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Startup, PME et ETI innovantes cotées : des entreprises en quête de financements adaptés

« La faible croissance de la productivité observée ces dernières années ne pourra être surmontée qu’au moyen d’un investissement soutenu ». Cette prévision publiée dans une note de la Banque de France, a valeur de mise en garde pour de nombreuses PME et ETI innovantes cotées. En effet, les besoins de financement de ces entreprises sont souvent en décalage avec l’offre des investisseurs traditionnels. D’où la nécessité de recourir à un éventail toujours plus large de solutions alternatives.

Banques traditionnelles : plus une option ?

« La banque traditionnelle ? Je n’y ai même pas pensé au moment de créer et de développer mon entreprise ». La réflexion d’Anthony Douchy révèle toutes les limites d’un financement classique, à commencer par l’emprunt bancaire, pour un nombre croissant d’entreprises françaises.

Des levées de fonds… privées !

Le patron de l’application Anto.info, première plateforme vocale participative d’échanges, pour rendre accessible à tous l’offre événementielle et touristique, a lancé sa startup avec une levée de fonds « Love Money ». Autrement dit : en demandant à ses proches de devenir les partenaires financiers du projet !

« C’est cette base qui m’a permis d’accéder à un prêt de la Bpi, puis de finaliser ma première véritable levée de fonds auprès de business angels, près d’un an après la création de la société ». Mais Anto.info avait alors déjà bien amorcé la commercialisation aux clients finaux et affirmé son identité (en obtenant notamment le prix de l’innovation touristique de l’année).

« Sur des jeunes entreprises tech comme la mienne, les banques ne suivent pas généralement, si ce n’est sur des prêts personnels en liquidité, ce qui m’était difficile, puisque j’avais investi tout mon capital dans l’aventure. Non, la banque n’est pas le partenaire adapté pour accompagner l’entrepreneur à ce stade ».

De la défiance envers le système bancaire

Cette défiance, d’ailleurs réciproque, entre le système bancaire traditionnel et ces entreprises à fort besoin de capitaux est tout aussi perceptible pour les sociétés cotées en bourse, souvent confrontées à des investisseurs privilégiant la rentabilité à court terme et à moindre risque, à contre-courant des réalités des PME et ETI innovantes.

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Un accès au financement beaucoup trop difficile par les voies traditionnelles

Les conditions d’accès au financement se font plus strictes, comme le note un spécialiste financier des marchés boursiers : « Les banques s’interrogent sur la poche d’exposition au risque qu’elles peuvent se permettre de conserver. Faute de visibilité sur la situation économique, le secteur est prudent ». Une prudence d’autant plus grande -et délétère- vis-à-vis des ETI cotées, qui souffrent d’un réel déficit de solutions à l’heure de trouver les moyens de financement nécessaire à leur développement, voire leur survie.

Intérêt croissant pour une finance dite « alternative »

Alexandre Borgoltz peut en témoigner comme patron de la société DBT, une entreprise familiale pionnière et leader sur le marché des solutions de charge pour véhicules électriques. Il y a quelques années, face à une très forte demande, l’entreprise cotée doit consentir de gros efforts d’investissement pour développer toute une nouvelle gamme de produits, internaliser des compétences, étoffer l’équipe commerciale et intégrer un bureau d’études. Elle entame ainsi une stratégie de « retournement » qui doit servir de levier à un long et solide développement.

Les banques face à leurs propres limites

Mais cette politique pèse logiquement sur les comptes. « Or, quand vous êtes une PME qui traverse trois ans « dans le rouge », il n’y a plus aucune banque pour vous soutenir et les investisseurs traditionnels disparaissent, même dans le cadre de ce basculement stratégique ».

Résultat : Alexandre Borgoltz se retrouve face à un mur à l’heure de lever de nouveaux capitaux, en 2020 : « Même les banques avec lesquelles nous avions des emprunts et qui risquaient donc de perdre leurs créances en cas de faillite nous tournaient le dos », déplore l’entrepreneur. Un exemple typique des limites de la finance classique, qui justifie en grande partie l’intérêt croissant pour une finance dite « alternative ».

Crowdlending et Crowdfunding comme solutions

Un terme qui désigne simplement d’autres voies pour permettre aux entreprises de trouver des solutions de financement, comme le « crowdlending » (prêt accordé à une entreprise par des particuliers, contre des intérêts versés dans le temps) pour un projet de développement défini. Le « real estate crowdfunding » s’intéresse de son côté au marché du financement immobilier, et plus spécifiquement aux promoteurs immobiliers qui ont du mal à se refinancer auprès des banques.

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Quand les fonds d’investissements entrent dans la danse

Et au-delà de ces besoins sectoriels, certains fonds d’investissement répondent plus largement aux besoins des entreprises cotées. Ces acteurs ont évolué au cours des dernières années pour élargir leurs services aux entreprises, et se positionner en véritables partenaires financiers dans une logique de développement.

En conservant toujours la notion historique d’accompagnement, à travers des solutions de financement par actions : OCA (Obligations Convertibles en Actions) ou OCABSA (OCA assorties de Bons de Souscription. Sans oublier l’option des equity lines, qui peuvent être adaptées dans certains cas.

Ces différentes solutions de financement alternatif ont notamment permis à Alexandre Borgoltz de sortir de l’ornière en signant un premier accord de financement de plus de 10 M€ avec ABO (Alpha Blue Ocean). Un accord conclu en quelques jours seulement qui a sauvé l’entreprise et l’a remise sur les rails à long terme.

Un partenaire financier avec une vision d’entrepreneur

Ce partenariat financier à long terme fait aussi la valeur ajoutée des family offices, comme l’indique Pierre Vannineuse, créateur et dirigeant d’ABO : « Nous investissons dans des entreprises plus que dans des chiffres, et en ce sens, nous avons véritablement une vision d’entrepreneur ». ABO a aussi conclu récemment un accord de financement à hauteur de 15 millions avec Europlasma, expert des solutions de dépollution, pionnier et unique référence de son secteur au niveau mondial dans le désamiantage.

Des solutions qui fonctionnent

Preuve que ce type de solution de financement alternatif a également un rôle à jouer dans le domaine de la transition écologique, où les entreprises peuvent aussi profiter du développement de la « finance durable » (comme en témoigne le succès des green bonds et des sustainability-linked bonds). Car, quel que soit le secteur, il est important de parvenir à « mixer » les solutions de financement. Le cas de Kalray est assez exemplaire en ce sens.

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Kalray : un exemple de réussite

Concepteur isérois de processeurs de calcul haute performance, Kalray a choisi de mener une levée de fonds sur deux axes : d’une part une augmentation de capital de 21,7 millions d’euros avec l’émission d’actions nouvelles auprès d’investisseurs qualifiés ; et par ailleurs une offre destinée aux particuliers via la plateforme PrimaryBird, qui a permis de collecter quelque 2,7 millions d’euros.

Un choix « hybride » qui a permis à l’entreprise d’aller bien au-delà des objectifs initiaux puisque, lors du lancement de ces deux opérations, Kalray annonçait un objectif de l’ordre de 10 millions d’euros. Cinq investisseurs s’étaient alors d’ores et déjà engagés, dans le cadre de cette opération, pour un montant total de 5,2 millions d’euros (Caleo Finance, Definvest, Sunny Asset management, Arbevel et un family office de la tech).

Les risques ne sont pas spéculation

Évidemment, le risque d’échec existe dans ces modes de financements alternatifs, mais on ne peut les réduire à des opérations purement spéculatives. L’intérêt de ce type de partenariat financier se mesure aussi en termes de capacité d’évolution industrielle et d’emploi, et pèse donc favorablement sur la balance commerciale comme sur les politiques de réindustrialisation.

Comme le confirme Eric Baissus, président du directoire de Kalray, après la réussite de sa levée de fonds : « Ce très large succès va nous permettre de continuer notre croissance pour devenir un leader mondial, en particulier en procédant à de nouveaux recrutements et en investissant sur notre prochaine génération de processeurs ». On ne saurait être davantage ancré dans l’économie réelle.

Après avoir suivi des études pour rejoindre le monde de la finance, j'ai finalement tout abandonné pour monter mon entreprise. J'ai vendu mon entreprise en 2016. Désormais je prends beaucoup de plaisir à accompagner les nouveaux entrants sur les marchés financiers tout en rédigeant quotidiennement sur surf-finance.com.

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