Microsoft ne veut pas manquer la prochaine révolution. Les éditeurs Windows devraient investir massivement dans OpenAI, permettant à l’entreprise de continuer à développer ChatGPT, Dall-E et d’autres IA.
La révolution en marche ?
Microsoft ouvre largement son portefeuille pour concurrencer Google. Après avoir annoncé l’intégration de ChatGPT dans son moteur de recherche Bing, l’entreprise espère aller plus loin en investissant 10 milliards de dollars dans OpenAI, la société à l’origine du célèbre chatbot.
En 2019, Microsoft a misé 1 milliard de dollars pour investir dans OpenAI, une startup alors méconnue mais prometteuse spécialisée dans l’intelligence artificielle.
Le géant du logiciel n’a pas accès au capital, mais propose des partenariats privilégiés avec la pépite potentiellement révolutionnaire grâce à sa technologie de traitement du langage naturel et ses chercheurs, les meilleurs dans leurs domaines.
OpenAI entraînerait non seulement ses modèles d’IA à forte intensité de calcul sur Azure, l’infrastructure de Microsoft, mais fournirait également un accès commercial privilégié à sa technologie.
Trois ans plus tard, OpenAI a lancé trois outils impressionnants en peu de temps qui ont dépassé toutes les attentes de Microsoft :
- Codex, une intelligence artificielle capable de traduire le langage naturel en code informatique ;
- DALL-E 2, une phrase donnée par les utilisateurs pour générer des images ;
- ChatGPT, un chatbot capable de répondre à une grande variété de questions, de suivre des instructions et même d’écrire des articles entiers.
Ces trois outils sont techniquement impressionnants et ont conquis le public en fin d’année dernière, ouvrant de nouvelles perspectives sur l’intelligence artificielle.
Microsoft investit des milliards dans l’IA
Selon les informations obtenues par le site Semafor, le géant du logiciel souhaite injecter une grosse somme d’argent dans les caisses d’OpenAI, et en échange, il récupérera 75% des bénéfices que l’entreprise génère jusqu’à ce qu’elle rembourse ce « prêt ».
Une fois ces 10 milliards récupérés, la société détiendra 49% d’OpenAI. Les termes de l’accord n’ont pas été divulgués, mais Microsoft et OpenAI espèrent conclure l’accord d’ici la fin de cette année.
OpenAI a d’importants besoins de liquidités. En décembre, le PDG de l’entreprise, Sam Altman, expliquait que chaque interaction avec ChatGPT occasionne un coût informatique de « quelques centimes » pour l’entreprise, mais à 1 million d’utilisateurs, la facture devient « exorbitante ».
Ainsi, en attendant de trouver des moyens de générer des revenus, OpenAI a besoin de mécènes capables d’investir massivement dans sa vision.
Une fin de règne pour Google ?
L’occasion est trop belle pour Microsoft. L’intégration de la technologie ChatGPT dans Bing pourrait faire du moteur de recherche un outil plus puissant et plus accessible que Google, qui répond encore souvent aux questions en fournissant une liste de liens vers des sites Web.
Le partenariat de Microsoft avec OpenAI n’a pas donné de résultats tangibles depuis près de trois ans, mais un an plus tard, en 2021, l’entreprise a lancé son premier produit appelé Copilot, qui est intégré dans l’interface de GitHub (une des filiales de Microsoft, acquise en 2018).
Cet assistant destiné aux développeurs informatiques suggère des lignes de code à partir de commandes en langage naturel.
Par exemple, si un utilisateur écrit « trouver une image et peindre les bordures en vert », Copilot suggérera du code pour exécuter cette commande, que l’utilisateur pourra immédiatement intégrer.
Mais ce n’est pas tout, l’entreprise pourrait également intégrer l’IA dans sa suite Office pour fournir un assistant d’écriture sous stéroïdes.
Selon The Information et The Wall Street Journal, Microsoft espère réitérer ce succès dans ses autres logiciels, en intégrant l’IA dans sa suite bureautique Microsoft 365 (Word, Powerpoint, Excel, Outlook, etc.).
Sur la messagerie Outlook, l’intégration des outils OpenAI permettra de retrouver plus facilement les emails lors des recherches, de fournir des modèles de réponse pour gagner du temps, et même de suggérer des phrases alternatives. Les possibilités sont nombreuses, et les professionnels utilisent déjà ChatGPT pour ces usages.
Des ajustements encore nécessaires
Actuellement, l’outil n’est pas disponible via API (c’est-à-dire qu’il n’y a pas encore de passerelle directe reliant ChatGPT à son logiciel), mais OpenAI envisage déjà sa monétisation dans l’espoir de dépasser son objectif de volume à court terme de 1 milliard de dollars.
Parallèlement, Microsoft envisage également d’intégrer un puissant chatbot dans son moteur de recherche Bing, qui peine à survivre face au géant Google (3% de part de marché contre 92,6%). ChatGPT fournira des réponses en haut de la recherche au lieu de quelques lignes de liens.
Mais cette intégration nécessite des ajustements : le modèle a été formé sur une base de données fixe – des milliards de lignes de texte extraites du Web entre 2020 et 2021 – et n’est donc pas mis à jour. Ce manque de dynamisme fait qu’il donne parfois des réponses erronées ou dépassées.
Dépassé par Google dans son virage vers le web, Microsoft veut tout mettre en œuvre pour se positionner comme le héros de la prochaine révolution informatique.