Face aux critiques de plusieurs députés et à l’opposition, le gouvernement français a récemment adopté par 49.3 la première partie du projet de loi de finances pour 2024, concernant notamment les mesures relatives à la fiscalité des locations de courte durée telles qu’Airbnb.
Une réduction de l’abattement sur les revenus locatifs en zone tendue
Le recours mercredi dernier par la Première ministre, Elisabeth Borne, à l’article 49 alinéa 3 de la Constitution sur la partie recettes du projet de loi de finances pour l’an prochain a provoqué un mécontentement généralisé chez les députés d’oppositions. Cette stratégie a pourtant permis au gouvernement d’éviter d’âpres débats à l’Assemblée nationale sur les amendements retenus.
Afin de répondre rapidement à une situation tendue sur le marché du logement dans certaines zones, le gouvernement a retenu un dispositif réduisant l’abattement de 71 % à 50 % sur les revenus des meublés touristiques en zone tendue.
Cette mesure est plus clémente que celle initialement envisagée par le ministre du Logement, Patrice Vergriete, qui souhaitait aligner la fiscalité des meublés touristiques, des meublés traditionnels et des locations vides avec un même abattement de 40 %.
Des cadeaux fiscaux pour Airbnb ?
Plusieurs députés ont également accusé le gouvernement d’accorder des « cadeaux fiscaux » à Airbnb, notamment à travers une prolongation de l’exemption de TVA prévue dans un amendement au budget 2024. Des élus d’Outre-mer s’opposent quant à eux à cette mesure, craignant des répercussions économiques négatives sur leurs territoires.
L’amendement controversé : réduction de l’abattement et exemption de TVA
Cet amendement propose non seulement de réduire l’abattement sur les revenus locatifs de 71% à 50%, mais également de prolonger l’exemption de TVA pour Airbnb, comme il a été condamné jeudi dernier par certains politiciens. Les arguments en faveur et contre cet amendement sont nombreux :
- Les défenseurs du gouvernement estiment que cette mesure est nécessaire pour soutenir le secteur du tourisme et de l’hôtellerie, durement touché par la crise sanitaire et économique.
- Les opposants à cet amendement arguent que cela favorisera encore davantage les plateformes de location de courte durée au détriment du marché immobilier traditionnel et des résidents locaux, exacerbant ainsi la crise du logement dans certaines villes et régions françaises déjà tendues.
Quel impact pour le marché immobilier français ?
Les conséquences de ces décisions gouvernementales restent incertaines à court terme. Toutefois, il est indéniable qu’une réduction de la fiscalité sur les locations de courte durée pourrait encourager un nombre croissant de propriétaires à opter pour ce type de location plutôt que pour des locations longue durée classiques, accentuant ainsi la pression sur le marché locatif et contribuant potentiellement à la hausse des loyers dans certaines zones.
La Rochelle au cœur de la polémique
La ville de La Rochelle est particulièrement touchée par la crise du logement, en raison d’un nombre croissant de locations se transformant en meublés touristiques. La vice-maire de la ville, Marie Nédellec, a ainsi dénoncé le rejet par le gouvernement d’un amendement sur la fiscalité des locations de courte durée, ajoutant que le lobbying avait encore frappé.
Le « gouvernement Airbnb » fait débat en France autour de l’adoption controversée de mesures fiscales relatives aux locations de courte durée et leur impact éventuel sur la crise du logement qui touche plusieurs régions du pays. Les prochains mois seront déterminants pour observer si ces mesures auront un effet significatif sur le marché immobilier français et si elles parviendront à apaiser ou non les tensions.