Les marchés européens ont chuté vendredi après que les États-Unis ont annoncé que l’inflation était beaucoup plus élevée que prévu. A Paris, le CAC 40 a clôturé en baisse de 2,69%, tandis que Wall Street a chuté de 2,4% à 3,5%. Les investisseurs craignent que la Réserve fédérale n’accélère le rythme des hausses de taux, risquant de ralentir la croissance économique.
“Trop d’argent facile pour trop peu de biens”
Le sentiment était déjà négatif sur les marchés européens ce vendredi, un jour après l’annonce de la BCE et les pertes notables de Wall Street. Mais les données sur l’inflation aux États-Unis pour mai, qui sont bien plus élevées que prévu, ont sans aucun doute encore aggravé le sentiment du marché. L’inflation pour le mois de mai a été de 8,6 % (sur une base annuelle), la hausse de prix la plus importante depuis décembre 1981. L’indice a augmenté de 1 % en avril, comparativement à 0,3 % en avril.
A Paris, le CAC 40 a chuté immédiatement après l’annonce, clôturant en baisse de 2,69% à 6 187 points. De son côté, le DAX de Francfort a clôturé en baisse de 3% et l’Euro Stoxx 50 a clôturé à -3,4%. Wall Street a également enregistré des pertes, la plus forte baisse en trois semaines. Le Dow Jones a chuté de 2,35 %, tandis que le S&P 500 a clôturé en baisse de 2,75 % en Europe. Les valeurs technologiques ont été les plus durement touchées, le Nasdaq Composite en baisse de 3,48 %.
Ces chiffres confirment l’échec de la Réserve fédérale, présidée par Jerome Powell : la banque centrale américaine, grâce à des années de politique monétaire accommodante, a ramené l’inflation que nous pensions avoir disparue. Une hausse générale des prix a aggravé les difficultés du président Joe Biden à cinq mois des élections de mi-mandat. La confiance des consommateurs, telle que mesurée par l’Université du Michigan, est passée de 58,1 % à 50,2 % en juin : un chiffre jamais atteint, y compris pendant la crise financière de 2008. Cela se reflète dans le prix du gallon d’essence, qui est désormais proche de 5 $ (1,25 € le litre).
L’invasion russe de l’Ukraine a exacerbé les pressions préexistantes sur les matières premières et l’énergie. Les mesures de confinement de la Chine dues à la pandémie de Covid-19 ont perturbé les chaînes de valeur, mais l’inflation touche à présent tous les secteurs de l’économie, alimentée par des politiques budgétaires et monétaires ultra-accommodantes pendant la crise sanitaire. “Opinion impopulaire : ce n’est pas Poutine qui cause l’inflation, c’est trop d’argent facile pour acheter trop peu de biens”, a conclu le financier Michael Gayed sur Twitter.
Le politique de relance difficile à mettre en place pour Biden
Selon le BLS (Bureau of Statistics and Labor), cette hausse des prix touche tous les produits. En conséquence, l’inflation sous-jacente (hors alimentation et énergie) a augmenté de 6% sur un an (0,6% sur un mois) en mai. Les prix alimentaires ont augmenté de 10,1 % en un an (1,2 % en un mois), tandis que les prix de l’énergie ont augmenté de 34,6 % en un an (3,9 % en un mois).
Il faut contenir l’inflation et refroidir l’économie, tout en évitant de briser son élan et de la faire basculer dans la récession. En fait, l’une des raisons de la hausse des prix est la tension sur le marché du travail américain, où la main-d’œuvre est rare et nous assistons à une forte croissance des salaires.
Les employeurs ont ajouté 390 000 emplois le mois dernier et le taux de chômage a oscillé près d’un creux d’un demi-siècle. Car, malgré la création de plus de 6,5 millions d’emplois au cours d’une année, les États-Unis emploient un pourcentage plus faible de la population totale qu’avant la pandémie. Pour l’administration Joe Biden, ces pressions inflationnistes réduisent la possibilité d’exercer une politique de relance comme prévu.
Cette inflation ronge les salaires réels des Américains, qui baissent de 0,5 point de pourcentage en un mois et de 3 % en un an. Il y a un côté plus satisfaisant à cette nouvelle négative : les États-Unis ne sont pas pris dans une spirale inflationniste des salaires malgré la chute du taux de chômage à des niveaux historiquement bas.