Le groupe français a manifesté son intérêt pour le rachat de la banque ABN Amro, contrôlée par le gouvernement néerlandais depuis la crise financière, selon Bloomberg. Vendredi, le cours d’ABN Amro à la Bourse d’Amsterdam a immédiatement augmenté de près de 17 %. Mais une telle démarche n’est pas forcément en ligne avec la stratégie de BNP Paribas.
Hausse du titre d’ABN Amro et de la BNP Paribas
La principale banque française BNP Paribas serait intéressée par ABN Amro, l’une des trois plus grandes banques néerlandaises, dans laquelle l’État néerlandais détient une participation de 56 %.
L’agence de presse financière Bloomberg, citant des sources anonymes, a déclaré que la première banque française avait récemment pris contact avec le gouvernement néerlandais, mais que ce dernier n’envisageait pas sérieusement sa proposition.
ABN AMRO est contrôlée par le gouvernement néerlandais depuis qu’elle a été renflouée pendant la crise financière.
L’information a fait réagir les marchés vendredi, ce qui a été repris par le titre d’ABN Amro. La hausse des actions de la banque néerlandaise étaient de 18,4 % en intrajournalier, ce qui a entraîné une brève suspension à la Bourse d’Amsterdam. Il était encore en hausse de 10,18% vers 15h15, alors qu’à Paris, BNP Paribas progressait de 1,24% dans le même temps.
Mais selon Reuters, le gouvernement néerlandais ne donnera pas suite dans un proche avenir. Selon l’agence de presse, BNP Paribas ne serait pas impliqué dans le processus d’acquisition de son rival néerlandais, une démarche qui ne serait pas conforme à sa stratégie.
Le ministère néerlandais des Finances a déclaré dans un communiqué de presse qu’il avait demandé conseil à NLFI, l’agence qui détient la participation du gouvernement, concernant la “vente d’autres titres ABN Amro”, mais n’a pas commenté les informations divulguées par Bloomberg.
«Racheter ABN Amro serait logique pour BNP Paribas, avance Jérôme Legras, responsable de la recherche chez Axiom AI. La banque est solide et la hausse des taux va lui permettre d’améliorer sa rentabilité. Surtout, elle permettrait à BNP Paribas de s’étendre au Benelux.» Mais une telle opération ne serait «pas conforme à la stratégie du groupe bancaire, qui s’est fixé pour objectif de ne pas réaliser de grosses acquisitions», note un proche de la banque.
Un scénario encore peu probable actuellement
A première vue, le scénario d’une fusion de BNP Paribas et ABN Amro semble séduisant : la première banque de la zone euro vend son réseau de détail aux Etats-Unis (Bank of the West) pour plus de 16 milliards de dollars.
En tant que tel, BNP Paribas a une capacité suffisante pour s’offrir un ABN avec une capitalisation boursière d’un peu plus de 10 milliards d’euros. Ainsi, les établissements français compléteront leur dispositif européen en contrôlant les banques de détail implantées dans un pays riche et stable.
Mais – au risque de décevoir les investisseurs d’ABN Amro – l’argument inverse est également très fort, car une telle prise de contrôle ne serait pas conforme à la stratégie du groupe français.
Récemment, BNP Paribas s’est peu intéressé à la croissance externe dans la banque de détail. L’acquisition de Belgian Post Bank (bpost) fin 2020 a été une exception, mais a encore renforcé le poids de BNP Paribas sur le principal marché dominant de la Belgique.
De plus, le groupe a montré ces dernières années qu’il préférait s’engager sur des modèles encore mal maîtrisés (Floa, le spécialiste des paiements fractionnés), ou compléter des plateformes industrielles déjà en place, notamment dans le secteur d’investissement (prime brokerage, etc…). “Actuellement, l’acquisition d’ABN Amro ne fait pas partie de sa stratégie”, a déclaré une source.
Si la stratégie du groupe, dirigé par Jean-Laurent Bonnafé, ne prévoit pas une telle démarche, le groupe a tout de même su faire preuve d’opportunisme par le passé, notamment avec les acquisitions de Fortis en Belgique et au Luxembourg.