La Banque de France a détaillé le profil des ménages surendettés pour l’année écoulée. Il s’agit majoritairement de femmes avec enfants qui vivent sous le seuil de pauvreté en Haute-France ou dans le centre du Val de Loire.
Les personnes isolées, les familles monoparentales, les chômeurs, …
Après un léger rebond en 2021, le nombre de dossiers de surendettement déposés auprès de la Banque de France a de nouveau baissé en 2022.
Les régies départementales de l’institution comptaient 113 081 personnes l’an dernier. Cela représente une baisse de 7 % en 12 mois, et même une baisse de 51 % si l’on remonte à 2014.
“Cette tendance paraît tenir plus particulièrement à la baisse du chômage sur cette période, ainsi qu’à plusieurs réformes visant à prévenir le surendettement et à améliorer l’efficacité de la procédure de traitement des dossiers”, a expliqué Hélène Arveiller, directrice adjointe des particuliers à la Banque de France, lors de la présentation de l’enquête typologique du surendettement 2022, ce lundi 6 février.
Les femmes et les personnes « isolées » sont toujours surreprésentés dans les cas de surendettement, selon les chiffres portant sur 2022 publiés lundi par la Banque de France.
«Les personnes surendettées sont souvent des adultes isolés ou des femmes, surtout quand elles sont cheffes de famille monoparentale», indique la Banque de France dans son communiqué.
Les femmes constituent ainsi 55 % des débiteurs et coobligés, contre 50 % pour l’ensemble de la population française. En plus de cela, les femmes célibataires avec enfants représentent près de 20% des dossiers alors qu’elles représentent moins de 10% de tous les ménages.
Les hommes ne sont cependant pas épargnés puisque 28 % des ménages surendettés sont des hommes vivant seuls (16 % de la population française).
De plus, une personne très endettée sur quatre est au chômage. Selon la Banque de France, 88% sont locataires ou hébergés à titre gratuit, « plus du double que leur représentation au sein de la population française ».
« En termes de profils du personnel, il n’y a pas d’évolution significative en 2022 », a expliqué Hélène Arveiller, directrice adjointe du secteur privé de l’agence, dans un communiqué.
Suspendre, restructurer ou effacer les dettes
Instaurée depuis 1990, la Procédure de Surendettement permet aux familles dont les dossiers sont acceptés de bénéficier de plusieurs protections. Il s’agit notamment de la suspension des poursuites et du paiement des dettes, voire d’une annulation complète si les circonstances le justifient. Il s’agit d’une étape cruciale quand on sait que 30% de l’ensemble des demandes de dossier se situent entre 7 000 € et 18 000 €.
Ainsi, en 2022, 38% des dossiers traités ont abouti à une restructuration complète de la dette. Pour rappel, depuis 2020, en plus de la procédure traditionnelle, les saisines à la Banque de France peuvent également se faire en ligne.
Des personnes sans revenu
Le groupe d’âge 25-64 ans, en particulier le groupe d’âge 35-54 ans, est le plus représenté. Les personnes seules – célibataires, veuves ou divorcées – sont « plus susceptibles » d’être confrontées à ce risque. Pour preuve : les familles monoparentales représentent 21 % des cas, soit plus du double de leur part dans la population.
L’un des principaux contributeurs au surendettement reste le manque de revenus. Quelque 61% des cas affichent un niveau de vie inférieur au seuil de pauvreté – actuellement fixé à 1.128 euros par mois – soit quatre fois leur part dans la population.
Le niveau de vie réel des ménages surendettés s’est également détérioré, progressant à un rythme inférieur au SMIC en 2021.
Pire : la moitié des ménages très endettés n’ont aucun revenu pour assurer le paiement de leurs dettes, et les rentrées d’argent – le revenu médian atteint à peine 1 084 euros – ne suffisent même pas à couvrir les besoins de base des ménages.
Si 24 % des débiteurs sont au chômage, mais même si elles ont un emploi les personnes surendettées ont tendance à être des employés ou des ouvriers à bas salaire.
Toutes les régions ne sont pas touchées par ce fléau avec la même intensité. les Hauts-de-France (Eure, Pas-de-Calais, Somme, Aisne), la Haute-Normandie (Eure, Seine-Maritime), le Centre (Creuse, Indre, Cher, Allier, Nièvre, Saône-et-Loire), certains départements du Grand Est et de Nouvelle Aquitaine sont les plus touchés.