La commission des sanctions de l’AMF a infligé à H2O AM une amende de 75 millions d’euros. Ses dirigeants, Bruno Crastes et Vincent Chailley, ont écopé respectivement d’une amende de 15 millions d’euros et de 3 millions d’euros, et ont chacun reçu une sanction disciplinaire. Ils ont été mis en cause pour plusieurs irrégularités dans la gestion des fonds français.
La sanction maximale
La commission des sanctions de l’Autorité des marchés financiers (AMF) vient de se prononcer dans l’affaire H2O AM. Le gestionnaire d’actifs est mis en cause depuis deux ans après avoir dû geler sept de ses fonds, avec des milliers de déposants français toujours piégés.
La sanction est lourde pour la star déchue de la gestion londonienne, qui est toujours détenue en partie par Natixis IM et ses dirigeants.
La commission a souligné « les pertes subies par les investisseurs, notamment du fait du gel de leur épargne » et « la gravité du manquement ». Elle a retenu toutes les charges contre H2O dans le cadre de ses investissements dans des titres financiers du groupe Tennor liés à l’homme d’affaires allemand Lars Windhorst.
En attribuant la sanction requise il y a quelques mois, le juge de l’AMF vient de sanctionner la société d’une amende record de 75 millions d’euros. Pour le directeur général de H2O AM, Bruno Crastes, il a infligé l’amende maximale prévue par la loi à une personne physique, soit 15 millions d’euros.
Quant au gestionnaire d’investissement Vincent Chailley, il devra verser 3 millions d’euros au trésor public.
M. Crastes, qui était directeur général au moment des faits, s’est également vu interdire d’agir en tant que gérant pendant cinq ans, tandis que H2O et M. Chailley, qui était directeur des investissements à l’époque, ont reçu un blâme.
70 millions d’euros appartenant à des français encore gelés
Pendant plus de trois ans, jusqu’à la suspension des fonds liés à H2O en août 2020, la société a acquis des titres correspondant à la dette privée de Tennor pour 2,25 milliards d’euros.
L’AMF a notamment relevé que les véhicules étaient « illiquides », qu’ils n’entraient « pas dans le cadre de la politique d’investissement définie dans le prospectus du fonds », et que H2O ne disposait pas d’informations suffisantes pour investir « de manière fiable ».
Au total, 1,6 milliard d’euros ont été gelés sur plus de deux ans, selon Gérard Maurin, président de l’association Collectif Porteurs H2O, dont les 2.300 adhérents disposent d’un total de 70 millions d’euros encore actuellement gelé.
« H2O nous a menti en déclarant que les actifs Tennor ne représentaient que 2 % des portefeuilles, alors que finalement leur part est montée à 35 % sur certains fonds », accuse ce professionnel de la finance.
L’association des opérateurs H2O a fait savoir qu’elle entendait assigner la société financière en justice début 2023, « soit devant le tribunal de commerce, soit devant le tribunal de grande instance », a précisé Gérard Maurin.
« Pour l’instant, on a saisi le tribunal de commerce pour mieux comprendre le préjudice et une expertise nous a été accordée », a-t-il poursuivi.
Il veut demander réparation pour le gel de plus de 70 millions d’euros en raison du « manque à gagner au fil des ans : le marché s’est redressé après le Covid, l’inflation a fait commencé à faire des dégâts, et les fonds ont été gelés pendant deux ans, ce qui est dommageable ».
H2O a annoncé mardi qu’elle rembourserait la première tranche des fonds gelés « au cours des prochains jours » avant l’annonce des sanctions. Ces fonds ont été souscrits par des milliers d’épargnants, majoritairement français.