Airbus a jeté l’éponge. L’avionneur vient de dire qu’il ne poursuivrait pas les discussions entamées avec Atos concernant un investissement dans Evidian. Le titre d’Atos chute dangereusement.
Une alliance pour la cybersécurité et le cloud
Le débat chez Airbus est brûlant. Le groupe a tenu hier une réunion du conseil d’administration consacrée aux discussions avec Atos. L’alliance entre les deux groupes est menacée.
Depuis un mois, les deux groupes envisagent de fusionner les activités de cybersécurité et de cloud. L’objectif d’Atos est qu’Airbus rachète 29,9% du capital d’Evidian, la branche d’Atos qui sera créée cet été et qui abritera ces futurs emplois dans les services informatiques.
Mais la direction Airbus a sérieusement remis en cause l’opération, selon plusieurs sources proches. « Les gens s’intéressent vraiment à la cybersécurité, mais les conditions Atos d’Evidian nous posent problème », conclut l’un d’eux.
Des conditions qui posent problème
Le « speed dating » (six semaines de due diligence) qu’Atos a imposé à Airbus a été trop court pour connaître les moindres détails d’Evidian. Cela crée des problèmes pour la direction d’Airbus, qui crée ensuite des problèmes pour le conseil d’administration.
« Dans le temps imparti et sur la base des données qui ont été fournies par Atos d’une société en phase de séparation (Evidian, ndlr), Airbus n’a pas été capable d’arriver à la conclusion qu’il était dans son intérêt de réaliser cette opération ».
Des zones d’ombre n’ont pas été écartées
Autrement dit, Airbus n’a pas assez de temps, ni toutes les informations, pour poursuivre son aventure avec Evidian. L’avionneur n’arrivait pas à se convaincre qu’Evidian, qui avait des zones d’ombre, avait effectivement atteint ses objectifs.
Fin des discussions
En conséquence, Airbus a confirmé dans un communiqué publié mercredi qu' »il ne poursuivra pas les discussions entamées en février 2023 concernant l’éventuelle acquisition d’une participation minoritaire de 29,9% dans Evidian ».
Le titre Atos chute en bourse
Le titre Atos a alors perdu plus de 16% en bourse dès lors qu’Airbus a déclaré qu’il ne poursuivrait pas les discussions entamées en février dernier pour une participation minoritaire de 29,9% dans sa future branche d’activités numériques et de cybersécurité.
Airbus a ensuite estimé qu’Evidian ne valait pas les 4 milliards d’euros réclamés par Atos, compte tenu de la sous-performance du groupe depuis trois ans. Dans ce contexte, Airbus n’est pas prêt à débourser 1,2 milliard d’euros pour racheter sa participation de 29,9% dans Evidian. Un prix cher payé alors que l’avionneur ne sera pas en conditions de contrôler la future division cybersécurité d’Atos.
Atos ne lâche pas l’affaire
Atos avoir pris acte de la décision d’Airbus. Cependant, la société de services numériques a confirmé qu’elle explorait d’autres options avec Airbus, en vue de « s’engager dans un partenariat stratégique et technologique à long terme entre Airbus et Atos, qui a le potentiel de créer une valeur significative pour les deux entreprises à l’avenir ».
Un coup de poker de la part d’Airbus ?
Sous la pression de l’actionnaire TCI, Airbus va-t-il se retirer des négociations ou pousser Atos à revoir les termes ?
« Le périmètre d’Evidian est trop large alors que notre intérêt pour la cybersécurité est partagée par tous les dirigeants d’Airbus », assure un proche du directeur général Guillaume Faury.
Atos ne bougera pas
Mais Atos n’a pas l’intention de revoir ses plans. « Le cadre des négociations est clair, tranche un proche du groupe. Evidian a été construit pour pérenniser les activités d’Atos, on ne va pas commencer à les démanteler ».
Thalès peut-il en profiter ?
L’abandon des pourparlers par Airbus est un coup dur pour Atos. Le groupe va se retrouver face à face avec son rival Thales, qui depuis deux ans rêve de racheter uniquement sa cellule de cybersécurité.
Cette situation pourrait inciter les actionnaires d’Atos à exiger la dissolution du groupe de services informatiques.
« Si Airbus abandonne les négociations avec Atos, il faudra rouvrir les négociations avec d’autres acteurs et peut-être envisager un autre domaine », explique Cyril Charlot, fondateur du fonds Sycomore, actionnaire du groupe.
La pression est désormais sur Atos.