Jeffrey Epstein, un financier américain accusé d’avoir exploité et abusé sexuellement de mineurs, a toujours entretenu un certain mystère autour de sa richesse. À travers cet article, nous allons tenter de comprendre comment il a bâti sa fortune en examinant ses différents investissements et connexions professionnelles.
Les débuts de sa carrière dans l’enseignement et la finance
Epstein est né en 1953 à Brooklyn, New York, d’une famille modeste. Après avoir étudié à la prestigieuse Cooper Union et à l’université de New York sans obtenir de diplôme, il décroche un poste d’enseignant de mathématiques et de physique au Dalton School, une école privée huppée de Manhattan. Il y reste deux ans avant de se lancer dans la finance.
En 1976, Epstein rejoint la banque d’investissement Bear Stearns où il gravit rapidement les échelons pour finalement diriger le département des produits dérivés. En 1980, il quitte la société pour créer sa propre entreprise J. Epstein & Co., aujourd’hui rebaptisée Financial Trust Company.
L’établissement de J. Epstein & Co et la gestion de fortunes
Avec sa nouvelle société, Epstein choisit de se concentrer sur la gestion de fortune pour une clientèle très sélective. La politique de la firme stipulait qu’elle ne s’occupait que des clients ayant un minimum d’un milliard de dollars à investir.
L’une des relations professionnelles les plus célèbres et controversées d’Epstein est celle avec Leslie Wexner, fondateur de L Brands, la société mère de Victoria’s Secret et Bath & Body Works.
Epstein devient le gestionnaire financier exclusif de Wexner au milieu des années 1980. Les deux hommes développent une relation très étroite et, en 1991, Epstein obtient un pouvoir illimité sur les finances de Wexner :
Ce lien privilégié contribue largement à la fortune d’Epstein qui, selon certaines estimations, atteint alors plusieurs centaines de millions de dollars.
En parallèle, il étend son réseau et travaille notamment avec le milliardaire britannique Joe Lewis, le propriétaire du New York Daily News Mortimer Zuckerman ou encore l’homme d’affaires américain Leon Black, fondateur du groupe d’investissement Apollo Global Management.
Des placements financiers judicieux
En tant que gestionnaire de fortune, Epstein réalise plusieurs placements qui s’avèrent fructueux :
- Il investit dans des hedge funds, notamment celui de Steven A. Cohen (SAC Capital Advisors) et celui de Glenn Dubin (Highbridge Capital Management)
- Il place de l’argent dans des fonds d’investissement privés comme Apollo Global Management, Carlyle Group et KKR & Co.
- Il se lance également dans l’immobilier, avec des propriétés luxueuses à Manhattan, Palm Beach, Saint Thomas (îles Vierges américaines) et Paris
Des investissements controversés : la fraude fiscale et le détournement de fonds
Cependant, derrière ces réussites financières, il y a aussi des pratiques douteuses voire illégales qui alimentent sa fortune.
Fraude fiscale aux îles Vierges américaines
Jeffrey Epstein est régulièrement accusé d’avoir utilisé son entreprise Financial Trust Company, basée aux îles Vierges américaines, pour échapper à l’impôt et dissimuler une partie de ses actifs.
Cette juridiction offre un taux d’imposition très faible ainsi qu’une grande discrétion quant aux bénéficiaires économiques des sociétés.
Détournement de fonds lors de la liquidation de Tower Financial Corporation
Dans les années 1990, Epstein s’associe à Stephen Hoffenberg et prend part au scandale financier lié à la chute de Tower Financial Corporation, une société de services financiers fondée par Hoffenberg. Ce dernier est reconnu coupable de fraude et condamné à 20 ans de prison, tandis qu’Epstein parvient à échapper aux accusations. Selon Hoffenberg, Epstein aurait dissimulé des millions de dollars lors de ce scandale.
La discrétion autour de sa fortune
En dépit de ces informations sur les sources de la richesse d’Epstein, il reste difficile d’évaluer avec précision l’étendue de sa fortune.
Le sulfureux financier a toujours entretenu un certain mystère et une discrétion sur ses avoirs et son patrimoine. Les diverses accusations portées contre lui ainsi que ses agissements illégaux ont sans doute renforcé cette opacité volontaire.
Cependant, une chose est sûre : l’héritage financier laissé par Jeffrey Epstein demeure marqué par le secret, la controverse et l’illégalité.