Aux Etats-Unis pendant la crise financière de 2009, la Trésor américain avait dû emprunter 1.800 milliards de dollars, en ayant pris soin de transformer la dette en obligations, et de les vendre à qui voulait investir dans le monde mais aussi sur le territoire américain. Cette somme qui parut énorme il y a 11 ans, n’est rien à côté du montant que le Trésor Américain a dû emprunter cette année pour financer cette crise sanitaire due au Covid-19, à savoir plus du double.
Assemblée nationale des actionnaires de Berkshire Hathaway
Chaque année, le « Woodstock for Capitalists », l’assemblée nationale des actionnaires de Berkshire Hathaway se tient à Omaha dans la plus grande ville du Nebraska et en ce 2 mai 2020, malgré le Covid-19 obligeant le monde entier à rester confiné chez soi, cette assemblée a été maintenue mais d’une manière originale, à savoir diffusée en direct sur Yahoo Finance. L’homme d’affaires américain Warren Buffett, 89 ans, surnommé « l’oracle d’Omaha », est l’investisseur le plus suivi au monde. Chaque année, les actionnaires de Berkshire Hathaway trépignent d’impatience de pouvoir le voir et l’entendre s’exprimer sur la situation, donner des conseils, mais aussi surtout les rassurer. Ils ne pouvaient manquer ce rendez-vous et c’est depuis leur lieu d’habitation qu’ils ont pu l’écouter.
Dans cette arène vide à Omaha, et en l’absence de Charlie Munger, son acolyte principal et associé en affaires chez Berkshire Hathaway, Warren Buffett a commencé samedi la réunion avec un message ferme : « Rien ne peut arrêter l’Amérique ».
Malgré la pandémie, Warren Buffett croit toujours en l’Amérique. Il a souligné toute l’importance qu’il a eu à surmonter les défis du passé. Pour lui, l’Amérique d’aujourd’hui est en pleine forme, rassurant par son attitude optimiste, les investisseurs qui placent de l’argent dans des actions à long terme.
Warren Buffett a aussi conseillé les fonds indiciels car ils sont peu coûteux. Trouvant que les conseils financiers valent une fortune, il a critiqué les performances que la plupart des conseillers financiers sont capables d’atteindre. Pour lui, la plupart des vendeurs du secteur financier qui croient tout ce qu’ils affirment, ne sont pas en mesure de fournir des résultats supérieurs. Il pense que les gens paient énormément d’argent pour des conseils dont ils n’ont vraiment pas besoin.
Si en ce moment, Warren Buffett préfère les actions aux obligations, c’est parce que les alternatives ne sont pas très bonnes. Les obligations du Trésor américain à 30 ans ne rapportent que 1,25 %. Berkshire lui-même a profité des faibles taux d’intérêt en empruntant de l’argent à des taux d’intérêt zéro. Et battre les bons du Trésor à 30 ans pour égaler le taux d’inflation, l’oracle d’Omaha estime qu’il est encore plus facile d’investir dans des actions.
Pour Warren Buffett, il n’y a pas de risque, expliquant aux investisseurs inquiets que, je cite : « Si vous imprimez des obligations dans votre propre monnaie, la question sera de savoir ce qu’il adviendra de cette monnaie ». Mais vous ne faites pas défaut. Les États-Unis ont été intelligents en émettant leur dette dans leur propre monnaie », en précisant que les autres pays ne le font pas, comme l’Argentine par exemple, parce que la dette n’est pas dans sa propre monnaie, laissant dire que beaucoup de pays compétents auront ce problème à l’avenir s’ils agissent de la sorte.
Warren Buffett a souligné les distinctions qui font que le Trésor américain est bien différent de votre propre argent. En effet, beaucoup d’américains se sont inquiétés de l’augmentation de la dette nationale, les réductions d’impôts et les dépenses créant un écart toujours plus grand entre les sorties et les recettes.
Et il s’est empressé d’ajouter :
Il est très douloureux de devoir de l’argent dans la monnaie de quelqu’un d’autre. Si je pouvais émettre des dollars Buffett dans une devise, que j’avais une presse à imprimer et que je pouvais emprunter de l’argent, je ne serais jamais en défaut de paiement.
N’oublions pas que le gouvernement américain possède la planche à billets pour verser l’argent aux détenteurs de sa dette. La principale préoccupation concernant le fait d’imprimer de l’argent uniquement pour payer ses obligations est l’inflation.
D’ailleurs, Alan Greenspan, le Président de la Réserve Fédérale des Etats-Unis (en anglais The Federal Reserve Board), a dit quelque chose de similaire :
Les États-Unis peuvent payer n’importe quelle dette parce que nous pouvons toujours imprimer de l’argent pour le faire. Il n’y a donc aucune probabilité de défaillance.
Mais il n’y a aucun doute sur la capacité des États-Unis à payer les dollars qu’ils doivent. L’Oracle d’Omaha a rappelé que Standard & Poor’s a abaissé la note de crédit des États-Unis en 2011. Cela n’avait aucun sens pour Warren Buffett. Et comme pour finir de rassurer les investisseurs, il a lancé cette phrase :
Comment pouvez-vous considérer une société comme plus forte qu’une personne qui peut imprimer l’argent pour vous payer, je ne comprends pas. Alors ne vous inquiétez pas de la défaillance du gouvernement.
Warren Buffett a ensuite signalé que le Gouvernement a fait fermer des entreprises, en raison d’arguments partisans concernant le relèvement du plafond de la dette. Il a voulu donner son avis, ajoutant :
Je pense que c’est un peu fou, d’ailleurs… d’avoir ces limites sur la dette. Et après avoir fait fermer ces entreprises, le Gouvernement a stoppé ces arrêts, en se disputant pour savoir s’il allait augmenter les limites. Nous allons augmenter les limites de la dette.
« La dette ne va pas être payée, elle va être remboursée », s’est exclamé Warren Buffett, en référence aux années 1990 où la dette avait diminué et où le pays en avait tout simplement créé davantage.
« Lorsque la dette diminuera un peu, le pays va imprimer plus de dette. Le pays va croître en termes de capacité à payer la dette », a déclaré Warren Buffett. « Mais l’astuce est de continuer à emprunter dans sa propre monnaie. »
Charlie Munger, 96 ans, n’était donc pas présent, mais Warren Buffett a déclaré que son partenaire commercial de longue date était en pleine forme et qu’il reviendrait à la réunion annuelle l’année prochaine.
« Charlie est en bonne santé. Je suis en bonne santé », a-t-il ajouté.