Le nombre de passoires thermiques, ces habitations très énergivores, est sans doute largement sous-estimé. Il s’agit d’un énorme problème social à venir, car la loi a changé et certains logements ne seront plus loués.
Le nouveau DPE fait doubler le nombre de passoires thermiques en France
Le nombre de passoires thermiques serait largement sous-estimé, notamment du fait du nouveau Diagnostic de Performance Énergétique (DPE) en vigueur depuis juillet 2021. La France compte environ 5 millions de logements énergivores : 4,8 millions de foyers exactement.
C’est ce qui était indiqué avant de mettre en place le nouveau DPE (Diagnostic de Performance Énergétique). Le DPE est une analyse qui permet de donner une note de A à G pour nos logements. Les passoires thermiques sont les logements obtenant une note équivalente à E, F ou G. Ce diagnostic est devenu obligatoire, mais en plus, le mode d’établissement de celui-ci a également changé.
Avec cette nouvelle méthode, la France ne compte plus 5 millions de passoires thermiques, mais 8 à 9 millions. L’été dernier, le gouvernement avait été prévenu : les diagnostiqueurs qui ont fait appliquer le DPE expliquaient qu’avec ces nouveaux critères, au lieu que ce soit 15 % du parc de logements français classés en passoire thermique, ce serait 25 %.
L’exécutif a donc révisé en urgence les fameux critères à l’automne, sauf que les diagnostiqueurs sont formels : les résultats n’ont guère bougé. Donc dans la situation actuelle, la France compte 8 à 9 millions de passoires.
Aussi, dans l’ancienne version du DPE, entre le secteur privé et les HLM, on parlait déjà d’environ 3 millions de logements à rénover. Cette fois, nous devrions avoir environ 4 millions de foyers.
Tout d’abord, gardez à l’esprit que le nouveau DPE, obligatoire pour toute vente, peut désormais être opposable. Lors de la vente d’un bien classé F ou G, les acheteurs peuvent grincer des dents et vouloir négocier le prix. Si le diagnostic est truqué, l’acheteur pourra s’opposer au vendeur.
Rénover 5 millions de logements d’ici 5 ans
Par conséquent, dans certaines régions, ces passoires thermiques bénéficieront d’une importante remise sur le prix. Mais c’est aussi une bombe sur le marché locatif, car à partir de 2025, tous les logements de niveau G ne seront plus disponibles à la location, et à partir de 2028, les logements de niveau F ne seront plus disponibles à la location. Malgré des rénovations envisagées par les propriétaires, il y aura une pénurie de logement d’ici là.
« C’est un véritable enjeu. Il faut convaincre et expliquer aux propriétaires. Beaucoup de diagnostics n’ont pas été refaits. Il est urgent d’informer et transmettre ces informations aux clients. Le DPE va avoir une véritable influence sur le prix », explique Guillaume Martinaud, le patron du réseau Orpi.
Alors que le coût moyen minimum pour sortir un bien de de l’état de passoire thermique est de 40 000 €, cela signifie que 160 milliards d’euros devront être mobilisés sur les 5 prochaines années. Le budget de 2 milliards d’euros d’aide à la rénovation de MaPrimeRénov n’est clairement pas suffisant.
En 2025, les logements de classe G seront interdits de location. En 2028, ce sera le tour des logements de classe F. Avec l’ancienne formule de DPE, entre parc privé et HLM, on parlait déjà de rénover environ 3 millions de logements d’ici 2028. Ce chiffre était déjà difficile à tenir. Aujourd’hui, avec la nouvelle version du DPE, nous devrions avoir environ 4 millions de foyers à rénover.
Avec le calendrier actuel, ce n’est pas faisable. Ce n’est pas le thermomètre qu’il faut remplacer, mais le calendrier ou les moyens financiers dont dispose le pays pour atteindre ses objectifs.