Le taux d’usure n’est ni plus ni moins que le taux d’intérêt maximal autorisé pour les prêts immobiliers. Le 1er décembre dernier, il a franchi un seuil symbolique sur le marché du crédit immobilier. Cette hausse pourrait apporter un véritable souffle d’air frais au marché immobilier français, qui en a grand besoin.
Une augmentation du taux d’usure attendue
Depuis le 1er février, le seuil du taux d’usure est mis à jour chaque mois plutôt que tous les trimestres, suite à de nombreuses demandes des professionnels du courtage.
Selon le Journal officiel du 29 novembre, le taux d’usure pour les prêts à taux fixes d’une durée de 20 ans et plus est désormais fixé à 6,11%. Pour les prêts d’une durée inférieure à 10 ans, il est établi à 4,4%.
Ce taux est le plus important depuis 2010, mais de façon contre-intuitive, c’est une excellente nouvelle pour le secteur immobilier français. En effet, les banques et courtiers sont désormais nombreux à considérer que le taux d’usure actuel n’est plus un obstacle à l’octroi de crédits immobiliers.
Un marché immobilier en difficulté
Le marché du crédit immobilier reste toutefois morose : en septembre, les nouveaux prêts immobiliers ont chuté à 9,2 milliards d’euros, soit une baisse de 44% par rapport à l’année précédente, le niveau le plus bas depuis janvier 2016.
Fin novembre, des suspicions concernant les banques et leur volonté de ne plus accorder de prêts immobiliers se sont fait entendre. Une sensation diffuse d’augmentation des refus de prêt a également été remarquée, bien qu’il soit difficile de mesurer précisément ce phénomène.
Pour étayer ces propos, il a été indiqué qu’un établissement bancaire français sur cinq a signalé une hausse des refus de prêts au troisième trimestre, soit deux fois plus que lors de l’enquête précédente.
Des efforts pour rassurer les emprunteurs
Aucune des grandes banques françaises n’a ouvertement critiqué ces affirmations. Leur fédération assure que les conseillers bancaires sont toujours à l’écoute de leurs clients pour trouver des solutions. Les courtiers en crédit, dont l’activité devrait diminuer de 30% à 50% sur l’année, estiment eux aussi que ce débat est dépassé.
Selon Sandrine Allonier, porte-parole de Vousfinancer (courtier en prêts immobiliers), « Le gouverneur de la Banque de France est en décalage avec les tendances du marché depuis plusieurs mois déjà« . Elle observe, de son côté, beaucoup moins de refus de prêt qu’au début de cette année. Elle constate que certaines banques reviennent sur le marché immobilier et ont commencé à baisser leurs taux d’intérêt.
Plusieurs institutions bancaires font en effet des efforts pour rassurer leurs clients quant à la disponibilité du crédit. Début novembre, lors de la présentation des résultats trimestriels du Crédit Agricole, son PDG Philippe Brassac a évoqué une volonté de redresser la barre après des mois de baisse de la production de crédits.
Une lueur d’espoir pour le secteur
Cette hausse du taux d’usure devrait ainsi offrir un véritable bol d’air frais au marché immobilier français, en difficulté depuis quelques mois. Les emprunteurs potentiels seront rassurés quant à la disponibilité du crédit immobilier et les professionnels du courtage pourront envisager plus sereinement leur activité malgré un contexte économique morose.