Selon une annonce faite par le ministre de l’Économie, Bruno Lemaire, la collecte du livret A aurait connu une hausse de 50 % en 12 mois seulement, entre mars 2019 et mars 2020. Les répercussions de l’évolution trop rapide du nombre de déposants se ressentent auprès des nombreux clients qui se retrouvent avec un rendement revu à la baisse et désormais fixé à 0,5 %.
Bref historique et description du Livret A
La relation presque intime entre les Français et le « livret A » a débuté avec sa création en 1818, sous le nom de « livret de caisse d’épargne », à l’initiative de l’industriel et banquier Benjamin Delessert. Une date qui semble lointaine, mais qui n’a pas changé l’attraction des épargnants pour cette solution d’épargne. Sa création fut motivée par le souci de faire face à la crise financière engendrée par les guerres napoléoniennes.
Les propriétés du livret A :
- Un unique livret par personne (majeur, mineur, sous tutelle).
- Le versement minimum à l’ouverture est de 10 €.
- Possibilités de virements, versements et de retraits.
- Plafond actuel à 22 905 €.
- Taux actuel 0,5 %.
- Garantie de dépôt.
- Versements mensuels sans objets (libres).
- Exonéré de l’impôt sur le revenu et de prélèvements sociaux.
- Calcul d’intérêts bimensuel (1er et 16 du mois).
- Cumulable avec d’autres comptes sur livret tels que le LDDS (livret de développement durable et solidaire) ou le LEP (livret d’épargne populaire).
Évolution négative du rendement du livret A
Trop prisé des Français malgré une incompréhension de sa meilleure utilisation, le livret A a connu une baisse trop importante de son rendement durant ces deux derniers siècles. Si les chiffres datant de 1981 présentaient un rendement de 8,5 %, la rémunération pour un même livret a vu son taux baisser de 50 % en un peu plus d’un quart de siècle (2008), revalorisant le taux à 4 %. Le temps n’a pas arrangé les choses, car en 2015, les taux ont été figés à 0,75 %.
Cette diminution drastique du rendement est étroitement liée à l’accroissement constant du nombre de dépôts. Depuis la fin de l’année 2018, l’augmentation constante de la collecte du livret A s’est renforcée et s’est amplifiée tous les mois. Les effets de cette tendance se ressentent encore plus depuis le début de la crise sanitaire liée au COVID-19 en cette année 2020 avec la décision du ministère de l’Économie de rabaisser les taux encore une fois pour atteindre la limite minimum fixée à 0,5 %.
Raisons de la baisse considérable du rendement du livret A
Plusieurs raisons ont motivé cette diminution de la rémunération du livret A. La réponse du gouvernement aux questions soulevées par une telle décision se porte sur la nécessité d’inciter à l’application d’une « politique de diversification des placements ». La faible rémunération du livret actuel ne permet plus de se mettre à l’abri de l’inflation en dépit de la hausse du niveau de vie. En effet, les caractéristiques du livret A en ont séduit plus d’un puisque près de 80 % des Français possèdent ce fameux livret.
Un souci de mauvaise utilisation de l’épargne est cependant soulevé par les établissements bancaires ainsi que l’État. D’après leurs observations, le livret A est de plus en plus utilisé comme un second compte courant avec plus d’avantages. Son accessibilité en justifie cette tendance : tous les âges (majeur mineur), possibilités de dépôts et de retraits ouverts, dépôt initial minimum de 10 €, exonéré de l’impôt sur le revenu et cotisation sociale.
L’approvisionnement de près de 60 % des livrets est effectivement inférieur à 1 500 € et les dépôts mensuels des 40 % restants sont inférieurs à 150 €. D’un autre côté, une grande partie des déposants considèrent (peut-être à tort) le livret comme un placement d’investissement à l’instar de son rôle véritable de placement de précaution. Alireza Gorzin, Président de BFG Capital, condamne ce comportement des Français qu’il juge incohérent en avançant que :
Les Français ont peur de manquer d’épargne plus tard, mais ne prennent pas le temps de se renseigner davantage sur les placements. La peur, au lieu de figer l’épargnant, devrait être pour lui un moteur d’anticipation.
Il insiste sur le fait que les Français devraient mieux se renseigner sur l’utilisation du livret en tant que fonds de précaution, et n’y déposer que des liquidités de secours. En réalité, les placements de précaution ne devraient pas dépasser une certaine somme de liquidité afin de se préserver des imprévus. Il est donc conseillé d’approvisionner ce compte jusqu’à hauteur d’environ 2 mois de salaire et d’investir l’épargne en excès dans des placements au rendement plus intéressant.
Comment faire pour profiter au mieux de son épargne ?
Il existe des solutions plus adaptées si l’intention est de placer son capital dans un investissement plus rentable :
- L’investissement en fonds immobilier : cette alternative est avantageuse pour les épargnants qui n’ont pas la capacité financière suffisante pour investir dans un bien immobilier. Il s’agit de rassembler les apports financiers de nombreux particuliers par l’intermédiaire d’un dispositif permettant de financer plusieurs nouveaux projets.
- L’assurance vie : cette solution permettrait à chacun de se constituer un plan d’épargne spécialement conçu pour sa situation : placement en UC (unité de compte) ou en fonds euros. Les placements en « fonds euros » sont les plus prisés malgré un rendement légèrement en baisse : 1,6 % en moyenne. Les placements en unité de compte semblent être les plus adaptés pour assurer une diversification du patrimoine financier. Le rendement est plus conséquent, mais il existe cependant des risques non négligeables qu’il faut considérer.
Pour conclure, force est de préciser que le livret A resté une solution intéressante lorsqu’il est utilisé à bon escient. Les épargnants sont invités à s’informer davantage sur les autres options d’investissement pour diversifier leurs placements et améliorer le rendement de ces derniers. En cette situation de crise, il est jugé plus prudent de multiplier les investissements de manière intelligente pour éviter de se reposer sur une seule solution.