Les alertes se multiplient sur l’état des comptes de la ville de Paris. Accro aux dépenses et aux prêts, Anne Hidalgo mène la capitale à la catastrophe. Selon nos informations, sa dette réelle dépasse largement les 7,7 milliards d’euros actuellement évoqués.
La dette de Paris, particulièrement inquiétante
La situation budgétaire délicate de la capitale, dirigée par Anne Hidalgo depuis 2014, est pointée du doigt par un rapport d’observation de la Commission régionale des comptables d’Ile-de-France (CRC). La dette de la ville de Paris s’est envolée. Il y a deux ans, la ville reconnaissait avoir atteint 6 milliards d’euros de dette. Depuis elle s’est encore envolée. La ville refuse d’admettre, ou très douloureusement, qu’un milliard supplémentaire est « caché » par les loyers capitalisés perçus auprès des bailleurs sociaux municipaux.
Selon les derniers chiffres fournis par la mairie, la durée théorique nécessaire pour rembourser les prêts qu’elle a contracté est désormais de 19,33 ans, bien au-delà du seuil d’alerte fixé par la loi de programmation pluriannuelle des dépenses publiques d’une durée de 12 ans. Le chiffre officiel, qui est déjà plus du double de la moyenne nationale, est largement sous-estimé. Le rapport critique la gestion qui a gonflé la dette de la ville. Paris « investit trop par rapport à sa capacité budgétaire, ce qui l’amène à recourir massivement à l’emprunt”. Cela n’empêche pas la municipalité parisienne de poursuivre sa marche effrénée : d’ici 2022, l’encours des prêts devrait encore s’envoler de plus de 900 millions d’euros (net des prêts remboursés cette année-là), soit 17,5 % des recettes fiscales.
Les élus LR du Conseil de Paris sont sortis du bois le mois dernier pour exiger la mise sous tutelle de la capitale. “Si les règles étaient respectées, la ville serait en faillite aujourd’hui », a assuré Rachida Dati, maire LR du VIIe arrondissement.
Les dépenses d’investissement sont élevées et l’épargne totale « structurellement trop faible », la CRC s’inquiète. Les touristes internationaux, surtout après l’épidémie, ne sont pas encore revenus, entraînant une forte baisse des revenus, tandis que la ville a d’importantes dépenses prévues, comme celles liées aux JO de 2024. S’il n’est pas question d’augmenter temporairement les impôts locaux : la marge de manœuvre est limitée.
Des pratiques douteuses pour survivre
Lorsqu’une collectivité porte atteinte à ses finances (ce qui arrive parfois dans les petites villes) ou lorsqu’elle présente des comptes malhonnêtes, la loi oblige l’État à la contrôler pour rétablir l’ordre. Pourtant, malgré le feu vert unanime des agences de notation (et elles continueront à le faire tant que la vente de la tour Eiffel et des immenses actifs immobiliers publics suffira à rembourser la dette sur le papier), Paris n’est pas loin de cet échéance.
Pour justifier leur gestion, les élus mettent en avant la pratique persistante de la capitalisation des loyers par la ville de Paris. Cette pratique imaginée par l’équipe d’Anne Hidalgo en 2016, et qu’aucune autre grande ville n’ose adopter est très simple. Pour combler un trou dans son budget de fonctionnement, la ville impose aux organismes HLM de lui verser une avance annuelle d’une partie des loyers qu’elle percevra pendant les 60 prochaines années. Cela revient à les obliger à s’endetter pour eux, puisqu’ils n’ont évidemment pas l’argent en caisse.
Anne Hidalgo a écrit qu’elle était « d’accord avec la nécessité d’efforts de gestion et la nécessité de rétablir l’épargne globale aux niveaux d’avant la crise » mais a averti qu’elle entendait maintenir « les volumes d’investissement ». Elle a défendu son choix politique et renvoyé la balle au gouvernement, qui a limité le soutien à la collectivité jusqu’en 2023, date à laquelle le financement global de fonctionnement disparaît complètement.
Pendant ce temps, la dette de la capitale s’élevait à 3 498 euros par habitant en décembre 2020. Les querelles budgétaires se poursuivent, mais le nouveau rapport, qui doit être débattu lors du prochain Conseil de Paris du 8 au 11 février, remet la question de la gestion du capital sur le devant de la scène. Désormais en campagne électorale, Anne Hidalgo doit faire face aux attaques répétées de l’opposition, de la droite et du gouvernement sur cette épineuse question.