L’Agence France Trésor (AFT) a annoncé mercredi son intention d’emprunter 270 milliards d’euros à moyen et long terme jusqu’en 2023. S’il s’agit d’un « record absolu », cela reste « un niveau stable par rapport à 2022 » en termes de volume du produit intérieur brut (PIB) français.
Un besoin de financement moins élevé que prévu
Pour répondre aux besoins financiers croissants du pays, il n’est pas question d’économiser les ressources. Le gouvernement français, via l’Agence France Trésor, a confirmé mercredi que l’Etat prévoyait de lever pas moins de 270 milliards d’euros sur le marché à moyen et long terme d’ici 2023, soit 1 milliard de plus que cette année.
A ce niveau, la France deviendra l’an prochain le principal émetteur de dette nette de la zone euro.
Lors de la présentation du projet de budget 2023 en septembre, l’agence chargée de gérer la dette du pays estimait les besoins de financement du pays à plus de 300 milliards d’euros l’an prochain.
L’AFT a depuis revu sa copie de 7 milliards à 298,4 milliards. C’est « grâce aux rachats d’obligations prévus l’an prochain et en fin d’année », a expliqué le directeur général de l’agence, Cyril Rousseau.
L’AFT a bouclé début décembre son émission de dette prévue pour 2022, soit 260 milliards d’euros, ajoutant 26,2 milliards d’euros pour racheter la dette existante, a détaillé l’organisme affilié à Bercy dans sa présentation du plan de financement de l’Etat 2023. Le taux de remboursement a été légèrement supérieur aux prévisions en septembre au cours de la déclaration du budget de l’État.
Du fait de cette avance prise sur 2023, les besoins de financement de l’État français l’an prochain sont inférieurs aux attentes. L’AFT a choisi comme objectif d’émettre 270 milliards d’euros sur le marché, mais en réduisant son recours aux encours de dette à court terme (BTF).
Un montant équivalent aux autres années en pourcentage du PIB
Si ce montant est supérieur de 10 milliards de dollars à ceux de 2022 et 2021, c’est que l’État n’a plus la capacité de puiser autant dans les caisses de précaution qui se sont vidées depuis le début de l’épisode Covid-19 en 2020. Il doit donc compenser en augmentant les prêts. Cependant, les besoins de financement sont sensiblement les mêmes.
Cyril Rousseau, directeur général du ministère français des Finances, a précisé que, de manière générale, le plan de financement pour 2023 était placé sous le pavillon de la « stabilité ».
« Dans un environnement avec beaucoup d’incertitudes, le fait d’être une ancre de stabilité à une valeur pour l’émetteur comme pour les marchés », a-t-il justifié dans une conférence de presse.
Les 270 milliards devraient donc équivaloir à 9,8 % du PIB de la France en 2023, comme en 2022, contre 11,3 % en 2020.
Les taux augmentent aussi pour les emprunts étatiques
Il n’est pas prévu d’émettre de nouvelle dette verte, mais l’AFT prévoit d’émettre au moins une nouvelle dette indexée sur l’inflation à 10 ans.
Cette dette représente 10 % des émissions annuelles de la France, et son coût s’envolera en 2022 avec la flambée de l’inflation, atteignant 6,2 % en novembre en France et 10 % dans la zone euro.
Alors que l’inflation s’accélère, « 2022 débouche sur le premier cycle de hausse des taux depuis une décennie », notait Cyril Rousseau il y a trois mois, soulignant la « grande incertitude de l’environnement » et la volatilité.
En moyenne, la France a emprunté à 1,03% en 2022 et à taux négatifs en 2020 (-0,30%) et 2021 (-0,28%).
Le prêt de référence à taux fixe sur 10 ans était en moyenne de 1,5 % cette année. Sur le marché obligataire, où les investisseurs négocient des titres de créance, le taux était de 2,26% vers 12h30 mercredi. Au 1er janvier 2022, il oscillait encore autour de 0,2 % après une longue période de valeur négative l’an dernier.