Crédit Mutuel Alliance Fédérale a annoncé jeudi la création d’un « dividende sociétal » durable, équivalent à 15% du résultat net du groupe, pour soutenir des projets environnementaux et sociaux.
Un dividende en faveur de l’environnement et de la société
« Pour une entreprise, sans mettre en place une stratégie environnementale et solidaire, il n’y a pas de stratégie viable aujourd’hui », assure Nicolas Théry, président de Crédit Mutuel Alliance Fédérale (CMAF).
« Nous sommes une entreprise à mission. Il nous a semblé intéressant d’aller au bout de la démarche de ce qu’est une entreprise à mission et par conséquent de travailler à un meilleur partage de la valeur », a expliqué Daniel Baal, directeur général de Crédit Mutuel Alliance Fédérale, à l’antenne de BFM Business ce jeudi 5 janvier.
La banque, qui regroupe 14 des 18 fédérations régionales de Crédit Mutuel, ainsi que le CIC, a pris des mesures pour lutter contre le réchauffement climatique (sortie du charbon…) et soutenir la solidarité (les primes favorisent les assureurs subissant des pertes d’exploitation pendant le Covid…) .
Elle compte désormais aller plus loin.
« Nous avons beaucoup expérimenté et innové. Aujourd’hui, nous voulons donner à nos actions une forme durable, simple et vérifiable en créant un dividende sociétal », explique Nicolas Théry.
« Aujourd’hui, on doit tous se mobiliser pour opérer la révolution environnementale et solidaire », défend Nicolas Théry, président de Crédit Mutuel Alliance Fédérale. « On doit le faire ensemble, de manière coordonnée et avec de gros moyens ».
La banque mutualiste à mission a donc décidé de consacrer chaque année 15% de son résultat net, soit 500 millions d’euros de ses performances 2021, à des thématiques liées à « Révolution environnementale et Solidarité ».
Selon le Crédit Mutuel, le ratio de ce dividende est bien supérieur à la pratique actuelle des entreprises du secteur, avec seulement 0,5% du bénéfice net reversé à l’entreprise.
Comment seront répartis les dividendes ?
La caisse fédérale, qui réalise un bénéfice net de 3,5 milliards d’euros en 2021, pourrait donner environ 500 millions d’euros si les résultats sont comparables en 2022.
Ce montant sera divisé en trois ensembles. La moitié sera versée dans un premier temps à un fonds d’investissement sans objectif de rentabilité financière pour soutenir les entrepreneurs sociaux et les projets non rentables.
« Les défis de la révolution environnementale et sociétale vont coûter très chers, et l’Etat endetté ne pourra pas tout », estime le Crédit mutuel. « Les sociétés sont une grande partie de la solution. L’utilité collective n’est plus réservée à l’Etat mais aussi aux entreprises et à leurs salariés », poursuit le communiqué.
Le groupe décuplera alors son action de mécénat, passant de 6 à 60 millions d’euros par an – environ 15 % du dividende social total lui sera alloué. Son nouvel outil, Cybermut, ne devrait faire qu’accélérer cette croissance.
Enfin, l’agence allouera une partie des financements (35 %) à des actions pour « faire évoluer les pratiques bancaires et assurantielles ». Plus précisément, la question de la prise en charge de certaines mesures en faveur des clients.
Peu d’impact sur les impôts de l’entreprise
Le Crédit Mutuel Alliance Fédérale a ainsi rappelé l’annonce en 2021 de la fin du questionnaire de santé pour certains clients souhaitant souscrire une assurance emprunteur, mesure dont le coût était alors estimé à 70 millions d’euros par an.
Depuis que la loi a supprimé les questionnaires de santé pour les prêts inférieurs à 200 000 euros et dont la dernière mensualité intervient avant les 60 ans du souscripteur, le dividende social ne couvrira pas le coût de la mesure.
La banque a déclaré que les dividendes sont versés après le bénéfice net du groupe et devraient avoir un impact minimal sur les taux d’imposition, contrairement aux dons qui offrent des droits fiscalement avantageux.
Cette volonté de société et d’action sociale est concrétisée par Nicolas Théry, patron du Crédit Mutuel, qui a un profil atypique : ancien énarque et membre du cabinet de Dominique Strauss Kahn, il fut aussi secrétaire fédéral de la CFDT au début des années 2000.