspondant à une obligation et évalue la valeur des intérêts à verser aux obligataires quant au remboursement de cette dernière.

L’investisseur peut ainsi choisir d’acquérir plusieurs obligations pour augmenter son rendement à l’échéance du contrat de remboursement défini. L’emprunt obligataire concerne principalement les entreprises nécessitant des fonds pour optimiser leur capacité financière ou pour renflouer leur trésorerie.

En d’autres termes, le contrat d’émission d’une obligation définit le prix d’émission, le taux d’intérêt proposé, les modalités de remboursement et sa durée ainsi que les garanties liées à l’émission du titre financier :

Le prix d’émission

Il représente habituellement la valeur nominale de l’obligation. La valeur nominale correspond au résultat du rapport entre le montant total de l’emprunt et le nombre de titres émis. Le prix unitaire des obligations est généralement compris entre 500 et 100 000 €.

Toutefois, il est possible de céder une obligation à un prix inférieur à sa valeur nominale pour solliciter plus d’investisseurs. Dans de tels cas, la différence entre le prix d’émission et la valeur nominale représente la prime d’émission.

Dans d’autres situations, les emprunts obligataires comprennent une prime de remboursement qui correspond à la différence entre le prix de remboursement et la valeur nominale.

Durée de l’emprunt

La durée de vie d’une obligation peut s’étendre de quelques mois à une période indéfinie. Selon la longueur de la durée de l’emprunt, les risques de non-remboursement peuvent augmenter et le taux d’intérêt deviennent plus importants.

Le taux d’intérêt

Le taux d’intérêt nominal est celui qui est défini lors de l’émission d’une obligation. Pouvant être fixes ou variables, ces taux fixes représentent la valeur des intérêts annuels ou “coupons” qui devraient être reversés à l’acquéreur de l’obligation.

Les taux variables dépendent fréquemment de l’évolution de l’indice de référence par rapport au marché de taux d’intérêt.

Les taux peuvent également se baser sur l’indexation d’autre valeur financière telle que le cours du baril de pétrole, le CAC ou l’or par exemple.

En général, il est prévu que les intérêts des obligations soient reversés annuellement. Toutefois, il est de pratique commune de capitaliser les intérêts et attendre le terme du contrat ou une anticipation pour restituer les intérêts à l’obligataire.

Avantages ✅Inconvénients ❌
La capacité de financement : les emprunts obligataires permettent généralement de lever des montants plus importants que les emprunts bancaires.Les coûts de mise en place : ces emprunts peuvent être plus coûteux que les emprunts bancaires, du fait des commissions versées aux intermédiaires (banques, agences de notation, etc.) et des frais liés à la communication financière.
L’accès à un large éventail d’investisseurs, ce qui peut contribuer à diversifier les sources de financement et réduire la dépendance envers une institution financière unique.Les contraintes réglementaires : l’émission d’obligations est soumise à des obligations légales et réglementaires strictes, ce qui implique des démarches administratives importantes et des délais plus longs que pour un prêt bancaire.
La possibilité de structurer l’emprunt selon les besoins de l’entreprise ou de l’État, en choisissant notamment la durée de l’emprunt et la fréquence des paiements d’intérêts.La sensibilité aux conditions du marché : le taux d’intérêt de l’obligation dépend en partie du contexte économique et financier au moment de l’émission ; en cas de tension sur les marchés, les investisseurs peuvent exiger des rendements plus élevés pour souscrire aux obligations, ce qui engendre une hausse du coût de financement pour l’emprunteur.

Définition emprunt bancaire

Un emprunt bancaire est le fait d’obtenir des fonds de la part d’un établissement bancaire en vue d’un remboursement progressif préétabli par le créancier ou le prêteur (banque). Toute personne physique ou morale peut être un potentiel débiteur ou emprunteur. Les prêts bancaires sont des produits financiers fréquemment sollicités par les particuliers autant que par les entreprises.

Dans le cadre d’un investissement personnel (achat d’un véhicule, travaux de rénovation, construction, etc.), un particulier peut faire une demande de prêt auprès d’une banque sous réserve de garanties matérielles ou sous forme d’actions (maison, voiture, part dans une entreprise, etc.).

Un emprunt bancaire est encadré par la mise en place et la signature d’un contrat par les deux parties (débiteur et créancier). Les conditions liées au crédit ainsi que la durée de l’emprunt sont définies dans ce contrat. Les caractéristiques principales d’un crédit bancaire peuvent être déclinées en quelques points :

Contrat de crédit

Le contrat relate toutes les informations rattachées au prêt en définissant avec précision la somme demandée par l’emprunteur, la durée du remboursement, la valeur des intérêts à reverser auprès de l’établissement prêteur, les frais bancaires associés au prêt et aux mouvements occasionnés par ce dernier. Lors d’un emprunt auprès d’une banque, les conditions sont imposées par la banque et non par l’emprunteur. L’institution financière octroyant le prêt bénéficie d’un contrôle accru sur les termes de l’entente ainsi que sur le montant à débloquer selon la situation financière et le patrimoine du demandeur.

Remboursement du capital avec les intérêts

Le capital représente la valeur exacte de la somme demandée et obtenue par l’emprunteur. En addition à l’obligation de rembourser ce capital dans sa totalité dans la durée prédéfinie par la banque, le demandeur doit verser une somme supplémentaire en tant que rémunération de l’établissement bancaire. Dans tous les cas, il existe un plafond d’endettement maximal, qui dépend habituellement de la capacité de remboursement de l’emprunteur, en fonction de sa rémunération mensuelle et de ses charges. La valeur totale du capital pouvant être obtenu dépend entièrement de ces paramètres ainsi que de la valeur du ou des biens gagés comme garanties du prêt.

Le type de prêt

Les prêts bancaires sont des produits financiers proposés par les établissements bancaires dont il existe plusieurs variantes. Les conditions rattachées à l’emprunt varieront selon le type de prêt et l’utilisation envisagée du capital. On distingue ainsi des prêts immobiliers, des crédits à la consommation, les crédits-bails en leasing ou en location-vente, les regroupements de crédits, etc.

Avantages ✅Inconvénients ❌
La souplesse : les conditions de l’emprunt peuvent être négociées entre l’emprunteur et l’institution financière, ce qui offre davantage de flexibilité sur les modalités de remboursement.La capacité de financement : les institutions financières peuvent imposer des limites au montant de l’emprunt en fonction de la solvabilité et de la taille de l’entreprise.
Les taux d’intérêt : souvent plus avantageux que ceux des emprunts obligataires pour les entreprises ayant une bonne cote de crédit.Les exigences en matière de garanties : certaines banques pourraient exiger des garanties telles que des actifs ou des hypothèques pour accorder un prêt.
La rapidité : une entreprise peut obtenir un prêt bancaire plus rapidement qu’un emprunt obligataire, car le processus d’obtention est souvent moins complexe.Le risque de dépendance vis-à-vis d’une seule source de financement, qui peut réduire la flexibilité de l’entreprise face aux défis du marché.

Comment choisir entre un emprunt bancaire et un emprunt obligataire ?

Pour déterminer quelle option est la plus adaptée à leur situation, les entreprises et les États doivent prendre en compte plusieurs critères :

  • Leurs besoins financiers : si le besoin de financement est relativement modeste, un emprunt bancaire peut être suffisant. En revanche, pour des montants importants, un emprunt obligataire est souvent préférable.
  • Leur profil de risque : une entreprise ayant une solide notoriété et une faible exposition au risque sera généralement mieux perçue par les investisseurs et pourra donc bénéficier d’un meilleur accès au financement obligataire.
  • La structure de capital souhaitée : si l’entreprise souhaite diversifier ses sources de financement et réduire sa dépendance vis-à-vis des prêts bancaires, l’emprunt obligataire peut constituer une alternative intéressante.
  • Le coût et le temps nécessaires pour obtenir un emprunt : si l’entreprise a besoin rapidement de liquidités, elle peut opter pour un prêt bancaire dont le processus d’obtention est généralement moins long que celui d’une émission obligataire.
  • Les contraintes réglementaires et administratives liées à chaque type de financement : certaines entreprises peuvent préférer se conformer aux exigences d’un prêt bancaire plutôt qu’à celles d’une émission obligataire.

Dans quelle mesure le prêt bancaire diffère-t-il du prêt obligataire ?

Dans les faits, un emprunt bancaire revient relativement plus cher qu’un emprunt obligataire. Cela se justifie par le fait que les établissements bancaires considèrent fortement les risques de non-remboursement des prêts octroyés. Les prêts obligataires étant “désintermédiés”, contrairement au prêt bancaire “intermédié”, se caractérisent par le financement direct de l’emprunteur par des investisseurs. Une question se pose alors : pourquoi les emprunts bancaires n’ont-ils pas été supplantés par les emprunts obligataires ?

Comment se fait-il que les deux types d’emprunts puissent coexister ?

En ce qui concerne les entreprises, le choix entre un emprunt bancaire et un emprunt obligataire dépend de leur réputation. En effet, les grandes entreprises ayant une bonne réputation ont davantage tendance à se tourner vers les dettes obligataires. D’un autre côté, les PME émergentes ou les firmes dont la réputation n’est pas encore établie s’engagent habituellement dans des contrats de crédits bancaires jusqu’à ce qu’elles gagnent en réputation pour ensuite migrer petit à petit vers la priorisation des emprunts obligataires.

Renégociation du crédit

Un autre facteur définissant le choix des emprunteurs concerne la possibilité de renégociation des contrats de crédits. Au premier abord, les emprunts obligataires semblent plus abordables et offrent une plus grande liberté au débiteur, en termes d’évaluation des intérêts et de la durée de l’emprunt. Cependant, les emprunts bancaires, étant plus nombreux et de maturité en moyenne plus courte, permettent d’engager plus facilement une renégociation.

Si le prêt bancaire octroie à l’établissement créancier un contrôle accru des informations concernant l’entreprise, ce qui lui permet d’exproprier une partie des revenus de la firme, il garantit quand même une certaine sécurité quant à la confidentialité des données financières de l’entreprise par rapport aux concurrents. Cependant, un doute persiste quant à la transparence de l’utilisation de ces informations par le créancier, qui pourrait éventuellement être à la source d’un échange de renseignements entre les firmes concurrentes.

Dans certaines situations, les demandeurs vont faire usage des deux types d’emprunts pour concrétiser leurs projets. Dans le domaine de l’immobilier par exemple, un promoteur s’engage habituellement dans un ou des emprunts bancaires pour financer les travaux. Cependant, les établissements bancaires n’accordent pas des prêts couvrant la totalité des dépenses, mais préfèrent laisser une partie des coûts aux frais personnels de l’emprunteur. Ce dernier va alors se tourner vers les emprunts obligataires pour réunir un capital suffisant pour obtenir le prêt immobilier sans avoir à déduire des sommes top importantes de ses fonds propres. Les banques sont plus enclines à prêter quand elles sont sûres que l’entreprise a déjà des fonds propres, même si ces fonds proviennent d’un emprunt obligataire, car en cas de problèmes la banque est remboursée en priorité.

Il existe ainsi des avantages et des inconvénients propres à chaque type d’emprunt. Il est important de bien étudier les garanties mises en place si elles existent et de prendre en considération le rang de la dette avant de faire un choix.

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