Pour la première fois en sept ans, la production de prêts immobiliers chute drastiquement, plongeant en dessous de 10 milliards d’euros. Des taux d’intérêt qui s’envolent, un rattrapage post-confinement et une prudence des acteurs financiers redessinent le paysage.
Une première depuis plus de 7 ans
Selon la Banque de France, la production de nouveaux prêts immobiliers hors renégociations a chuté en dessous de la barre symbolique des 10 milliards d’euros en août.
Ce repli marque une première en plus de 7 ans et témoigne d’un changement de tendance dans le secteur du crédit immobilier après des mois au-dessus de 20 milliards d’euros, notamment en octobre 2020, mai, juin et juillet 2021 ou avril et mai 2022.
L’impact des taux d’intérêt élevés est l’une des raisons expliquant cette contraction de la production de crédits immobiliers (Voir les taux d’intérêts en octobre 2023). Le taux d’intérêt moyen a été multiplié par trois et demi en seulement 18 mois, pour atteindre environ 3,81 % hors frais et assurances pour les nouveaux prêts hors renégociations en septembre, selon une estimation initiale de la Banque de France.
Effet de rattrapage après les confinements et anticipation des hausses de taux
Ce retournement de situation s’explique également par un « effet de rattrapage » après les périodes de confinement en 2020 et 2021, durant lesquelles de nombreux projets immobiliers ont été mis en suspens. Par ailleurs, les emprunteurs en 2022 ont cherché à profiter des taux d’intérêt attractifs avant l’annonce d’une hausse prévue.
Malgré ce contexte, la proportion de primo-accédants utilisant des crédits immobiliers pour l’achat d’une résidence principale continue de représenter environ la moitié de la production de crédit en 2023, soit un niveau légèrement supérieur à la moyenne observée depuis 2015.
HCSF maintient les règles d’octroi de crédit immobilier inchangées
Le Haut Conseil de stabilité financière (HCSF), qui regroupe notamment le ministre de l’Economie et le gouverneur de la Banque de France, a décidé le 26 septembre de ne pas modifier les règles d’octroi des crédits immobiliers, estimant qu’un assouplissement de ces règles ne contribuerait pas à résoudre les difficultés du marché.
Les conséquences pour les acteurs du marché immobilier
Cette baisse de la production de crédits immobiliers pourrait avoir plusieurs effets sur les différents acteurs du marché :
- Pour les emprunteurs : face aux taux d’intérêt élevés, certains ménages pourraient être amenés à repousser leur projet immobilier ou à revoir à la baisse leur capacité d’emprunt.
- Pour les banques : une diminution de la demande de crédits immobiliers pourrait impacter leurs revenus, mais également inciter certaines d’entre elles à être plus compétitives pour attirer de nouveaux emprunteurs.
- Pour les professionnels de l’immobilier : une baisse des ventes et des transactions immobilières est envisageable si le financement devient plus difficile à obtenir pour les acheteurs.
Le marché des prêts immobiliers en France connaît actuellement un ralentissement notable avec des niveaux de production inférieurs à ceux des dernières années. Toutefois, l’évolution de ce marché dépendra de plusieurs facteurs tels que les taux d’intérêt, les mesures gouvernementales ou la conjoncture économique.