Les différentes agences de notation Moody’s et S&P ont abaissé leurs perspectives de croissance pour la France en 2023, tout en prévoyant une forte hausse du déficit budgétaire dans les années à venir.
Moody’s plus optimiste que S&P
L’agence de notation Moody’s a confirmé vendredi la note concernant la dette souveraine de la France et les perspectives « stables » associées, confirmant sa confiance dans l’économie du pays, tandis que son rival Standard & Poor’s était plus pessimiste.
Dans un communiqué, Moody’s a donc maintenu sa note « Aa2 », qui, selon l’agence, reflète “les atouts d’une économie riche et diversifiée, un profil démographique plus favorable que de nombreux autres pays développés, et une bonne capacité à payer ses dettes au fur et à mesure qu’ils arrivent à échéance, bien qu’ils soient lourdement endettés ».
Quant à la perspective de stabilité, l’agence de notation suggère que les risques pour l’image du profil émetteur de la France sont désormais mesurés.
Selon Moody’s, la France « continue de bénéficier des réformes économiques structurelles mises en œuvre ces dernières années, notamment les réformes du marché du travail ». En conséquence, le gouvernement prévoit « des réformes des retraites qui peuvent remédier au sous-emploi des personnes âgées ».
Celle-ci « pourrait remédier au faible taux d’activité des travailleurs âgés, mais ce changement ne sera pas suffisant en soi pour porter le taux d’activité des travailleurs âgés aux niveaux ce que l’on observe dans la plupart des pays de l’UE bien notés », nuance l’agence.
De son côté, l’agence de notation Standard & Poor’s Ratings a annoncé le maintien de la note de la dette française, mais n’exclut pas une dégradation dans les mois à venir.
De manière problématique, le ralentissement de l’économie française et la détérioration des finances publiques ont été liés à l’’octroi d’aides aux ménages et aux entreprises pour compenser l’inflation, en particulier la hausse des prix de l’énergie dans le pays.
S&P a abaissé sa prévision de croissance du PIB français en 2023 à 0,2 %, alors que sa dernière évaluation de juillet prévoyait une croissance de 1,7 % l’an prochain.
Parallèlement, l’agence de notation a relevé sa prévision de déficit budgétaire à 5,4 % du PIB, contre 4 % en juillet. Elle prévoit une dette publique égale à 112% du PIB d’ici 2025.
En conséquence, la perspective liée à la dette française est passée de « stable » à « négative », mais la note est restée inchangée pour l’instant.
Deux scenarii envisagés par les agences de notation
S&P a déclaré que les prévisions étaient soumises à « des risques supplémentaires susceptibles de réduire davantage la marge de manœuvre budgétaire de la France ».
Ces risques comprennent une récession prolongée, l’incapacité à limiter la dette publique et même des retards dans le calendrier de réforme prévu par le gouvernement, selon le communiqué.
Compte tenu du choc économique auquel l’Europe est actuellement confrontée, même la stabilisation de la dette semble hors de portée – dans le pire des cas, la dette pourrait grimper à environ 130 % du PIB d’ici la fin de 2026.
Concrètement, S&P a dévoilé deux scénarios d’évolution de la note de la dette française. Un scénario négatif conduisant à une dégradation qui se produirait si l’agence observait un manque de réformes structurelles, une augmentation des paiements d’intérêts publics de plus de 5% de ses revenus ou un ralentissement prolongé des performances économiques du pays.
En revanche, si le déficit est plus faible que prévu, le scénario optimiste conduirait à une hausse de la note. Cela pourrait se produire si des réformes structurelles sont mises en œuvre, notamment des gains de productivité, accompagnées d’une « consolidation budgétaire résolue » et d’une croissance économique plus forte que prévu.